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"ASVEL, la série": Pourquoi ouvrir les portes de son club ressemble tant à Tony Parker

Événement sur RMC Sport! Pour la première fois en France, un club de Jeep Elite, le LDLC ASVEL, va être suivi dans son intimité durant toute une saison. Une immersion exclusive dans les coulisses de l'exercice 2019-2020 en forme de feuilleton mensuel qui débute ce mardi avec l’épisode 1 (21h sur RMC Sport 1). Et ce n’est pas un hasard si c’est le club dirigé par Tony Parker qui se retrouve au cœur de cette première historique. La suite logique d’un parcours où le quadruple champion NBA a toujours montré son envie de développer le basket français et son attachement à son pays.

Il aurait pu ne pas s’en soucier. Profiter du soleil texan, découvert à 19 ans, pour mener une vie pépère outre-Atlantique sans se soucier de ce qui se passe de l’autre côté de l’océan. Mais le garçon n’est pas fait de ce bois-là. Tony Parker aime rendre à ceux qui lui ont apporté. La France, il l’a toujours gardée au cœur. Et il a toujours su le montrer. Ce n’est ainsi pas un hasard si l’actionnaire majoritaire et président du LDCL ASVEL a décidé d’ouvrir les portes de son club aux caméras de RMC Sport pour une première historique: ASVEL, la série, le feuilleton mensuel en immersion exclusive dans l’intimité et les coulisses de la saison 2019-2020 d’une équipe qui va retrouver l’EuroLeague à partir de début octobre, dont le premier épisode est à retrouver ce mardi (21h sur RMC Sport 1). Il fallait oser, il fallait assumer. Mais quand il s’agit de mettre plus de lumière sur son club et le basket français dans son ensemble, il ne faut pas longtemps pour convaincre "TP". 

"Après une discussion, les coaches ont compris l’intérêt, que c’était important pour nous et pour le basket français d'être dans les médias" 

"C’était une grosse décision, pas facile à prendre car ce n’est pas facile d’ouvrir toutes les portes d’un club, c’est très privé, racontait-il ce lundi dans l’émission Buzzer sur RMC Sport. Mais je pense que pour faire grandir notre club, c’était très intéressant et important de le faire. Ça fait parler du basket français. C’est quelque chose d’unique car c’est la première fois dans l’histoire du basket français. Les deux coaches étaient réticents mais ils comprennent la vision globale que j’ai pour le club. Après une discussion, ils ont compris l’intérêt, que c’était important pour nous et pour le basket français d'être dans les médias. Les gens vont pouvoir découvrir notre club, que ce soit masculin ou féminin, d’une autre façon. Et ça, c’est important." Dans le discours du tout jeune retraité des parquets, on trouve une ambition nimbée de côtés pionnier et défenseur de la cause. Tout sauf une nouveauté.

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Rendre à la France, à son basket, a toujours traversé son ADN. Envoyé spécial pour son premier sacre NBA, on avait ramené une photo souvenir dans nos bagages, retrouvée récemment. On peut y voir Tony enroulé dans un drapeau français, trophée Larry O’Brien sous le bras. Ce soir de juin 2003, dans le vestiaire des Spurs, c’est la clique des Frenchies, ses proches, menée par "TP" lui-même, qui mettra le plus l’ambiance. Un petit coin de France du côté de San Antonio. Un symbole, aussi, pour le premier joueur français sacré en NBA et sélectionné au All-Star Game (six fois), sans oublier son statut de premier Européen désigné MVP (meilleur joueur) des finales en 2007. "Je reste un pur produit de ce système et je veux rendre à la France ce qu’elle m’a donné", a répété toute sa carrière celui qui a été forme à l’Insep avant de passer par le Paris Basket Racing, dernier tremplin pour l’envol vers la NBA.

Les millions de la NBA n’y auront rien changé: Parker ne "bande" jamais autant que pour le bleu-blanc-rouge

Les faits ont suivi les mots. L’équipe de France? Il en a porté le maillot à 181 reprises (15,1 points de moyenne) et lui a surtout sacrifié tous ses étés ou presque, ne ratant que les Mondiaux 2006 et 2014, le premier sur blessure, le second par choix. Pilier d’une des meilleures équipes de la ligue US, il aurait pu jouer sa carte perso et privilégier sa carrière en club. Mais il avait une mission à mener à bien avec les Bleus, celle qui enverra l'escouade française au sacre européen en 2013, le premier titre de l’équipe nationale tricolore dans son histoire. Les millions de dollars de la ligue US n’y auront rien changé: Parker ne "bande" jamais autant que pour le bleu-blanc-rouge. Le gamin né en Belgique d’un père américain et d’une mère hollandaise, arrivé dans la banlieue de Valenciennes à trois mois et naturalisé à quinze ans, le porte même en étendard. "Je suis français dans l’âme", lâchait-il au Nouvel Obs en 2013.

Tony Parker avec le trophée de champion de France remporté par l'ASVEL en 2019
Tony Parker avec le trophée de champion de France remporté par l'ASVEL en 2019 © AFP

Il expliquait alors apprécier "les valeurs" de ce "super pays" dont il est l'un des fils les plus glorieux. "Je suis la parfaite définition du fait qu’on peut être français en venant de n’importe où", rappelait-t-il à RTL en 2016 en réaction au "au moment où vous devenez français, vos ancêtres, ce sont les Gaulois" lâché par l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy en meeting lorsqu’il était candidat à la primaire de la droite et du centre pour la présidentielle de 2017. Et de poursuivre: "Être français, c’est dans ton cœur: tu sais d’où tu viens, où tu as grandi. C’est pour ça que ça a toujours été important pour moi de jouer en équipe de France, parce que je suis très fier d’être français. Tu n’as pas besoin d’être né en France pour te considérer français, c’est à toi de le montrer avec tes actes. Je pense que c’est ce que j’ai fait avec l’équipe de France."

"Je suis attaché aux aventures humaines, à la France, et c’est important pour moi de redonner"

Alors que les débats sur l’identité française et son avenir enflamment les plateaux depuis plusieurs années, on inciterait bien certains à lire du Tony Parker. Cela fait du bien, pour le respect de l’autre comme pour l’ouverture aux autres. L’intéressé, lui, ne fait pas de politique. Il est juste lui-même. La SEVLC, société d’équipement de Villard-de-Lans et de Corrençon-en-Vercors (Isère), est en vente? Même s’il n’a jamais fait de ski, il la rachète et se lance dans la gestion de station pour "créer de l’emploi, aider la jeunesse". "Je suis attaché aux aventures humaines, à la France, et c’est important pour moi de redonner", lançait-il au moment de ce rachat. On en revient toujours là. Partager. Donner. Rendre. Le meneur, poste qui se conjugue le mieux avec ces valeurs sur le parquet, l’a fait avec sa famille, ses parents, ses frères, ses proches, Gaëtan Müller – président délégué de l’ASVEL, d’abord car il en les compétences bien sûr, mais aussi son ami d’enfance – peut témoigner.

Il l’a fait auprès des enfants, dans ses camps à Fécamp ou Villeurbanne. Il l’a fait avec les médias, où il a toujours su se montrer présent, et il continue de le faire. Ne cherchez pas: s’il avait voulu le créer, le basket français n’aurait pas façonné meilleur ambassadeur... "Je suis content d’avoir fait connaître la NBA en France", souriait-il pour Le Parisien en 2013. "TP" ne se la joue pas grosse tête au point de ne pas voir le rôle d’un Michael Jordan dans le début des années 90. Il explique juste une réalité. Si "Air" Jordan a fait entrer le basket made in NBA dans les foyers français, c’est bien lui qui l’a démocratisé en le transformant en horizon atteignable. Il a ouvert la porte et toute une génération, Rudy Gobert ou Evan Fournier comme principaux représentants, s’est engouffrée derrière. 

"C'est ici que je veux faire du business et redonner au basket ce qu'il m'a apporté"

Le dirigeant qui a pris la place du joueur conserve cette volonté de défricheur. C’est lui qui permet à la France de retrouver l’EuroLeague avec cet ASVEL dans lequel il a investi dès 2009 "pour préparer l’avenir" avant d’en devenir l’actionnaire majoritaire en 2014 et de voir ses troupes sacrées championne de France en 2016 et 2019. Un investissement qui là encore lui ressemble. "J’ai choisi ce club parce qu’il a une histoire et que la ville est passionnée de basket, justifiait-il dans Le Parisien en 2013. Mais c’est aussi une question d’opportunité. Ça faisait un moment que je cherchais à investir dans le basket français. Je suis très attaché à la France! C'est elle qui m'a formé, pas les Etats-Unis. Même si je veux continuer à vivre à San Antonio après ma carrière, c'est ici que je veux faire du business et redonner au basket ce qu'il m'a apporté. J'ai envie de créer mon académie, de construire une grande salle de basket et de continuer à promouvoir le basket français."

Jean-Michel Aulas (à gauche) et Tony Parker lors de l'annonce du partenariat entre l'OL et l'ASVEL
Jean-Michel Aulas (à gauche) et Tony Parker lors de l'annonce du partenariat entre l'OL et l'ASVEL © Icon Sport

L’homme "ne (s)e vo(yait) pas entraîneur" et a préféré "rendre" dans un rôle de dirigeant, qu’il a commencé à travailler en observant de près ceux des Spurs, l’une des franchises les plus solides de l’ensemble des sports US. Et là encore, ce n’est pas seulement un club qu’il veut porter sur ses épaules – jusqu’à lui permettre de s’associer avec Jean-Michel Aulas et l’OL, mastodonte footballistique de la région, pour mieux poursuivre son développement – mais tout le basket français qu’il veut faire grandir. Il faut ainsi souligner, encore et encore, son choix de monter une équipe à consonance tricolore pour les retrouvailles avec l’EuroLeague à l’image des retours des internationaux Antoine Diot et Edwin Jackson, points de focus du premier épisode de ASVEL, la série diffusé ce mardi. "Je suis content pour le basket français de voir deux joueurs de ce calibre-là revenir au pays, appuie-t-il dans Buzzer. Ce n’est que positif. Ils sont très motivés, ils ont envie de faire une grosse saison. Avec l’EuroLeague qui revient, c’était le bon timing pour nous tous. La dernière fois que j’étais à l’antenne avec vous, on avait parlé de ça, de faire une équipe assez française. C’est ce qu’on a essayé de faire. Et à l’avenir, avec les budgets qui vont je l’espère continuer à monter, j’espère continuer à faire revenir les joueurs français chez nous."

"J’ai vraiment envie d’aider les athlètes et je vais m’y mettre à 100%"

Parker a conscience que l’ASVEL, "Petit Poucet de la compétition", aura besoin d’une "période d’apprentissage, par rapport au niveau, à l’arbitrage, etc" et ne met pas d’objectif de nombre de victoires mais se régale d’avance d’aller "avec (s)on club dans les grandes salles comme Barcelone, le Real, le CSKA Moscou, le Fener...". Celui qui réside toujours à San Antonio avec sa femme et ses deux fils essaiera de suivre ses joueurs "le plus possible" mais ne sera "pas à tous les matches" car il a "d’autres choses et d’autres métiers". Parmi eux, une nouvelle preuve éclatante de sa capacité à redonner aux autres. En juin, "TP" a en effet rejoint NorthRock Partners, cabinet américain spécialisé dans le conseil financier, où il a pris la tête du département notamment dédié aux sportifs qu’il devra guider pour éviter les mauvais investissements et mieux gérer leur patrimoine, un sujet sensible en NBA où beaucoup d’anciens joueurs terminent ruinés. "J’ai vraiment envie d’aider les athlètes et je vais m’y mettre à 100%", lance-t-il dans Buzzer. Comme dans tout ce qu’il fait. Comme quand il ouvre les portes de son club à RMC Sport pour l’aider à grandir et développer l’attrait médiatique du basket français. Du Tony Parker tout craché, quoi.

Alexandre HERBINET (@LexaB)