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"On a rendu obligatoire la préparation mentale avec un coach": comment l'équipe de France d'équitation se prépare pour Paris 2024

A six mois des Jeux olympiques de Paris 2024, Sophie Dubourg, Directrice Technique Nationale d’équitation continue d’observer les cavaliers et cavalières. Au Jumping de Bordeaux, elle vient faire un état des lieux des Français du saut d’obstacles. Avant de rendre la sélection officielle pour Paris en juin prochain.

Ce week-end, au Jumping International de Bordeaux, votre présence n’est pas anodine...

Il y a une vraie revue des effectifs. J’échanges avec les cavaliers, les grooms, les propriétaires. Tout le staff aussi qui gravite autour des cavaliers... pour la performance. C'est un événement hyper important, une étape de coupe du monde. Cette unité de lieu pour ces échanges dans les coulisses est importante. Le but est de rencontrer tout le monde, de faire le bilan. Et puis aussi de voir les performances. On a des couples attendus, avec des points à glaner. Chaque épreuve est importante. On a déjà deux cavaliers qualifiés (pour la finale du circuit Longines en saut d’obstacles à Riyad), qui sont nos deux cavaliers de tête, Julien Epaillard et Kevin Staut. D'autres couples peuvent chercher la qualification ce qui serait synonyme de très grosse performance ce week-end. On va être au plus proche d'eux pour qu'ils performent.

Une liste, non officielle pour les Jeux olympiques a été affinée en novembre dernier en saut d’obstacles. Elle sera revue prochainement?

Elle sera affinée surtout fin avril après une compétition en extérieur, à Fontainebleau. Ici à Bordeaux, des cavaliers ont pris la décision de ne pas faire concourir leurs chevaux qualifiés pour les Jeux en indoor, même si c’est le même sol que pour les Jeux Olympiques. Un sol en fibre, en sable. (Aux JO, ce sera en extérieur à Versailles). Et comme on est en France beaucoup de cavaliers français sont engagés, ce qui nous permet d’en voir plusieurs.

Quels sont les objectifs que vous fixez à l’équipe de France de saut d’obstacles pour les Jeux olympiques?

Au jumping tout le monde rêve de médaille. À ce jour c'est réalisable, on connaît notre potentiel. Mais aussi celui des autres nations. Certaines nations se détachent, d'autres son médaillables. On a des cavaliers très expérimentés, on peut, non pas rêver, mais avoir une médaille.

Après l’échec de Tokyo en 2021 par équipe (refus d’obstacle du cheval de Leprevost alors que la France était bien placée pour une médaille), avez-vous revu la gestion des troupes avant une telle échéance?

Sur chaque événement, s’il y a une victoire on essaye de reproduire ce qui a marché et s’il y a une défaite, ça met en exergue les choses qui n’ont pas bien été gérées. A Tokyo, c’était peut-être le parcours individualisé de préparation des couples qui n’a pas marché. C’est-à-dire qu’on avait mis tout le monde dans le même cadre et il y avait des chevaux fatigués, avec une charge émotionnelle aussi. Il y a trois ans, Pénélope Leprévost part en dernière, est-ce que cette pression de la médaille a déstabilisé ? Parce qu’on était très confortables. Depuis, on a rendu obligatoire la préparation mentale avec un coach personnel et en équipe. Tout ça fait qu'on a redoublé d’effort de préparation, de prévention du suivi des chevaux. Et essayer de les mettre plus tôt dans la difficulté des Jeux, pour ensuite se donner du confort pour écouter chaque couple dans sa préparation optimale comme on fait avec les athlètes humains.

Cette année, ce sont des Jeux à la maison. Est-ce que vous sentez une pression différente?

Même si on a envie de performer sur chaque olympiade, on a des cavaliers et des staffs qui ont de l’expérience, il faut être bien accompagné. Avec le coach mental a eu un temps d’échanges collectif sur justement comment on se sent et qu’est-ce qui nous manque. On a tous envie de faire plus. On a déjà des cavaliers qui s'enferment dans les bulles, qui sont moins à l’écoute. Ça se sont des indicateurs de stress. Il y a plus de pression, c’est évident.

On peut imaginer qu’il y aura une attente particulière de la part du public de voir l’équipe de France briller…

On a un devoir de bien préparer les Jeux Olympiques pour briller. On connaît notre sport et les animaux... On essaye de se dit qu’il n’y a pas de hasard, que la chance n’existe pas... C’est ce travail mesuré qui va payer. Travailler dans la fatigue ou excès de stress ce n’est pas bon. Déjà exprimer, avec le coach mental qu’il y a plus de pression, que oui on est plus stressé. Et qu’à chaque fois qu’on parle des Jeux on ressent un petit truc… ça, ça veut dire qu’il faut gérer l’évènement.

Léna Marjak