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Tour de France: "J'ai envie de vivre un Tour intense", les confidences de Bardet avant le départ

Le Français du Team DSM-Firmenich Romain Bardet (32 ans) arrive en forme sur le Tour de France. Satisfait de sa préparation, il aborde la course avec appétit, d'autant qu'il a axé sa saison sur la Grande Boucle. 

Comment abordez-vous ce Tour? Comme l’an passé où vous disiez voir au jour le jour? 

Je pense que la préparation a été meilleure cette année. On a pu faire un programme vraiment adapté pour le Tour de France. On sait tous comment se passe cette course, ce qu’il peut y avoir, le niveau qui va encore être hyper relevé. Le plan idéal est de faire le meilleur classement général possible. J’ai la même approche que l’an dernier, en étant vraiment sur une course au jour le jour. Ne pas hésiter à s’engager pleinement sur certaines étapes quand il le faudra, même assez tôt dans la course. Je ne veux pas sacrifier des opportunités de briller sur la course, de viser des étapes pour le classement général. Ça ne veut pas dire que je vais perdre du temps inutilement, mais ça veut dire que je veux laisser les opportunités ouvertes aussi pour briller sur les étapes. 

Avec les absences de Valverde, Froome ou Quintana, vous êtes cette année l'un des coureurs engagés les plus réguliers sur les dernières éditions. Qu’est-ce que cela peut vous apporter?  

C’est surtout en termes d’expérience. J’aborde le Tour dans de très bonnes dispositions mentales. Cela va être l’anniversaire de mes 10 ans sur le Tour, c’est spécial. J’ai souvent été très régulier. Je connais un peu les ingrédients, même si le niveau physique détermine beaucoup. Mais sur la gestion des trois semaines, de l’environnement particulier du Tour, je sais à quoi m’attendre. J’ai envie de vivre un Tour intense. Donc j’espère faire un classement général régulier mais aussi en être un vrai acteur. J’ai eu trois 6e places. Même si c’est une performance très dure à réaliser, j’espère connaître d’autres émotions. 

Quelle est la meilleure préparation selon vous? Faire des courses à étapes avant ou arriver avec plus de fraîcheur? 

C’est assez surprenant, on voit de plus en plus de cas comme Vingegaard qui n’avait pas couru depuis le Tour du Pays Basque avant de faire le Dauphiné. Je me dois aussi de faire des saisons complètes par rapport à l’équipe. Pour moi, le mois d’avril est une période importante avec la Flèche Wallone, Liège-Bastogne-Liège puis le Tour de Romandie. Depuis le Tour de Romandie et ma semaine de pause ensuite, je pense que j’ai eu une très bonne préparation, j’ai pu faire tout ce que je voulais. Je pense que c’est une approche qui a vraiment du sens même si ça a été assez chargé, notamment de courir le Tour de Suisse un peu plus proche du Tour de France. Je crois beaucoup en la préparation qu’on a faite. 

Il y aura deux favoris avec Vingegaard et Pogacar, derrière c’est très serré. Qui sont vos plus grands concurrents et quelle approche allez-vous adopter? 

Je vais vous décevoir mais je ne nommerai personne, je ne me concentre pas sur ça. Le but est de se battre pour les meilleures places possibles mais aussi d’être acteur de la course. Je pense que la plus grosse erreur que l’on peut faire est de se concentrer uniquement sur les autres. Il y aura selon moi deux courses en une. Il faudra être consistant pendant les trois semaines et saisir les opportunités pour gagner du temps quand ce sera possible. 

Romain Bardet
Romain Bardet © JORGE GUERRERO / AFP

Les premières étapes seront dures, cela vous plaît-il? 

Je ne les ai pas reconnues. On n’a pas énormément de temps entre les stages, les compétitions, donc c’était compliqué de faire des reconnaissances. C’est bien d’avoir cette spécificité de ne pas attaquer par un prologue ou un sprint massif. Il y a une certaine rotation dans les éditions du Tour ces dernières années et c’est sympa… C’est bien d’avoir cet équilibre et qu’au fil des éditions, on retrouve des étapes aux profils différents sur les deux ou trois premiers jours. On aura une idée assez claire vite. Il faudra être à 100% sur ces étapes mais le Tour reste une course de longue haleine. Il y aura trois semaines avec des difficultés très bien réparties sur toute l’épreuve. C’est un premier week-end important mais il y a beaucoup de route encore. 

Comment vous sentez-vous au sein de votre équipe DSM-Firmenich

J’ai plus d’expérience, plus de qualités que j’ai développées ici. Pour être compétitif, vous devez avoir un niveau régulier. On a travaillé dur sur plusieurs aspects et je me sens plus complet en tant que coureur. Je me suis beaucoup amélioré en contre-la-montre et en termes de consistance sur les longs efforts en montagne. Ce serait intéressant de voir jusqu’où je peux aller sur ce Tour car nous avons le background des deux dernières années sur le Giro notamment, où la préparation était bonne et j’étais très bien.

En termes d’environnement, j’aime beaucoup être ici car je ne vois pas de grosses différences entre courir sur le Tour et d’autres courses. Ils veulent courir toujours le mieux possible mais il y a moins de pression car au final, c’est une course de plus pour moi. Je me sens mieux dans mon rôle de leader pour le classement général dans cet environnement. 

Viserez-vous des étapes tôt dans la course? 

On va voir ma position, mais j’ai peur qu’il y ait peu d’opportunités sur les Pyrénées pour des coureurs de mon profil car les positions devraient encore être assez serrées, le peloton sera encore frais et les équipiers en excellente forme. Ce sera quand même une course assez contrôlée pour les vingt premiers du classement pour les Pyrénées. La deuxième semaine sera intéressante avec une hiérarchie assez claire… Le premier week-end sera beau. On connaît la ferveur incroyable sur le Tour du Pays basque. C’est une communauté profondément connaisseuse et qui aime profondément la course cycliste, on sent vraiment un engouement du territoire pour soutenir la course. Le Pays basque va placer la barre assez haut. 

Valentin Jamin