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Tour de France: dopage, vélos... comment sont contrôlés les coureurs

Les performances des leaders du Tour de France et notamment de Jonas Vingegaard et Tadej Pogacar, donnent lieu à de nombreuses suspicions autour du dopage. Pourtant, tous les participants de la course et leurs vélos sont régulièrement contrôlés.

Les plus taquins trouveront assez savoureux de voir Lance Armstrong et Johan Bruyneel s’extasier sur la performance de Jonas Vingegaard après la 16e étape du Tour de France. Etincelant lors du contre-la-montre individuel, le Danois de la Jumbo-Visma a collé un éclat de 1 minute et 38 secondes à son principal rival Tadej Pogacar. Derrière les deux hommes, personne n’a pu suivre et la victoire finale à Paris se jouera très probablement entre le tenant du titre et le Slovène.

Et sans surprise, une telle domination s’accompagne de questions voire de suspicions autour du dopage. Ce serait oublier les nombreux contrôles auxquels les participants de la Grande Boucle pendant les trois semaines de course. Selon les informations du site Wielerflits, les cars de la Jumbo-Visma et de l’équipe UAE Emirates ont eu droit à une visite des contrôleurs avant le départ de la 17e étape ce mercredi. De quoi faire dire "j’applaudis cela" au directeur de la formation néerlandaise, Richard Plugge.

>> La 17e étape du Tour de France en direct

Prudhomme: "Le maillot jaune est testé tous les jours"

Difficile d’imaginer un coureur passer entre les gouttes des contrôleurs antidopage pendant les trois semaines de compétition. Si Christian Prudhomme a lui-même reconnu que les questions n’étaient pas "illégitimes", le patron du Tour a rappelé l’importance de la lutte contre le dopage.

"Les contrôles sont faits par une agence indépendante, ce qui n'était peut-être pas le cas avant, a ainsi martelé le directeur de la Grande Boucle. L'ITA (International testing agency, ndlr) teste non seulement dans le cyclisme mais aussi dans une cinquantaine de disciplines."

Et de préciser: "Le maillot jaune est testé tous les jours, comme les vélos sont contrôlés tous les jours."

Personne n’est à l’abri des contrôles inopinés

Outre le maillot jaune, Jonas Vingegaard a enfilé la tunique après la 6e étape, de nombreux membres du peloton ont subi des contrôles depuis le départ de la course. Aussi bien lors de tests prévus par les membres de l’ITA que lors de contrôles inopinés prévus par le règlement du Tour de France.

"D'abord il y a les contrôles inopinés. Ils sont diligentés par l'ITA, qui est un organe indépendant de contrôles antidopage qui n'a rien à voir avec l'UCI. Ce sont des contrôles aléatoires. N'importe quel coureur du Tour peut être contrôlé le matin ou le soir, à son hôtel, à l'heure où les contrôleurs ont décidé de tester, a ainsi expliqué pour RMC Sport Pascal Chanteur, vice-président du syndicat mondial des coureurs et représentant des coureurs du Tour de France. […] Il y a les contrôles dits obligatoires, diligentés par rapport à la course. Vous avez le maillot jaune, le vainqueur de l'étape et une dizaine de contrôles tirés au sort."

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Le règlement du Tour de France sur le dopage:

ASO et chacune des équipes participantes considèrent comme de nécessité absolue le respect scrupuleux des règles et recommandations édictées par les instances compétentes en matière de lutte contre le dopage ainsi que l’obligation d’observer une conduite totalement irréprochable à cet égard. Les équipes participantes s’engagent à appliquer lesdites règles et recommandations et seront pleinement responsables de leur parfait respect par leurs coureurs et plus généralement par tous leurs salariés et prestataires. Le Tour de France est soumis au règlement de l’UCI et de la Fédération Française de Cyclisme régissant le contrôle antidopage, tendant à la découverte de l’usage, par les coureurs, de substances interdites.

L’organisation met au service des coureurs et des officiels désignés pour le contrôle antidopage un certain nombre de dispositions:

- installation à chaque étape, aux abords immédiats de l’arrivée, d’un mobil-home spécialement équipé pour effectuer les prélèvements dans les meilleures conditions de confort et de discrétion ;

- acheminement dans les plus brefs délais, notamment par avion particulier chaque fois que cela sera possible, des flacons destinés au(x) laboratoire(s) de dépistage du dopage désigné(s) à cette fin, de manière à raccourcir les procédures d’analyse et de communication des résultats.

L’indépendance de l’ITA, un gage de confiance

En plus de perdre toutes les primes liées à ses succès pendant le Tour de France, un coureur contrôlé positif à un produit dopant se retrouvera nécessairement au centre de l’attention et jeté en pâture sur la place publique.

De quoi encore expliquer les moyens mis en œuvre pour lutter contre le dopage par les équipes elles-mêmes et surtout par l’ITA. Organe indépendant, donc supposée plus fiable, l’Agence de Contrôles Internationale peut travailler sans craindre un potentiel conflit d’intérêt.

"Quand il y a des performances, surtout dans notre sport avec son histoire, on peut avoir des suspicions. Après, on peut ne croire en rien... Ce que je sais, c'est qu'une multitude de contrôles sont effectués, il y a des agences indépendantes de lutte antidopage. Soit on leur fait confiance, soit on se dit que cela ne sert à rien et à partir de là, à quoi sert de financer ce genre de choses si on ne croit plus à cet organe de contrôle."

Pascal Chanteur, vice-président du syndicat mondial des coureurs et représentant des coureurs du Tour de France

A noter aussi que tout motif raisonnable de suspicion de dopage peut faire l’objet d’un signalement sur REVEAL, la plateforme de dénonciation mise en place par l’ITA, et peut ensuite faire l’objet d’une enquête plus approfondie.

Les vélos sont aussi contrôlés tous les jours

Les cyclistes engagés lors du Tour de France ne sont pas les seuls à subir des contrôles surprises pendant les trois semaines de course. Les vélos de chaque participant peuvent aussi être examinés après chaque étape. Si l’on parle plus volontiers de "lutte contre la fraude technologique" plutôt que lutte contre le dopage technologique, cela n’empêche pas le peloton d’être sous haute surveillance.

"Dans le cadre de la lutte contre la fraude technologique, 52 vélos ont été contrôlés ce jour, dont 8 par contrôles sous rayons X. Tous les vélos étaient conformes à la règlementation UCI", signalaient ainsi le jury des commissaires après l’arrivée de la 13e étape entre Annemasse et Morzine le 15 juillet.

Un rappel également fait par Pascal Chanteur auprès de RMC Sport avant cette 17é étape de l’édition 2023: "Vous avez des contrôles de vélo, effectués tous les matins au départ, sur une trentaine ou quarantaine de vélos, a encore estimé le vice-président du syndicat mondial des coureurs. Et vous avez des contrôles aux rayons X à la fin de l'étape. Hier après le contre-la-montre, tous les vélos des dix premiers de l'étape ont été vérifiés."

Jean-Guy Lebreton avec Rodolphe Ryo