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Mondiaux d’athlétisme: Jimmy Vicaut, grand absent de l'équipe de France à Budapest

La Fédération Française d’Athlétisme a dévoilé vendredi une liste de 72 athlètes pour les championnats du monde de Budapest à partir du 19 août. Un contingent important, beaucoup plus qu’à Eugene en 2022 mais amputé d’un membre emblématique : Jimmy Vicaut. Le sprinter, ex-recordman d’Europe du 100m, n’est pas sélectionné sur la ligne droite. Il ne l’est pas non plus en relais, dans lequel il faisait figure de cadre.

Après Pascal Martinot-Lagarde, c’est une autre icône de l’athlétisme tricolore qui doit laisser sa place aux championnats du monde de Budapest. Si PML a cédé face à la fougue des jeunes (Zhoya, Belocian et Kwaou-Mathey l’ont devancé lors des championnats de France), Jimmy Vicaut laisse le sprint tricolore orphelin. "Je ne prends pas de plaisir en ce moment. J’allais sur la piste pour faire le job et dans ces conditions, les performances n’arrivent pas. Je préfère couper maintenant, ça me fait grave chier, mais je préfère rater Budapest que Paris 2024" admet Vicaut. Avec un meilleur chrono en 10’’06 lors du meeting de Charléty début juin, la saison démarrait bien mais après un changement de coach et un déménagement de l’Italie vers Paris fin 2022, sans compter les problèmes d’accès à l’INSEP, "la tête et les jambes sont fatigués."

"Il vaut mieux que je parte en vacances"

Si Jimmy Vicaut ne dira jamais qu’il regrette son départ aux Etats-Unis dans le groupe de Rana Raider, puis en Italie avec le coach Marco Airale, le Francilien s’est posé beaucoup de questions loin du pays. La période COVID et l’éloignement familial ont pesé dans la tête du sprinter et aujourd’hui il doit respirer. "Depuis Charléty, les sensations ne sont pas bonnes, j’ai beaucoup de pépins physiques. Il vaut mieux que je parte en vacances."

A la FFA, on était au courant depuis quelques temps du petit coup de blues de Vicaut. Romain Barras, directeur de la haute-performance, l’a compris : "Il a fini éreinté, surtout mentalement et j’ai le même discours pour Jimmy que pour un Quentin Bigot (lanceur de marteau blessé au dos début 2022) : dans une année pré-olympique, on prend zéro risque. Je compte sur lui pour la qualification du relais aux Jeux olympiques."

La FFA compte sur Vicaut pour le relais 4x100m des JO 2024

Le dernier relayeur du 4x100m vice-champion d’Europe à Munich 2022 est le pilier du collectif depuis plusieurs années. Romain Barras le sait et veut protéger Jimmy Vicaut en vue des Jeux olympiques de Paris. "Le relais de Budapest n’est pas qualificatif pour les JO, mais ce seront les Mondiaux de relais aux Bahamas de mai prochain. Là nous aurons besoin de Jimmy." L’athlète de 31 ans va respirer un grand coup, essayer de tourner la page de plusieurs saisons difficiles. "Avoir l’esprit revanchard, ça ne marche pas. Je vais reprendre début septembre normalement, et entre deux je ne sais pas encore si je regarderais les Mondiaux de Budapest, mais je pense. Quand même oui…"

Si Vicaut est devant sa télé, il verra le retour de Mouhamadou Fall. Le champion de France du 100m (10’’14) fait son come-back en équipe nationale. Relaxé par la commission des sanctions de l’Agence Française de Lutte contre le Dopage il y a peu (malgré un appel de l’AFLD), Fall était privé des Bleus depuis Eugene en juillet dernier. Et même s’il n’est pas retenu en individuel sur 100m, il pourrait être rattrapé par le col selon Romain Barras. "Il est en dehors du top 30 au ranking mais il est très proche et avec la mise à jour de la road (comme le classement ATP en tennis), il pourrait y avoir un complément de sélection. Aujourd’hui, Doum’s (surnom de Fall) est présumé innocent. Il ne faut pas être plus royaliste que le roi et on ne va pas l’écarter indéfiniment." A la FFA, on insiste sur le fait que le relais n’est pas qualificatif pour les Jeux. En cas de sanction contre Fall en appel, l’équipe de France ne serait pas pénalisée pour les JO de Paris.

Budapest mieux que Eugene ?

Au-delà du sprint et de la page qui se tourne (momentanément) pour de glorieux anciens comme PML ou Vicaut, les Bleus auront plutôt fière allure en Hongrie. Romain Barras se satisfait des progrès réalisés depuis un an. "Nos critères pour Budapest sont un peu plus light que pour Eugene en 2022, on nous l’avait assez reproché (sourire). Mais même en reprenant nos critères de sélection de l’année passée, on serait parti cette fois avec 13 athlètes de plus qu’aux Etats-Unis. Ça prouve la meilleure santé de l’athlétisme français." Avec Kevin Mayer comme plus grande chance de médaille au décathlon (il est double champion du monde) mais aussi les hurdlers Zhoya, Belocian, Kwaou-Mathey et Samba-Mayela, Wilfried Happio sur 400m haies, Rénelle Lamote et Benjamin Robert sur 800m, voire des surprises comme Jimmy Gressier sur 5000m ou Hilary Kpatcha à la longueur, la France pourrait démarrer réellement son ascension vers Paris 2024, et espérer mieux qu’une seule médaille comme horizon.

Aurélien Tiercin