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Mondiaux d’athlé : les dix choses à retenir

Usain Bolt a encore réussi le triplé aux Mondiaux

Usain Bolt a encore réussi le triplé aux Mondiaux - AFP

Le nouveau triplé de Bolt, le coup de tonnerre Schippers, le doublé de Farah, le record du monde signé Eaton, l’exploit inimaginable de Merritt, la force collective du Kenya, la déception pour Lavillenie… Les Mondiaux de Pékin ont donné lieu à de nombreux moments inoubliables. RMC Sport en a sélectionné dix.

La « Foudre » frappe toujours trois fois

Il s’était caché presque toute la saison, gêné par les articulations de son corps. Face à lui se dressait le nouvel ogre prêt à le croquer, Justin Gatlin, meilleur performeur mondial de l’année sur 100 et 200. Mais à la fin, c’est Usain Bolt qui gagne. Encore et toujours. Un 9’’79 pour remettre les points sur les i sur la ligne droite. Un 19’’55 pour taper du poing sur la table sur le demi-tour de piste. Un dernier relais US désastreux pour lui permettre un nouveau triplé sur 4x100. Comme aux JO 2008 et 2012, comme aux Mondiaux 2009 et 2013, Bolt se pare trois fois d’or. Le Jamaïcain reste le patron incontesté du sprint. Désormais seul athlète le plus titré de l’histoire des Mondiaux (11), il façonne un peu plus sa légende.

200 m : Schippers s’invite en mauvaise compagnie

Epoque moderne oblige, les sportifs vivent sous l’ombre de la suspicion permanente. A chaque exploit ses illusions ironiques. A chaque performance incroyable ses polémiques. Dafne Schippers en est l’ultime exemple en date. Venue des épreuves combinées et descendue sur 200 mètres, la championne d’Europe a agrandi son palmarès d’un titre mondial en triomphant en finale des Jamaïcaines Elaine Thompson et Veronica Campbelle-Brown. Le chrono ? Un coup de tonnerre. 21’’63, nouveau record des Mondiaux. Seules deux athlètes avaient fait mieux : Florence Gryffith-Joyner et Marion Jones. Triste compagnie. Qui oblige forcément à s’interroger. Ou à se dire que Schippers est peut-être bien la légitime recordwoman du monde de la spécialité.

Quand Taylor s’approche du « Goéland »

Il y a des moments où l’athlétisme parvient à suspendre le temps. Quelques secondes pour la légende. Sixième essai du concours du triple saut à Pékin. En tête devant son rival Pedro Pichardo depuis son bond à 17,68 mètres lors de sa quatrième tentative, Christian Taylor veut enfoncer le clou avant le dernier saut du Cubain. Dans un instant de grâce, il s’envole, rebondit deux fois et retombe à… 18,21 mètres. Deuxième meilleure performance de tous les temps. Personne n’avait bondi si loin depuis les 18,29 m du record du monde du « Goéland » Jonathan Edwards en 1995.

400 m haies : le Kenya change de dimension

Il est le symbole de la transformation d’un pays. De la révolution kenyane. Habituelle nation phare des épreuves de fond, le pays africain agrandit de plus en plus son cercle d’influence sur l’athlétisme. La preuve avec le 400 mètres haies masculin et la médaille d’or de Nicholas Bett, auteur de la meilleure performance de l’année en finale en 47’’79. Conséquence de l’élargissement du champ des possibles kenyan ? Le pays termine en tête du classement des médailles avec 16 breloques dont 7 en or. Le tout en pleine polémique médiatique autour d’un dopage généralisé dans le pays.

Merritt : la médaille sur les haies avant le vrai obstacle

En France, on a beaucoup parlé de notre trio de finalistes Martinot-Lagarde - Bascou - Darien. Mais la belle histoire du 110 mètres haies s’appelle Aries Merritt. Médaillé de bronze en 13’’04, le champion olympique et recordman du monde a réussi un exploit au-delà de l’imaginable. Car ce mardi, aux Etats-Unis, l’Américain va subir une… transplantation de rein ! Alors que ses deux reins fonctionnent à moins de 20% depuis plusieurs mois, l’obligeant à modifier son régime de façon radicale, celui qui connaît des problèmes de santé depuis 2013 a su se sublimer pour battre son record de la saison au meilleur moment. En finale mondiale. Du bronze qui vaut de l’or. Reste désormais à savoir s’il pourra revenir à son meilleur niveau après son opération.

Perche : Lavillenie n’y arrive pas

2009. 2011. 2013. Et maintenant 2015. Pour la quatrième fois de suite, Renaud Lavillenie a laissé échapper un titre mondial en plein air qui lui tendait les bras. Champion olympique, recordman du monde et quintuple vainqueur de la Diamond League, le Français était une nouvelle fois le grand favori des pronostics. Mais la perche est une discipline soumise à trop de paramètres, indécise comme aucune autre. Trois échecs à 5,90 et Renaud déchantait. Troisième médaille de bronze planétaire. Rendez-vous en 2016 pour la revanche. Et en 2017 pour, on l’espère, combler enfin le seul manque de son immense palmarès.

Décathlon : c’est Ashton « Superman » Eaton !

Il avait terminé sa première journée par un 400 mètres en… 45’’00. Un chrono jamais réalisé par un décathlonien et qui lui aurait offert une place de demi-finaliste de la spécialité. Et il n’a pas ralenti le lendemain. Plus vite, plus haut, plus fort que ses concurrents, Ashton Eaton a poussé sa domination du décathlon des Mondiaux jusqu’à battre son propre record du monde avec un total de 9045 points. Champion olympique, double champion du monde en plein air (et deux fois sacré en indoor sur l’heptathlon), détenteur de la meilleure marque planétaire, l’Américain est bien le boss des épreuves combinées. Le « Superman » des stades.

Tavernier : un bronze plein de promesses

Alexandra Tavernier représente une nouvelle génération tricolore sans complexe et qui a pris rendez-vous pour l’avenir. A 21 ans, la championne du monde juniors 2012 et championne d’Europe espoirs 2015 a su saisir sa chance pour accrocher une médaille de bronze au marteau avec un jet à 74,02 mètres en final après avoir battu son record personnel avec 74,39 m en qualification. Les deux concurrentes qui l’ont devancée, l’intouchable Polonaise Anita Wlodarczyk et la Chinoise Wenxia Zhang, ont respectivement 30 et 29 ans. L’avenir lui appartient. Prochaine étape ? Le record de France d’une certaine Manuela Montebrun (74,66 m).

Fond : Farah reste intouchable

JO de Londres en 2012. Mondiaux de Moscou en 2013 et de Pékin en 2015. « Europe » de Zurich en 2014 et de Barcelone en 2010. Chaque fois, le même scénario sur les épreuves de fond. Mo Farah en or et les autres derrière. Auteur d’un nouveau doublé 5000m-10 000m à Pékin, le Britannique reste le roi des longues distances malgré une année chahutée par les soupçons de dopage autour de son coach Alberto Salazar. Le sprint a Usain Bolt. Le fond, Mo Farah. Les rois de la planète athlétisme restent bien installés sur leurs trônes.

Dibaba rate le doublé 1500-5000

On aurait pu conclure sur Shelly-Ann Fraser-Pryce, Bolt au féminin, double championne olympique et désormais triple championne du monde (après 2009 et 2013) sur 100 mètres. On aurait pu évoquer quelques concours de folie et à suspense, comme le javelot ou la longueur féminins. On aurait pu citer la reine Allyson Felix, titrée sur 400 mètres, quatrième discipline dans laquelle elle a obtenu une médaille d’or mondiale. Mais comment ne pas évoquer le coup de tonnerre du dernier jour ? Depuis son record du monde du 1500 mètres en juillet à Monaco, où elle avait battu une marque datant de 1993 et appartenant à la sulfureuse Chinoise Qu Yunxia, Genzebe Dibaba se présentait en grande favorite pour un doublé 1500-5000 à Pékin. Si le premier pari de l’Ethiopienne a été réussi, le second a échoué avec un triomphe de sa compatriote Almaz Ayana au terme d’une course magnifique. Partie à 7-8 tours de la fin, Ayana a creusé l’écart mètre après mètre pour se bérasser d’une Dibaba incapable de répliquer. Elle devra même se contenter du bronze.

Alexandre Herbinet