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EA FC 24: pourquoi l'arrivée des joueuses et des équipes mixtes dans Ultimate Team est une révolution

EA Sports FC 24 (illustration)

EA Sports FC 24 (illustration) - EA Sports

EA Sports FC 24, ex-FIFA, donne la possibilité pour la première fois de jouer avec des équipes mixtes dans le mode Ultimate Team. Une nouveauté importante, qui dérange une partie de la communauté des joueurs.

Deux révolutions en une. EA Sports FC 24 - le nouveau jeu vidéo d'Electronic Arts et le bien culturel le plus vendu en France - n'est pas seulement le premier à ne plus s'appeler FIFA comme ce fut le cas pour les 39 précédentes éditions de la célèbre série de simulation de football qui existe depuis 1993. Il est aussi le premier à donner la possibilité de disputer de matchs avec des équipes mixtes dans son mode de jeu phare, à savoir Ultimate Team. Pour la première fois, des cartes de footballeuses sont à gagner, acheter et échanger pour les aligner sur le terrain avec les traditionnelles cartes des footballeurs. Avec la particularité que les statistiques techniques et physiques sont égales (une note générale de 90 a la même valeur quel que soit le genre).

C'est ainsi que la latérale gauche Sakina Karchaoui (Paris Saint-Germain) se retrouve dans la première équipe de la semaine sélectionnée par EA Sports, qui, en créant de nouvelles cartes boostées, met en valeur les meilleures prestations réalisées sur les vrais terrains durant le week-end. Avec un but sur penalty et deux passes décisives contre Bordeaux lors de la première journée de D1 féminine, l'internationale française se retrouve aux côtés de Mats Hummels, Jérémy Doku, Mohamed Salah ou encore Robert Lewandowski. Sa nouvelle carte, qui la fait passer d'une note de 86 à 87, s'avère être l'une des meilleures pour ce poste au lancement du jeu. Ce qui en fait l'une des plus chères sur le marché (environ 120.000 crédits vendredi midi contre 78.000 pour Théo Hernandez à titre d'exemple).

Laure Boulleau se félicite des changements

En matière de visibilité du football féminin, EA Sports est l'un des acteurs qui a le plus fait bouger les lignes. L'éditeur américain fait tomber un premier tabou en 2015, avec l'introduction des équipes féminines dans FIFA 16. Les équipes mixtes apparaissent pour la première fois dans FIFA 20, au sein du mode Volta dédié au football de "city stade". Puis à partir de FIFA 22 dans le mode Club Pro, dans lequel chacun contrôle son propre avatar en multijoueur. Mais toutes ces avancées sont sans commune mesure avec l'arrivée du football féminin dans Ultimate Team, centre névralgique du jeu qui génère à lui seul plus d'un milliard de dollars par an grâce à ses microtransactions, ses ajouts de contenu tout au long de la saison et bien sûr l'aspect compétitif avec la quête de la meilleure équipe possible.

"Ça aide au développement de la pratique, c'est indéniable", se réjouit la consulante et ancienne internationale française Laure Boulleau dans une interview accordée à RMC Sport.

"C'est grâce à ce genre de petits détails qu'une petite fille va avoir plus confiance sur le fait qu'une fille peut jouer au foot quand elle veut, où elle veut, sans se poser de questions sur la réaction des autres", assure-t-elle.

Vague de défiance

Le changement n'est toutefois pas indolore. Une partie du public, croisement des communautés très masculines et sexistes du football et du jeu vidéo, ne manque pas d'exprimer son hostilité. Avec pour certains l'argument du réalisme désormais détérioré, quand le jeu permet depuis longtemps d'aligner des Lev Yashin (mort en 1990), Bobby Moore (mort en 1993) et George Best (mort en 2005) en même temps que les footballeurs contemporains. Ou encore des cartes Mauro Icardi latéral gauche et Dante avant-centre. La défiance s'exprime aussi à travers des vagues d'avis et commentaires négatifs contre les cartes des joueuses sur le site référence Futbin. À quelques heures du début de l'accès anticipé au jeu (22 septembre, 18h), 19 des 20 plus mauvais ratios likes/dislikes concernent des joueuses. La moins bien notée est la champione du monde américaine Megan Rapinoe, figure de proue mondiale du foot féminin, engagée pour les droits des LGBTQ. Dans la première équipe de la semaine, une seule carte a un ratio négatif: celle de Sakina Karchaoui, l'unique femme du onze.

"Ceux qui ne veulent pas, ils ne font pas. C'est un peu le but d'un jeu vidéo, rétorque Laure Boulleau, désormais dans le jeu avec sa voix en tant que reporter studio. Moi, je ne forcerai jamais quelqu'un à aimer le football féminin. Par contre, je me bats contre le manque de respect. Je ne vais pas pousser les gens à aimer toutes les joueuses. Je pars du principe que chacun fait ce qu'il veut. Si quelqu'un ne veut pas de filles dans son équipe Ultimate Team, eh bien il n'en choisira pas. Ce n'est pas très grave".

Et d'après Laure Boulleau, la demande pour les équipes mixtes n'est pas à sous-estimer: "Je fais des matchs de charité mixtes avec des anciens joueurs. Physiquement, on se nivelle quand on vieillit. Et c'est génial. Les gens adorent ça dans les stades. (...) Je pense que la majorité trouve ça très cool. Le fait que ce soit dans un jeu vidéo, comme il n'y a plus cet aspect athlétique, tu peux t'amuser à faire des trucs que tu ne peux pas vraiment imaginer dans la vraie vie. C'est comme ça qu'il faut le prendre".

https://twitter.com/julien_absalon Julien Absalon Journaliste RMC Sport