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Paris-Nice: un nouveau règlement en 2023 et des incertitudes pour le chrono par équipes

Traditionnellement pris au passage du quatrième ou cinquième coureur sur la ligne, le temps du chrono par équipes de Paris-Nice le 7 mars prochain à Dampierre-sur-Burly dans le Loiret sera pris dès le passage du premier coureur sur la ligne. Les organisateurs ont profité d'un point spécifique du règlement UCI pour mettre en place cette innovation, a priori, jamais testée auparavant sur une grande course professionnelle. Un essai, dont on ne sait pas vraiment ce qu'il pourra donner.

Quand Thierry Gouvenou, traceur du Tour de France a soulevé le lapin il y a quelques semaines, l'information n'est pas tombée dans les oreilles d'un sourd quand elle a atterri dans celles de François Lemarchand, directeur de Paris-Nice. On peut imaginer le facétieux Gouvenou lancer comme un pavé dans la marre le point 2.5.014 du règlement de l'Union Cycliste Internationale. "Eh au fait vous aviez déjà vu que sur le contre-la-montre par équipes, pour le classement de l’équipe, le règlement particulier de l’épreuve précisera sur quel coureur franchissant la ligne d’arrivée, le temps sera pris?"

Il n'en fallait pas plus aux organisateurs de Paris-Nice pour dire "banco on va le tenter" et dès 2023. Renseignement pris auprès de l'UCI, avec confirmation écrite à l'appui, le règlement modifié il y a quelques années peut en effet être interprété comme Amaury Sport Organsiation, (A.S.O) entend le faire pour cette 81ème édition de la Course au Soleil.

Marc Madiot: "Cela va rester du classique"

Concrètement cela signifie que le temps réel de chaque coureur sera pris sur la ligne d'arrivée à l'issue des 32,2 km de cet effort plus ou moins collectif donc. "On va vraiment voir que le cyclisme est un sport individuel qui se court par équipes, s'amuse Christian Prudhomme, le directeur du cyclisme chez A.S.O . Cette nouveauté va donner mal à la tête des managers et des directeurs sportifs, car il faudra choisir si on protège le leader, quel est vraiment le leader, est ce qu'on joue la victoire d'étape ou plutôt le classement général final."

Des encadrements sportifs des équipes justement peu inquiets pour l'heure, à l'image de Marc Madiot, le manager général de l'équipe Groupama-FDJ, qui amènera notamment Gaudu, Démare et Kung en mars sur la route de Paris-Nice. "Ca aurait pu être déterminant si l'exercice avait été plus court mais là ca n'aura pas une incidence énorme". Répondant aux interrogation précédemment formulées par Christian Prudhomme, il s'avance : "de toutes façons il y aura un leader par équipe, et on continuera à courir pour protéger le leader. Sur 8 ou 10 km ca aurait été différent mais là pour moi, cela va rester du classique."

Le premier chrono par équipes sur Paris-Nice depuis 30 ans

"Ce dont on est sûr, prophétise de son côté François Lemarchand, c'est qu'on ne se retrouvera pas comme d'habitude après les chronos par équipes, avec un classement général au soir de l'étape dominé par les 7 coureurs de la meilleure formation, devant les 7 de l'équipe suivante et ainsi de suite. On peut imaginer qu'à un kilomètre de l'arrivée, il n'y ait plus que deux coureurs d'une équipe et que l'un d'eux lance son leader pour finir au sprint. Ce sera intéressant de voir quelles tactiques les équipes vont adopter."

Tantôt décrié pour son manque de lisibilité et son côté d'extrême spécialiste, tantôt adoré pour son aspect athlétique et esthétique, le contre le montre par équipe se redonnera peut-être là un nouvel élan, l'épreuve étant quelque peu en perte de vitesse ces dernières années. Absent du Tour de France depuis 2019, l'exercice n'a plus été proposé au peloton de Paris-Nice depuis 1993. Cette année là, l'équipe Once l'avait emporté dans les rues de Roanne.

Arnaud Souque