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Coupe de France: "La meilleure équipe de tous les temps", les confidences de Michel Denisot avant Châteauroux-PSG

Le Paris Saint-Germain se déplace vendredi à Châteauroux lors des 32es de finale de Coupe de France. Ancien président emblématique du PSG et dirigeant du club castelroussin, Michel Denisot a livré son ressenti avant ce duel au micro de RMC Sport. Le président non-exécutif de Châteauroux a salué l’évolution du club francilien et voit l’équipe actuelle comme la meilleure du monde et un favori en Ligue des champions.

Michel Denisot, un match particulier attend Châteauroux face au Paris Saint-Germain…

C’est un match singulier pour moi évidemment puisque dans ma vie de dirigeant de football qui commence à être assez longue depuis 1989 comme président à Châteauroux puis au PSG deux ans plus tard. Ce sont les deux clubs que j’ai présidés donc j’ai un attachement depuis toujours et pour toujours à Châteauroux. Et puis à Paris, cela a été très fort à un moment donné. Aujourd’hui je suis le PSG à distance. On s’était déjà retrouvé en 2004 en finale de Coupe de France, c’était un autre moment encore plus fort évidemment. Mais là, c’est vrai qu’à titre personnel, cela arrive aussi à un moment où je pense que la boucle est un peu bouclée pour moi. C’est très agréable de voir arriver cet épisode. Et pour les gens de la région c’est fantastique parce qu’il n’y avait aucune chance que le PSG vienne jouer à Châteauroux autrement que dans ces conditions.

Quand on est Châteauroux, 14e de National, que se dit-on avant d’affronter l’ogre du football français?

Il y a plusieurs façons de voir la situation. C’est d’abord une chance de jouer contre Paris pour les joueurs de Châteauroux. Même si l’on avait très bien démarré le championnat, on a eu ensuite une très mauvaise série qui nous a conduit à un mauvais classement qui n’est pas notre objectif. Je pense que l’on a un bon effectif de National, c’est sûr, mais de là à pouvoir concurrencer le Paris Saint-Germain… ce n’est pas possible. Il s’agira que l’équipe fasse bonne figure, de faire un bon match et que les joueurs haussent leur niveau. Et surtout que cela soit utile pour le match d’après, le match le plus important pour nous en championnat contre le Red Star. Ce match peut aussi permettre aux joueurs de prendre conscience de leur valeur. Quand on est dans une bonne phase on est conscient de sa valeur mais dans les mauvaises phases on doute un peu. Que les joueurs prennent du plaisir à jouer ce match. C’est ça l’essentiel aujourd’hui.

La rencontre constitue-elle une sorte de parenthèse enchantée pour le club et les supporters?

Oui c’est une chance. Je pense que tous les clubs de National nous envient, et je les comprends, de recevoir le Paris Saint-Germain qui est aujourd’hui l’un des plus grands clubs du monde. C’est fantastique pour nous. Et pas que pour Châteauroux puisque nous sommes à guichets fermés avec près de 15 000 spectateurs. Le public vient aussi des départements autour et on sent que c’est une région qui aime le foot. Cela ratisse beaucoup de fans de foot. On aurait fait 30 000 spectateurs s’il y avait eu 30 000 places.

L’idée d’un "Denisotico" vous amuse-t-elle?

Oui, oui. Je me demande si ce n’est pas Luis Fernandez qui a commencé avec ça. Quand il y a eu le tirage il m’a appelé depuis le Qatar pendant la Coupe du monde. Mais il ne faut pas ramener cela à moi. Effectivement ce sont les deux clubs que j’ai présidés. C’est assez rare dans la vie d’un président de club d’avoir deux clubs et de les voir se rencontrer. Et que l’un des deux soit un club fantastique comme le PSG l’est devenu aujourd’hui.

Quel que soit le résultat, serez-vous heureux?

Tout à fait, des Bleu et Rouge vont gagner. Là, je peux jouer au Loto tout de suite. Je suis sûr de gagner. Après le résultat ne fait pas de doute sauf si cela arrive une fois tous les dix siècles d’avoir une surprise de cette dimension. On n’est pas dans cet état d’esprit-là. On est dans l’état d’esprit que cela soit une fête du foot et que des très très grands puissent jouer contre des joueurs professionnels. La plupart chez nous viennent aussi de centres de formation des clubs de première division et ce sont des joueurs avec un bon bagage et qui vont essayer de montrer qu’ils sont compétitifs malgré tout.

Avec votre passif au PSG, on imagine des choses sympathiques avec le club parisien comme d’un moment d’échange entre joueurs...

On n’a pas encore discuté de cela. J’ai échangé avec Nasser al-Khelaïfi au moment du tirage. J’ai parlé avec Jean-Claude Blanc ces jours-ci ou avec Christophe Galtier pour leur dire que l’on était à leur disposition s’il y avait des choses dont ils avaient besoin. C’est tout, on les accueille. Après, le PSG est une énorme machine. Ils arrivent le matin et repartent après le match. On verra sur place comment les choses se passent. Ce sera de notre part, et aussi de la leur j’en suis sûr, dans un très bon état d’esprit.

Quel regard portez-vous sur le Paris Saint-Germain actuel?

Je pense que le PSG n’a jamais été aussi bien armé pour atteindre son objectif qui est de gagner la Ligue des champions. Cette année, c’est la meilleure équipe de tous les temps. La Coupe du monde l’a montré. Le capitaine de l’équipe qui a gagné le Mondial c’est Lionel Messi, je pense que Kylian Mbappé était le meilleur joueur de la compétition et Neymar a fait une très bonne Coupe du monde même si le Brésil a été sorti plus tôt que prévu. C’est trois-là, personne n’a l’équivalent aujourd’hui.

Il y a de très grands joueurs comme Haaland, etc. Mais personne n’a une addition offensive. Je ne vais pas décliner toute l’équipe mais c’est une équipe très très forte. Je crois que cette année le PSG, qui n’a pas encore atteint son objectif, n’a jamais été aussi bien équipé pour l’atteindre.

"Messi peut faire une année de Ballon d’or"

Pensez-vous que le PSG aurait dû gagner la Ligue des champions plus tôt?

Je ne suis pas à l’intérieur du club. Mais je sais par expérience que les journalistes essayent de comprendre les choses. Mais quand on n’est pas à l’intérieur on n’a pas tous les paramètres. Pourquoi cela n’a pas atteint l’objectif jusqu’à maintenant, il y a eu des moments un peu inattendus dans la compétition. Mais je pense que cette année, les gens qui ont gagné ce sont ceux qui savent gagner.

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Dans l’équipe du PSG, il y a des gens qui ont gagné et qui ont un palmarès de dingue. Lionel Messi est évidemment le numéro un dans ce domaine. Je pense que le PSG a cette année une équipe très très forte et très motivée. Messi peut faire une année de Ballon d’or s’il gagne la Coupe du monde, ce qu’il a fait, puis la Ligue des champions. Il sera difficile à détrôner pour Ballon d’or. Neymar n’a pas fait le Mondial qu’il rêvait et il lui reste la Ligue des champions. Mbappé a fait une superbe Coupe du monde et a une ambition à la hauteur de son talent qui est immense. Vraiment je suis assez confiant cette année sur le PSG en Ligue des champions.

Comment construire un club pour arriver à le faire gagner comme vous l’avez fait avec le PSG en gagnant une compétition européenne?

Moi c’était il y a une vingtaine d’années donc le monde a changé. Le monde du foot a changé. Ma façon de faire c’est une façon de travailler avec beaucoup de proximité avec le groupe et d’être très présent dans la vie du club. Aujourd’hui les présidents de club, surtout au niveau de Paris, ce sont des dirigeants qui ont des activités multiples etc.

Je ne sais pas comment cela marche à l’intérieur mais quand j’y étais, c’était presque à plein temps au sein du club. J’étais détaché de Canal+ à l’époque même si j’avais une émission hebdomadaire. J’étais à bloc dans le PSG, j’y étais tous les jours. J’étais à l’entraînement et j’avais beaucoup de contacts avec les joueurs. Après, il faut savoir beaucoup de choses sur les joueurs, les comprendre et connaître un peu leur vie. Non pas pour s’immiscer dans leur vie mais pour les aider. L’objectif du président comme de l’entraîneur c’est de tirer le meilleur de l’effectif. Une équipe joue comme l’entraîneur le veut, aussi comme le club est dirigé.

Sentez-vous que c’est différent cette année, avec le duo Galtier-Campos?

Il faut une harmonie. Vous savez, les joueurs ressentent tout. Ils ont une sorte d’instinct animal de ressentir tout ce qu’il se passe. Même ce qui n’est pas dit. Les joueurs ont un ressenti sur le fonctionnement d’un club. Je crois que quand il y a une équipe dirigeante extrêmement compacte et solidaire, c’est très très bon pour l’équipe. Cela se retrouve aussi dans l’équipe. Cette année, il y a cela au PSG. Je connais de loin Campos et Galtier.

Je ne vais pas aller plus loin mais il me semble qu’il y a une harmonie totale entre eux. Ils l’ont prouvé ailleurs avant et c’est très fort. Les joueurs savent qu’il n’y a pas d’espace pour jongler dans l’équipe dirigeante. Ce n’est pas parce que l’un va dire non qu’il faut demander à l’autre pour obtenir un oui. C’est très bien et je pense que cette année la machine est au point à ce niveau-là.

Dans votre action comme dirigeant à Châteauroux ou Paris, vous êtes-vous évertué à ce que l’institution du club soit forte?

Oui. Vous savez quand vous êtes dans un club et que cela marche comme avec le PSG à l’époque, on n’est pas le club. Le club c’est au-dessus de tout. Quand on est dedans, on croit que l’on est le club. Mais non! On n’est que de passage dans un club. On participe à sa vie, on est les acteurs d’un club. Mais c’est tout. Le club est plus fort que tout mais les joueurs le savent aussi en général. Après, certains peuvent essayer de faire un peu le forcing.

A Paris, c’est tellement évident que le club est plus fort que tout. A Châteauroux c’est une autre dimension et puis j’y suis président non-exécutif car le club appartient à un groupe saoudien basé à Genève. C’est ce groupe qui dirige vraiment le club, ce n’est pas moi. Je suis président de représentation et cela s’est fait au moment de la transaction du club. Le propriétaire a souhaité que je reste président pour que tout se passe de façon fluide. Je ne vais pas non plus le faire cent sept ans. Je ne suis pas un président actif comme je l’étais avant.

Propos recueillis par Anthony Rech