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NBA: ce que vaut la première saison de Wembanyama par rapport aux meilleurs rookies de l'histoire

Victor Wembanyama vient d’achever sa première saison régulière de NBA. De l’avis général, les grands débuts du Français dans la ligue-nord américaine sont plus que réussis. Mais comment situer l’intérieur des San Antonio Spurs par rapport aux meilleurs rookies de l’histoire? La réponse en chiffres.

L’heure est déjà au bilan. Alors que la saison régulière de NBA s’est achevée dimanche soir, il faudra désormais patienter jusqu’au mois d’octobre prochain pour revoir Victor Wembanyama sous le maillot des San Antonio Spurs en match officiel. Les statistiques de la saison rookie du Français, qui va profiter d’un peu de repos pendant que les meilleures équipes de la ligue s'écharpent en playoffs, sont désormais figées. L’occasion de les comparer avec ce qui se fait de mieux dans l’histoire de la NBA.

Les statistiques brutes de Wembanyama (21,4 points par match, 10,6 rebonds, 3,9 passes décisives, 3,6 contres et 1,2 interception) sont épatantes et l’invitent incontestablement à la table des meilleurs. Premier constat, aussi implacable que limpide: au niveau des points marqués, la statistique qui prime forcément au moment d’un tel débat, seul Blake Griffin a fait mieux que lui au XXI Siècle. Lors de sa saison rookie, en 2010-2011, l’intérieur américain a tourné à 22,5 points et 12,1 rebonds de moyenne sous le maillot des Los Angeles Clippers. Une saison monstrueuse récompensée d’une sélection au All Star Game, contrairement à Wembanyama, non retenu pour le match des étoiles cette année.

Le monde de Wemby – 13/04
Le monde de Wemby – 13/04
8:40

Tout en haut des classements... malgré un temps de jeu plus faible

En dehors de l’ancien intérieur des Los Angeles Clippers, six fois All Star (2011, 2012, 2013, 2014, 2015 et 2019) avant d’être freiné par les blessures, personne n’a eu un meilleur impact statistique que Wembanyama sur sa saison rookie depuis la fin des années 90. Au moins autant attendu que Wembanyama au moment de son arrivée en NBA, LeBron James, par exemple, a compilé 20,9 points, 5,5 rebonds et 5,9 passes lors de sa première saison. Pour ses grands débuts, le "King" a donc légèrement moins scoré que Wembanyama. Le delta est encore plus impressionnant quand on sait que LeBron James a joué en moyenne 10 minutes de plus par match sur sa saison rookie (39,5 minutes, contre 29,7 minutes pour Wembanyama).

Dans le top 20 des meilleurs marqueurs sur leur saison rookie depuis 1998-1999, aucun joueur n’a d’ailleurs passé aussi peu de temps sur le parquet que Wembanyama, dont le temps de jeu a été géré avec minutie par Gregg Popovich et son staff. Ses statistiques projetées à 36 minutes (selon un mode de calcul fait par la NBA) seraient bien plus ronflantes, puisque Wembanyama tournerait à 26 points de moyenne, 12,9 rebonds et 4,3 contres. À titre de comparaison, Blake Griffin passait en moyenne 38 minutes sur le parquet.

Les meilleures moyennes de points inscrits par un rookie sur les 25 dernières saisons (depuis la saison 1998-1999)

  1. Blake Griffin, 22,5 points en 2010-2011 (38 minutes de moyenne par match
  2. Victor Wembanyama, 21,4 points en 2023-2024 (29,7 minutes)
  3. Luka Doncic, 21,2 points en 2018-2019 (32,2 minutes)
  4. Carmelo Anthony, 21 points en 2003-2004 (36,5 minutes)
  5. LeBron James, 20,9 points en 2003-2004 (39,5 minutes)
  6. Donovan Mitchell, 20,5 points en 2017-2018 (33,4 minutes)
  7. Kevin Durant, 20,3 points en 2007-2008 (34,6 minutes)
  8. Joel Embiid, 20,2 points en 2016-2017 (25,4 minutes)
  9. Tyreke Evans, 20,1 points en 2009-2010 (37,2 minutes)
  10. Elton Brand, 20,1 points en 1999-2000 (37 minutes)

Un focus sur les statistiques de Lebron James au tir (41,7%, dont 29% à trois points) permet également de remettre en perspective le pourcentage de réussite de Wembanyama, régulièrement pointé du doigt pour son déchet dans ce domaine (46% au tir dont 32% à trois points). Pour un rookie, la marge de progression se situe notamment à ce niveau.

Lors de sa saison rookie, Kevin Durant, l’une des inspirations de Wembanyama, n’a pas non plus réussi à faire mieux que le Français (20,3 points par match). Pas plus que Luka Doncic, pourtant épatant dès sa première saison avec les Dallas Mavericks (21,2 points, 7,8 rebonds, 6 passes).

Parmi les meilleurs joueurs de la NBA actuelle, James, Doncic ou Durant représentent par ailleurs de petites anomalies. Le plus souvent, le sens de l’histoire veut que le temps soit le meilleur allié des futures superstars. Élu meilleur joueur de la ligue en 2019 et 2020, Giannis Antetokounmpo tournait à 6,8 points par match lors de sa saison rookie en 2013-2014. Il faut attendre la quatrième saison du Grec (22,9 points en 2016-2017) pour le voir marquer plus de points que Wembanyama. Idem pour Nikola Jokic, double MVP de saison régulière (2021, 2022), qui a patienté jusqu’à sa sixième saison NBA (2020-2021) avant de dépasser les 21 points de moyenne.

Jordan, Robinson, O'Neal... Une concurrence féroce

Si l’on remonte un peu plus loin, Wembanyama a un peu de concurrence au niveau des statistiques. Dans les années 1960, une toute autre époque, Walt Bellamy, Oscar Robertson, Kareem Abdul-Jabbar ou encore Elvin Hayes étaient tous autour des 28 ou 30 points de moyenne sur leur saison rookie. Lors de la saison 1959-1960, Wilt Chamberlain tournait même à 37,6 points et 27 rebonds de moyenne (en 46 minutes par match) pour ses grands débuts en NBA.

Un peu plus proche de nous, un homme domine les débats: Michael Jordan. Lors de la saison 1984-1985, la légende des Chicago Bulls a inscrit 28,2 points par match, avec 6,5 rebonds et 5,9 passes en prime (en 38 minutes). Seulement deux ans plus tard, "MJ" était déjà le meilleur marqueur de la ligue, avec la bagatelle de 37,1 points par match sur l’ensemble de la saison 1986-1987.

Arrivé en NBA au cours de la même période, David Robinson fait également mieux que Wembanyama. Le pivot américain, drafté en première position par les San Antonio Spurs en 1987 (il a passé deux ans dans les rangs de l’US Navy avant de commencer sa carrière NBA), a terminé la saison 1989-1990 avec 24,3 points, 12 rebonds et 3,9 contres. Il est d’ailleurs le seul membre du top 10 des meilleurs contreurs de l’histoire à afficher une moyenne plus élevée que Wembanyama (3,6 contres cette saison) sur sa saison rookie. Encore une fois, il est important de préciser que David Robinson jouait en moyenne 36,6 minutes par match, soit sept minutes de plus que Wembanyama.

Dans la famille des intérieurs draftés en première position par les San Antonio Spurs, Tim Duncan tient également son rang. Avec 21,1 points, 11,9 rebonds et 2,5 contres en 1997-1998, le double MVP (2002 et 2003) a été très légèrement moins prolifique que Wembanyama sur sa première saison.

Dernier candidat de poids au cours des 35-40 dernières années: Shaquille O’Neal. Véritable phénomène à son arrivée en NBA en 1992-1993, au Orlando Magic, l’imposant pivot a dominé dès sa première saison (23,4 points, 13,9 rebonds, 3,5 contres). Depuis les années 1980, il est l’un des seuls à pouvoir se targuer d’avoir réalisé des débuts plus tonitruants que Wembanyama. D’autant que sa présence dans les rangs du Magic a très rapidement permis à la franchise floridienne de gravir les échelons: 25% de victoires avant sa draft, 50% au bout d'une saison, 61% après deux saisons puis 69,5% lors de la troisième saison d'O'Neal, avec un parcours jusqu’en finales NBA à la clef (saison 1994-1995, défaite contre les Houston Rockets).

Et le bilan collectif, dans tout ça?

Pour juger les saisons rookies des meilleurs joueurs de l’histoire, il convient en effet de s’attarder sur leur capacité à faire passer des paliers à leurs équipes. Sur ce plan, Wembanyama souffre de la comparaison, les Spurs affichant cette saison le cinquième pire bilan de la ligue (22-60 défaites). Mais le Français a débarqué dans une équipe en totale reconstruction, avec un effectif similaire à celui qui avait bouclé la saison précédente à la 28e place (sur 30) de la NBA, et ne semblait pas avoir les armes pour faire beaucoup mieux. Parmi les joueurs précédemment cités, la plupart ont réussi à faire progresser leur équipe au classement au terme de leur saison rookie. La progression la plus fulgurante est celle des Spurs de David Robinson, passés de la 12e à la 2e place de la Conférence Ouest grâce à leur pivot.

Dans un passé plus récent, les Clevelands Cavaliers de LeBron James sont passés de la dernière à la neuvième place de l’Est après la draft de l’actuel joueur des Los Angeles Lakers, même si le "Chosen One" était incontestablement mieux entouré que Wembanyama. Les Dallas Mavericks, qui ont drafté Luka Doncic en 2018, ont quant à eux stagné dans le bas du classement de la conférence Ouest (13e avant la draft du Slovène, 14e après sa saison rookie) avant de se qualifier en playoffs les trois saisons suivantes (2020, 2021, 2022). Le modèle à suivre pour Wembanyama et les Spurs?

Felix Gabory Journaliste RMC Sport