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"Je me lève JO, je me couche JO, je parle JO, je vais en concours JO…": Laghouah raconte sa préparation de Paris 2024

Champion olympique par équipe à Rio en 2016, médaillé de bronze à Tokyo en 2021, Karim Laghouag, 46 ans, vise maintenant les Jeux olympiques de Paris. Deux de ses chevaux sont déjà qualifiés. Point d’étape avec le cavalier Français depuis le Jumping de Bordeaux.

Au Jumping de Bordeaux, vous venez chercher quoi?

Évidemment une victoire. J'ai gagné l'an dernier avec mon vieux cheval qui est maintenant à la retraite, il avait 20 ans. Et aujourd'hui j'ai Dream, un cheval de 11 ans que je connais bien, j'espère aussi gagner. Mais ici, ce n’est pas une épreuve de complet. C’est un show, c’est fait pour le public.

Vous avez déjà deux chevaux qualifiés pour les JO. Pouvez-vous nous parler d’eux?

Triton Fontaine vient de prendre 17ans. C’est assez âgé mais pour du concours complet ça ne l’est pas tant que ça. Beaucoup de chevaux de cet âge-là courent de belles épreuves. Ça préserve le complet. Il a déjà été médaille de bronze par équipe à Tokyo. C'est un guerrier, il aime aller au travail tous les jours. Ce n’est pas le plus souple physiquement, si on doit lui trouver un défaut. Mais souple dans le caractère. C'est un cheval volontaire. Et puis, j'ai embrun de Reno, 10 ans. Il est à l'orée du haut niveau. L'an dernier, il a montré de belles choses. Cette année, ça risque d'être pareil. C’est un cheval plutôt sensible, élégant, élastique, ce qui le rend peut-être moins guerrier. Il a besoin d'être plus encouragé. Mais ce sont deux chevaux que j'aime beaucoup. On me demande souvent lequel j'aime le plus mais on ne choisit pas entre sa mère et son père.

Et vous avez essayé de qualifier un troisième cheval, Dream...

Oui, celui avec lequel je cours ici à Bordeaux. Mais il s'est mis des petits coups à chaque fois avant des concours. A Royan, il s'est tordu le pied dans le sable. Ça l'a arrêté une semaine ou deux. Puis après, il s'est fait un tour de rein en faisant l'idiot dans son paddock. Et le dernier concours en novembre, il a été annulé car inondé. Donc le cheval n’est pas qualifié. Je pourrais le faire cette année mais j'ai déjà deux chevaux qui sont en lice... je vais plutôt me concentrer sur ces deux-là.

Dream, vous l'appelez Kylian Mbappé. Pourquoi?

C'est un cheval qui va très vite. Quand on est dessus et qu'on le regarde on ne sait pas pourquoi il va vite donc on a étudié ça. On n'a pas vraiment trouvé la réponse, il n'a pas plus d'amplitude que les autres ni une cadence supérieure. Et en fait, un de mes amis, a regardé un reportage sur Kylian Mbappé et ça montrait la différence qu'il avait sur course. Il griffe le sol avec son pied. Et en fait, on a pris des vidéos du cheval et là, on a vu qu’il faisait le même geste avec son sabot. Au lieu que sa foulée rebondisse elle repart tout de suite. C'est ce qui fait qu'il gagne des micro secondes. D'où la comparaison.

Si on revient aux Jeux olympiques, vous avez l’expérience déjà de Rio et Tokyo. Mais des JO à la maison, c’est particulier...

Pour moi c'est un moteur, c'est hors norme ce qu'il m'arrive en ce moment. Ça me motive plus que tout. Je travaille beaucoup mentalement pour ne pas partir en flamme. J'ai une vie agréable, motivante qui saoule un peu mon entourage parce que j'ai beaucoup d'énergie. C'est une force le public, être à Versailles... je ne sais pas Louis XIV va nous regarder (rires). Je suis très heureux. Ce que j'aimerais déjà c'est avoir mon ticket pour y aller. Et pas un ticket comme spectateur. Mais sinon je m'en contenterai. Mais j’ai très envie d'être sélectionné puis avoir de belles médailles. Je mets tout en œuvre pour y parvenir.

Les Jeux olympiques, on y pense tous les jours?

Si je n'y pense pas, il y a toujours quelqu'un pour m'y faire penser. Il n'y a pas une journée sans qu'on m'en parle. Depuis août, j'ai lâché les chevaux pour mettre la motivation maximale sur Paris. J'ai un programme presque heure par heure jusqu'aux JO car il reste plus beaucoup de jours. Je me lève JO, je me couche JO, je parle JO, je vais en concours JO... Ce n’est pas lourd, c'est beau, c'est sympa.

Est-ce que vous sentez une pression particulière au sein de l’équipe de France?

On évite de dire pression, car c’est un gros mot. Ou alors pression positive mais souvent quand on parle de ce mot-là c’est rarement positif. Mais c'est stimulant. On est ensemble, on a tous envie de réussir.

Léna Marjak