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Equitation: "Si je ne vais pas aux Jeux, j’aurai au moins porté la flamme", confie Roger-Yves Bost

Roger-Yves Bost au jumping international de Bordeaux

Roger-Yves Bost au jumping international de Bordeaux - Icon Sport

Médaillé d’or en par équipes à Rio en 2016, Roger-Yves Bost, 58 ans, veut vivre Paris 2024. Avec deux chevaux au potentiel olympique, il va tenter de se qualifier. Mais avant cela, il portera la flamme olympique en juin prochain à La Baule.

Vous êtes sur la liste élargie de la fédération française d’équitation pour les Jeux de Paris, avec deux chevaux déjà qualifiés. Pouvez-vous nous parler d’eux ?

Oui, mes meilleurs chevaux ne sont pas présents au Jumping de Bordeaux ce weekend parce que Delph prend son premier avion pour Abu Dhabi, pour une coupe des Nations. Cassius Clay était lui en pause car il s’était fait une petite blessure mais il va reprendre dans peu de temps, il va bien. Delph est lui resté dans les concours coupe du monde cet hiver. Il progresse tout le temps. C'est vraiment une valeur sûre. Je compte beaucoup sur lui.

Ce sont des chevaux qui ont le potentiel pour les Jeux de Paris et ça c'est important. Delph a un gros mental, c’est ce qui fait la différence avec Cassius qui a beaucoup de qualités mais qui est un peu sensible. On va voir au cours de la saison comment ils vont évoluer.

L’un d’eux a pris un avantage sur l’autre en vue des JO ?

Delph est plus dans le coup car il a fait tous les concours cet hiver. Cassius n'a pas sauté depuis pas mal de temps. Il a été très performant en mai et juin l'an dernier mais ça fait longtemps maintenant. Alors que Delph a fait régulièrement des gros parcours sans faute. Il a onze ans cette année, c'est le bon âge, il arrive à maturité.

Comment se passe votre préparation ?

On avance tranquillement. Moi je suis en forme. J'essaye de m'entraîner un peu tout le temps physiquement, de ne pas manger trop de gâteaux, je fais attention à tout. Les JO c'est un objectif important quand même. Je mets tout en œuvre pour aller là-bas mais après on verra. Je suis bien, les chevaux aussi, faut continuer.

Pas trop de gâteaux car vous faites attention à votre poids…

J'ai perdu beaucoup de kilos l'an dernier, cet hiver j'en ai repris quatre ou cinq après les fêtes. Il faut que je fasse attention. Mais ça va je me maintiens. C’est aussi pour être plus performant pour les Jeux. Il faut être affûté sur tous les points. J'essaye d'être affûté sur mon physique, le physique des chevaux, que tout le monde soit bien. Les petits plus vont faire la différence. Et puis, quand on est affûté on est plus rapide. A mon âge je dois faire attention à tout.

Si l’on revient en arrière, aux Jeux de Rio en 2016, vous remportez une médaille d’or par équipes. Quels souvenirs gardez-vous ?

On est arrivé comme favoris mais on a eu des soucis. Le cheval de Simon Delestre s'est blessé alors qu'il était numéro 1 mondial, la jument de Pénélope Leprevost a eu des coliques. Des grains sable nous empêchaient d'avancer. On était une équipe très soudée. On avait de l'expérience du coup on s'est vraiment centrés sur nos techniques, nos chevaux, on est resté concentrés. L'objectif était d'avoir la médaille. À la fin les autres ont eu leurs problèmes et nous de la réussite. C'est comme ça. D'avoir la médaille d'or c'était quelque chose d'incroyable. J'ai vécu quand j’étais jeune la médaille d'or en 76, en saut d'obstacles alors gagner 40 ans après on était tous fiers.

Pourquoi se relancer dans ce rêve olympique aujourd’hui ?

Après Rio j'ai dit que j’allais essayer d'aller jusqu'à Paris. C'était un objectif. Après c'est dur, mais là j'ai vraiment des bons chevaux. Je me donne du mal mais je suis en forme. C'est Paris, en France, c'est quand même un petit plus pour me motiver. 

Justement, cette motivation, vous la trouvez où ?

J'aime mes chevaux, j'ai envie de faire plaisir, j'aime représenter la France en équipe. Et si je ne suis pas aux Jeux, j'irai quand même voir.

La sélection officielle tombera en juin, qu’est-ce qui va faire la différence dans les prochaines semaines ?

C'est la régularité des couples. Il y en a déjà deux qui sont pressentis pas mal quand même (Julien Epaillard et Simon Delestre). Mais tout peut encore changer, ça dépendra des physiques des chevaux. Et il faudra être performant, montrer qu'on est capable de tenir la pression. 

Vous êtes l’un des cavaliers le plus expérimenté, cela peut jouer en votre faveur ?

Je ne sais pas, j'espère. Il faudra que je sois bon surtout. Et que je montre que je peux être dans les trois ou quatre premiers Français. Après on est quand même plusieurs avec des chevaux qui ont le potentiel JO. Ça sera l'entraîneur qui va décider et surtout ça dépendra de la forme des chevaux à la fin. Si je suis performant je voudrais y aller, si je sens que mes chevaux ne sont pas assez bien, je préfèrerai rester sur le banc.

Mais des Jeux Olympiques à la maison, ce sera forcément spécial ?

J'espère que le public va nous donner de bonnes ondes. À Londres, les Anglais avaient été poussés, le public était là pour eux, les a soutenus et ils ont eu la médaille d'or. J'espère que ça sera pareil pour nous. 

Évoluer à la maison, est-ce qu’il y aura plus de pression ?

Oui ça sera difficile. C'est vite une grosse pression autour de nous. Je pense qu'il faut que ça soit positif. La fédération est avec nous, ils nous soutiennent. On va mettre toutes les chances de notre côté. Après on verra si on est bon. Il y a maintenant beaucoup d'équipes fortes, presque une dizaine d'équipes, il faudra faire la différence. 

Est-ce qu’il y a comme un devoir de briller à maison ?

Au départ, c'est le but premier de ramener une médaille. On fait tout pour ne pas jouer sur la chance. On essaye de tout préparer à l'avance. Les autres équipes sont pareil que nous. On verra. C'est difficile à dire. À Rio on est arrivé en tant que favoris, on a failli louper et finalement on a gagné. À Tokyo, ils loupent de pas grand-chose. C'est souvent comme ça les JO, il faut être bon le jour J. 

Et vous allez porter la flamme en juin prochain…

C'est toujours sympa. Au moins j'aurais fait ça cette année. Si je ne vais pas aux Jeux, je porterai au moins la flamme. Ça sera à la Baule, un des plus beaux concours français. J'ai toujours vu les flammes olympiques quand je regardais les Jeux à la télévision. Ça représente quelque chose de faire ça. C'est une découverte. C'est bien que des athlètes olympiques portent la flamme. Je trouve ça super. Ça va redonner envie aux jeunes de pratiquer ce sport.

Léna Marjak