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Tour du Pays basque: polémique autour de la couverture télévisée, accusée de filmer trop près les coureurs blessés

Quelques minutes après la grosse chute collective qui a conduit aux abandons de Vingegaard, Roglic et Evenepoel sur la quatrième étape du Tour du Pays basque, la réalisation TV de la course a été épinglée sur les réseaux sociaux. En cause: des images jugées parfois trop sensationnalistes, alors que des caméras filmaient les coureurs à terre ou en train d'être évacués.

Cette quatrième étape du Tour du Pays basque restera, peut-être, comme l'un des plus gros tournants de cette saison 2024. La chute massive qui est intervenue dans le peloton à 33 kilomètres de l'arrivée, mettant à terre une dizaine de coureurs et provoquant les abandons de trois des favoris (Jonas Vingegaard, Primoz Roglic, Remco Evenepoel), a secoué le monde du cyclisme.

Et les conséquences de cette chute - qui a entraîné une neutralisation de la course hormis pour le groupe d'échappée - se mesurent en temps réel au fil des minutes.

L'association de coureurs cyclistes professionnels évoque "un manque de respect" pour les coureurs

C'est sur ce point précis que les réseaux sociaux n'ont pas tardé à réagir. En cause : les images en gros plan de la réalisation de course de tous les hommes à terre après la chute collective. En effet, sur plusieurs plans, on a pu apercevoir les caméras braquées sur les malchanceux, pour certains lourdement touchés, faisant rejaillir la polémique autour de la nécessité de leur présence au plus près de cyclistes dont on ignore tout de leur état de santé à l'instant T.

Président de la CPA, association de coureurs cyclistes professionnels, l'ancien coureur australien Adam Hansen n'a pas tardé à élever sa voix sur X pour dénoncer une certaine recherche de sensationnalisme. "Par respect pour les coureurs tombés dans la chute et pour leurs familles à la maison, la CPA ne soutient pas la couverture télévisée visant à continuer à les filmer pendant qu'ils sont encore au sol. Des coureurs m'ont contacté pour me demander si nous pouvions en faire une règle et nous la soutenons. S'il vous plaît, soyez attentifs", explique-t-il.

D'autres sports comme la Formule 1 ou le football ont fait évoluer leurs normes de précaution et de sécurité concernant leurs diffusions. Les pilotes ayant eu un accident ne sont ainsi plus filmés tant qu'une communication sur leur état de santé n'a pas eu lieu. Idem lors de la plupart des matchs de football, où les chocs sanglants ou autres accidents portant atteinte à la santé des joueurs entraînent les caméras à se tourner vers une autre zone du terrain en guise de protection pour les téléspectateurs et de respect pour les acteurs impliqués.

Une position commune à trouver pour les organisateurs de courses sur leur couverture télévisée?

Hansen est rejoint dans sa réflexion par le coureur luxembourgeois de la Groupama-FDJ Kevin Geniets : "Pourquoi montrer des rediffusions non-stop de l'accident et filmer les coureurs gravement blessés au sol pendant plusieurs minutes ? Ce n'est pas respectueux pour la famille et les proches qui regardent en direct à la télévision", écrit-il. D'autres se demandent pourquoi un hélicoptère TV suit à la trace les ambulances en train d'évacuer les hommes touchés.

Pour autant, les opinions sont divisées. Toujours sur X, Martijn Arensman, le père du coureur Thymen Arensman (Ineos Grenadiers), a expliqué être favorable à ces images. "Je ne suis pas d'accord. Lorsque mon fils a chuté l'année dernière (lors du Tour d'Espagne), pour nous c'était mieux et moins stressant de voir et de visualiser la situation plutôt que de ne rien voir du tout. Dans le cas de Thymen, l'impact a été léger mais la vue était la même qu'aujourd'hui sur la civière et l'assistance respiratoire".

Toujours est-il que ces différentes prises de position pourraient mener à de nouvelles réflexions sur que faire au niveau de la couverture télévisée en cas d'accident grave, afin qu'une position homogène sur les différentes courses professionnelles soit trouvée.

CMP