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Escrime: "J’ai montré que je serai dangereux jusqu’au bout", lance Borel

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Sacré champion du monde d’épée ce lundi à Wuxi (Chine) Yannick Borel (29 ans) savoure sa première médaille d’or mondiale en individuel. Il se confie à RMC Sport sur son parcours sinueux et ses objectifs à venir, avec en ligne de mire les Jeux de Tokyo en 2020.

Yannick, vous venez d’être sacré champion du monde pour la première fois de votre carrière, que ressentez-vous ?

Je ressens de la joie, je ressens du soulagement, toutes les émotions! J’ai eu ma femme au téléphone, elle était en pleurs, j’étais tellement content que je n’ai pas pleuré, il faut que je la rappelle…

Ce titre, c’est le plus beau de votre carrière?

Oui, parce que je m’étais fixé beaucoup d’objectifs, dont celui-là qui n’est pas le plus facile à atteindre. Ce ne sont que mes troisièmes championnats du monde, parce que j’ai eu une période un peu en-dessous. Et aujourd’hui j’étais là, et j’ai eu ma médaille. J’étais peut-être seul sur la piste mais c’est un travail d’équipe, on ne gagne pas seul. J’ai le staff technique de l’INSEP qui est à mes côtés. Il m’apporte beaucoup au quotidien. Je pense à ma préparatrice physique et à celui de la "fédé", à mon coach mental, à mon club qui me soutient (…) Je suis le résultat de ce travail, mais derrière moi, il y a une équipe.

Vous avez été accroché en 16es de finale puis en 8es. C’a été compliqué jusqu’à cette finale, qui a été expéditive (15-4), à sens unique…

Avant le match, je me suis dit que c’était quelqu’un contre qui j’avais déjà perdu il y a longtemps (le Vénézuélien Ruben Limardo Gascon, ndlr), mais je voulais aller chercher ma médaille. Le plus important, c’était de lui montrer que je pouvais être plus fort que lui aujourd’hui. C’est ce que j’ai réussi à faire. J’étais en pleine possession de mes moyens, surtout physiquement, ça m’a permis de tenir le rythme sur toute la finale. En plus à la fin, il m’a dit: "Quand t’es comme ça, je ne sais pas quoi faire". Parce qu’on s’était déjà affronté lors des Jeux par équipes et c’était aussi monstrueux. Venant d’un champion comme lui, c’était un honneur. Donc si en plus de la victoire, j’ai le respect de mes adversaires, c’est génial et ça conclut une journée qui n’a pas été facile.

Ce titre concrétise une montée en puissance depuis trois ans avec trois titres de champion d’Europe successifs, c’est votre meilleure saison?

Clairement! En plus, apparemment, je vais terminer la saison numéro 1 mondial pour la deuxième fois consécutive. Donc c’est bien parce que je montre à mes adversaires qu’il faut compter sur moi et que je peux être le meilleur. L’an dernier, j’étais passé à côté de mes championnats du monde en individuel, et là, j’ai montré que je serai dangereux jusqu’au bout. Dans deux ans, il y a Tokyo (les Jeux Olympiques, ndlr), et entre temps, il y a les Mondiaux à Budapest donc le travail que je fourni à l’INSEP, ça paie. Je vais pouvoir rentrer en Guadeloupe pour fêter ça et profiter avec ma famille.

Cette victoire est-elle un tremplin pour ces Jeux de Tokyo?

Non, c’est dans deux ans et c’est complètement différent. Cette année, j’ai été blessé donc je ne sais pas où j’en serai dans deux ans. Je mets en place des choses pour être dans la meilleure forme qui soit, mais rien ne me garantit que j’y serai, car pour l’avoir vécu deux fois, je sais combien il est difficile d’y participer. Mais il y avait un titre à prendre aujourd’hui et je ne vais pas m’en priver. Je ne vais pas bouder ma joie, mais dans deux ans, ce sera autre chose. A moi d’être présent et si c’est le cas alors Wuxi aura peut-être été une étape.

Propos recueillis par H.Castagnede