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Equipe de France: ils ont vécu la journée noire de Knysna il y a dix ans, ils racontent

C'était il y a déjà dix ans. Le 20 juin 2010, au milieu d'une Coupe du monde cauchemardesque, l'équipe de France vivait la pire journée de son histoire à Knysna. Retour sur ces moments surréalistes avec une histoire orale au fil des déclarations des acteurs glanées au fil des années.

Trois jours avant, des Bleus catastrophiques et sans idées de jeu ont sombré face au Mexique (0-2), deuxième match d’une Coupe du monde 2010 entamée par un match nul et vierge face à l’Uruguay (0-0). La veille, la célèbre Une du quotidien L’Equipe relatant l’échange entre Raymond Domenech et Nicolas Anelka à la pause – « Va te faire enc..., sale fils de p... ! », version corrigée depuis à plusieurs reprises par l’ancien sélectionneur qui raconte un « Enc..., t’as qu’à la faire tout seul ton équipe de merde ! » lâché par son attaquant – a mis le feu à la maison bleue. 

Et Patrice Evra, le capitaine, lance la chasse à "la taupe" dans une conférence de presse surréaliste, avant un communiqué de la Fédération française en début de soirée annonçant le renvoi à la maison d’Anelka (qui a refusé de s’excuser publiquement mais avait été convaincu par Evra et Thierry Henry de le faire en privé auprès de Domenech, qui lui a posé un lapin). Quand le soleil se lève ce 20 juin 2010 sur Knysna, camp de base des Bleus pour ce Mondial sud-africain, l’équipe de France est déjà un bateau à la dérive. Mais elle va vivre la pire journée de son histoire et sombrer dans le ridicule pour de bon.

Ribéry s’invite en short-claquettes-chaussettes sur le plateau de Téléfoot, s’excuse des performances bleues et dément une altercation avec Gourcuff

Un des vingt-trois Bleus à Knysna: "Personne ne devait parler avant la grève" (Le Monde)

Jean-Pierre Bernès (agent de quatre Bleus à Knysna, Ribéry, Squillaci, Diarra et Planus): "Franck m’a appelé vingt secondes avant l’émission pour me dire: 'Je n’en peux plus, je vais m’exprimer'." (So Foot

Franck Ribéry (ancien joueur de l’équipe de France): "On était un groupe, tous ensemble, on a tous fait les mêmes erreurs, il n’y en a pas un qui a su dire : ‘Non ça ce n’est pas bien et ça c’est bien’. On était tous dedans. Quand je prends la parole avec l’histoire qu’on a pu sortir avec Gourcuff, c’est car je me dis: 'C’est quoi encore ce truc ? On en rajoute...'" (Luis Attaque - RMC)

Jano Resseguié (journaliste RMC Sport, suiveur des Bleus depuis 1999): "On est dans l’émission Larqué Foot. Comme on est en même temps que Téléfoot, un journaliste de notre équipe écoute et vient nous raconter que Ribéry est venu sur le plateau pour s’excuser. On ne s’attendait pas du tout à ce genre de choses. A partir de là, et par rapport aux infos qu’on avait, on se dit qu’il va peut-être se passer un truc, qu’il va y avoir quelque chose, qu’ils vont par exemple faire un communiqué de soutien à Anelka. Mais s’attendre à une grève? Pas du tout."

L’arrivée des joueurs en bus sur le terrain d’entraînement, le mal nommé "Field of Dreams"

Jano Resseguié: "Je reçois un coup de fil du directeur de la rédaction de BFMTV de l’époque (Patrick Roger, ndlr) qui nous dit: 'On va faire l’entraînement en direct cet après-midi, prenez vos dispositions'. Je suis un peu sceptique car la première fois qu’on l’avait fait, il n’y avait rien à raconter. Mais il a eu du nez, il faut le reconnaître. (Sourire.) Domenech avait bien fait les choses pour qu’on soit bien emmerdés pour aller au centre d’entraînement, il y avait des contrôles de police à n’en plus finir et on rentre dans le stade au moment où le bus arrive."

Robert Duverne (ancien préparateur physique des Bleus): "Je vois les joueurs traverser la pelouse pour aller signer des autographes vers des gamins qui étaient invités. Mais il n’y a pas le protocole habituel où les gars descendent avec les chaussures puis vont vers le banc pour les enfiler." (Team Duga - RMC)

Jano Resseguié: "Une fois, en discutant avec Rolland Courbis, je lui avais demandé comment ça se passait au niveau des entraînements : quand un joueur vient avec ses baskets, est-ce qu’il a les crampons à côté ou est-ce qu’il ne s’en sert pas? Il me dit qu’il peut prendre les crampons avec lui, les mettre sur le côté de la pelouse et s’en servir une fois qu’il a fait le footing. Mais là, on les voit arriver en baskets mais sans crampons à la main, et ils avancent tranquillement."

Les Bleus en baskets sur le terrain d'entraînement de Knysna le 20 juin 2010
Les Bleus en baskets sur le terrain d'entraînement de Knysna le 20 juin 2010 © AFP

Les joueurs refusent de s’entraîner après l’exclusion d’Anelka, décision prise la veille en réunion

Nicolas Anelka (ancien joueur de l’équipe de France): "Si Domenech avait dit la bonne version le jour de la Une de L’Equipe, pas de grève des joueurs. Pas de grève, pas de bus. Donc pas de scandale mondial. Peut-être même une victoire dans le dernier match et une qualification à la clé. Mais ça n’arrangeait ni la Fédération ni L’Équipe de révéler la vérité… Il semblait préférable de la cacher, de condamner le geste solidaire envers moi. Je n’ai aucune rancœur, juste un sourire en coin car le faux est voué à disparaître. Lorsqu’on dit la vérité, on dort bien. Et je dors très bien..." (Journal du Dimanche)

Djibril Cissé (ancien joueur de l’équipe de France): "Le capitaine n’est pas d’accord avec ce qui s’est passé pour le départ de Nico. Il décide de taper du poing et de montrer qu’on est solidaires. On aurait dû le montrer sur le terrain selon moi mais bon... Il dit: 'Demain, on ne s’entraîne pas'. Ça discute, certains veulent, d’autres ne veulent pas, mais c’est quand même lui le capitaine donc il prend la décision et on suit. Bêtement. Mais on ne réalise pas les répercussions car on est coupés du monde, loin de la France. C’est après qu’on réalise ce qu’on a fait. Aujourd’hui, je m’en veux beaucoup de ne pas avoir eu les couilles de réagir et de sortir du bus. Pour l’amour que j’ai pour l’équipe de France, et que j’ai toujours clamé, pour moi, pour ma famille, et pour la relation qu’on a avec Raymond, j’aurais au moins dû m’exprimer et dire que c’était une connerie. A la place, je n’ai rien dit et j’ai suivi." (Touche Pas à Mon Sport)

Jano Resseguié: "On n’imaginait pas que les joueurs puissent aller jusque-là, surtout après avoir été mauvais sur le terrain depuis le début de la compétition. On est complètement surpris et même subjugués. On se dit: 'Mais qu’est-ce que c’est que cette histoire?' Les joueurs sont dans leur bulle car ils ont été volontairement isolés par Domenech et ils osent faire grève. Ils osent se mettre en danger vis-à-vis de l’opinion publique et de tout ce que ça aura comme conséquences. C’est diffusé partout, partout, partout, on est la risée du monde du football."

Le célèbre bus de Knysna, le 20 juin 2010
Le célèbre bus de Knysna, le 20 juin 2010 © AFP

Raymond Domenech (ancien sélectionneur de l’équipe de France): "Au déjeuner, j'ai dit en rigolant: 'J'espère qu'ils ne vont pas faire la grève de l'entraînement'. Mon staff a éclaté de rire, c'était tellement improbable. J'ai parlé avec Hugo Lloris, qui m'a dit avant de partir à l'entraînement: 'On va faire une connerie'. (...) Dans le bus, j'ai dit aux joueurs: 'Je ne sais pas ce que vous allez faire mais il y a des caméras. Tout va être disséqué, soyez vigilants. J'espère que vous n'avez pas oublié qu'on est là pour jouer une Coupe du monde.' Patrice Evra descend le dernier, la lettre à la main. 'Coach, il faut que je vous voie.' On se met derrière le bus pour ne pas être vus par les journalistes alignés sur la colline. Il me donne la lettre. J'ai presque honte de ma première pensée: ce n'est pas eux qu'ils l'ont écrite, il n'y a pas de fautes d'orthographe. Rétrospectivement, c'est cela qui est le plus grave: quelqu'un censé avoir la tête sur les épaules leur a écrit ce courrier, c'est ahurissant. Je lui ai dit: 'Mais vous êtes fous! Vous êtes réellement fous!'" (L’Equipe Magazine)

Franck Ribéry: "Qu’on puisse dire des choses seulement sur deux ou trois joueurs qui auraient tout organisé... C’était tous ensemble. On était dans un truc. La discussion a été collective, tout le monde pouvait s’exprimer, que ce soit dans le bus ou ailleurs, tout le monde était concerné et au courant. C’était ce qu’on avait décidé." (Luis Attaque - RMC)

Sidney Govou (ancien joueur de l’équipe de France): "On touchait à Nico, quelqu'un d'important dans le groupe, que tout le monde appréciait... Mais c'est ce qui est dommage. L'unité a été faite de mauvaise manière. Pour moi, la raison était louable, mais la manière n'était pas la bonne. Généralement, sur un groupe de vingt-trois, tu en as dix qui disent oui, quelques-uns qui disent peut-être et les autres, ils suivent..." (So Foot)

François Manardo (ancien chef de presse des Bleus): "Les médias avaient réclamé de pouvoir faire des photos. J’en avise le directeur de la sécurité de l’équipe de France. Il est totalement affolé quand il décroche le téléphone. Je n’ai même pas le temps de formuler la question parce qu’il me dit: 'Ils ne vont pas s’entraîner, ils sont en baskets'. Je raccroche. J’entends alors – j’ai encore le bruit dans l’oreille, dix ans plus tard – comme des bruits de mitraillette. En fait, les photographes voient la scène entre Robert Duverne et Patrice Evra, ça commence à s’envenimer." (Team Duga - RMC)

La tension monte entre Evra, Domenech et Duverne, qui jette son chronomètre de rage

Robert Duverne: "Les joueurs ne sont pas équipés pour s’entraîner. C’est pour ça que je m’approche du duo, pour m’enquérir de la situation. (...) J’ai un 'body language' qui est assez expressif, ça fait partie de ma personnalité. C’est plus une altercation, un rapport entre le préparateur physique et un joueur pour dire: 'Il faut s’entraîner'. Raymond me dit: 'Robert, il y a des caméras en haut dans la colline'. Pat aussi. Ils n’ont pas envie de ça devant les caméras. Ils m’avertissent à plusieurs reprises. Je reste focalisé et énervé. On est un peu à bout de nerfs par rapport aux sacrifices consentis, à la compétition. Je m’emporte. Mais je ne m’emporte pas parce qu’il y a des propos insultants. Je m’emporte pour être convaincant et dire: ça ne peut pas se passer comme ça." (Team Duga - RMC)

Jano Resseguié: "On a un problème de liaison avec Paris, donc on fait tout au téléphone alors que le cadreur envoie l’image. J’ai un coup de bol: le mec d’ARD, la télé allemande, est en train de filmer à côté et me met un coup de coude pour me montrer qu’il y a l’histoire avec Evra, Domenech et Duverne qui jette le chronomètre. Là, on se dit que ça part en sucette complet. Qu’est-ce qui se passe? Les joueurs se barrent, on voit la gestuelle de Pat Evra, on sent qu’il y a de la colère, de la frustration."

Patrice Evra (ancien capitaine de l’équipe de France): "J'aurais dû laisser mon portable ouvert et écouter les avis de certains comme Didier Deschamps. Je me suis mis dans une bulle, je ne savais pas quelles répercussions cela pourrait occasionner. J'aurais dû prendre les choses moins à cœur. Je me suis fait bouffer. Au lieu de penser au groupe, j'aurais dû penser à ma tronche. Même si j'assume et que je ne regrette rien, Thierry Henry m'avait dit de penser à moi. Que personne ne serait là pour moi à l'arrivée et c'est ce qu'il s'est passé. J'ai écorché cette image de capitaine de l'équipe de France et en cela je m'en veux." (Le Figaro)

Robert Duverne (de face à droite) ne cache pas sa colère face à la grève des Bleus et Patrice Evra (à gauche), le 20 juin 2020 à Knysna
Robert Duverne (de face à droite) ne cache pas sa colère face à la grève des Bleus et Patrice Evra (à gauche), le 20 juin 2020 à Knysna © AFP

Les joueurs remontent dans le bus et ne veulent plus en descendre

William Gallas (ancien joueur de l’équipe de France): "A la base, qu’est-ce qu’on devait faire? On ne voulait pas s’entraîner, c’est un fait, car on n’était pas d’accord avec la décision de la Fédération pour Nico. Comme on le voit sur les images, on est parti voir les supporters, on a signé des autographes, on est remonté dans le bus et on devait repartir. Si le bus repart, tu n’as pas tout ce problème. Mais quand on est remonté dans le bus, le sélectionneur n’a pas voulu que le bus parte. Il a demandé au chauffeur de quitter le bus. On n’avait pas de chauffeur! Comment tu fais? On ne peut plus contrôler." (After Foot - RMC)

François Manardo: "Si le bus n’a pas redémarré, c’est qu’il y avait eu une consigne de la part des membres du staff." (Le Vestiaire - RMC Sport)

Jano Resseguié: "Là, on voit René Charrier, représentant de l’UNFP au sein de la délégation de l’équipe de France, qui va dans le bus et qui leur demande de sortir. A l’époque, Rolland Courbis a cette phrase mythique: 'Un délégué syndical qui va demander à ne pas faire grève, je n’avais jamais vu ça...' Il leur expliquait de descendre du bus. Les joueurs tirent les rideaux car ils se rendent compte qu’ils sont filmés."

Sidney Govou: "Est-ce que j’ai pensé à descendre du bus? Forcément, mais je ne l'ai pas fait, donc je fais partie de la chose. Sur le moment, c'est dur à comprendre, parce qu'on ne sait pas que c'est filmé en direct... Surtout, on ne voulait pas vraiment faire une grève. On voulait rentrer aux vestiaires, c'était un jour de décrassage, on pensait que ça aurait un autre impact." (So Foot)

William Gallas: "Est-ce que j’ai des regrets sur ce qui s’est passé? Avec du recul, oui. Si c’était à refaire? C’est une question compliquée. Si tu es dans le même état psychologique, tu fais la même chose." (Le Vestiaire - RMC Sport)

Jano Resseguié: "Personne n’a pris des responsabilités dans le bus pour faire quelque chose."

Les Bleus (avec une partie du staff) rentrent vers leur bus le 20 juin 2010 à Knysna
Les Bleus (avec une partie du staff) rentrent vers leur bus le 20 juin 2010 à Knysna © AFP

Jean-Louis Valentin craque et démissionne devant les caméras

Jano Resseguié: "Il part en râlant et grimpe dans la colline en disant, essoufflé: 'Ce n’est pas possible, c’est un scandale, une honte, ils ne se rendent pas compte de ce qu’ils sont en train de faire !'"

Jean-Louis Valentin (ancien directeur délégué de la FFF auprès des Bleus): "On a été totalement piégés. On avait discuté toute la journée de la veille avec les joueurs. Il ne faut pas croire que la décision d’exclure Anelka, la manière dont tout cela a été fait, s’est faite sur un coup de tête de Domenech ou une décision arbitraire de la Fédé. Cela a duré vingt-quatre heures pendant lesquelles on a essayé de mettre les choses au clair, en essayant d’ailleurs d’éviter cette décision ultime. Nous pensions très sincèrement que l’épisode était clos. Pas dans des conditions brillantes certes, mais qu’on allait pouvoir se projeter sur le match de l’Afrique du Sud. Si on avait eu le sentiment ou l’impression que se préparait un scénario de ce type, nous aurions tout fait pour l'éviter. On aurait réglé les choses en amont. C’est une faillite collective." (Team Duga - RMC)

Jano Resseguié: "Lui en plus, il vient du milieu politique et il est dans un rôle un peu particulier. Il découvre le football, l’équipe de France, la pression que ça représente au niveau médiatique, et là il se rend compte qu’ils ne veulent pas descendre du bus. Il est en hallucination totale."

Jean-Louis Valentin exprime sa colère avant de démissionner, le 20 juin 2010 à Knysna
Jean-Louis Valentin exprime sa colère avant de démissionner, le 20 juin 2010 à Knysna © AFP

Les joueurs ont préparé un communiqué... lu par Domenech (mais les versions différent)

François Manardo: "Evra me tend un papier et me dit simplement: 'Va lire ça, c’est de la part des joueurs de l’équipe de France'. Je lis le truc en diagonale et je comprends que c’est un acte de solidarité vis-à-vis de Nico. Pour moi qui suis salarié de la Fédération, il est hors de question de lire ce communiqué. Ils l’ont pondu et imaginé. Je n’ai pas à le lire, donc je monte dans le bus pour dire à Pat: 'Vous faites ce que vous voulez, c’est à vous de le lire. Tu es le capitaine, c’est à toi de le lire'. Et là, je ne m’en étais pas aperçu, mais Raymond m’avait emboîté le pas. Il me demande le communiqué de presse et le lit pour arrêter cette mascarade, il veut vraiment que ce psychodrame s'arrête." (Team Duga - RMC)

Patrice Evra: "Je devais être en charge de le lire devant les médias. Quand on arrive au stade pour l'entraînement, je montre le texte à Raymond et là il ne me le redonne pas. 'Comme vous êtes des gamins, c'est moi qui vais le lire'. Je lui réponds que non, que je n'ai pas confiance ... Je suis encore bouffé par mon rôle de capitaine, poussé par les autres. Et là je monte dans le bus, les gars me demandent où est le papier. Ils me demandent d'aller le chercher car ils avaient peur que Raymond déforme nos propos. J'y vais, et je ne sais plus quel joueur tire le rideau du bus et dit que le coach lit le communiqué aux médias. On voulait encore m'envoyer au feu. Si j'avais été le lire devant la presse, j'aurais eu l'air d'un grand imbécile." (Le Figaro)

Raymond Domenech: "J’avais fait une conférence de presse pour expliquer que je n’étais pas solidaire de ce mouvement. J’ai lu leur texte pour me débarrasser. Ça a été mal perçu, je l’ai mal expliqué, c’est de ma faute, c’est une erreur de stratégie." (Europe 1)

William Gallas: "C’est Domenech qui a décidé de lire la lettre. C’est lui qui a pris la décision de la lire. Ce n’était pas à lui de la lire, c’est tout." (Le Vestiaire - RMC Sport)

Raymond Domenech (à gauche) lit le communiqué des joueurs aux médias, le 20 juin 2010 à Knysna
Raymond Domenech (à gauche) lit le communiqué des joueurs aux médias, le 20 juin 2010 à Knysna © AFP

Jano Resseguié: "Domenech prend la responsabilité de lire le papier. Il s’installe et tu as un arc de cercle avec tous les médias internationaux qui sont là. On doit être à peu près une centaine de personnes. C’est surréaliste, tu es au théâtre! Tu es en train de te dire: 'Mais qu’est-ce qui se passe?' On est la risée du monde entier!"

François Manardo (qui s’adresse à Gallas): "La vraie connerie, c’était de faire la grève. Je te le dis les yeux dans les yeux, si vous aviez lu le communiqué et que vous vous étiez entraînés ensuite, vous seriez devenu les rois du pétrole. Raymond, vous lui coupiez la tête!" (Le Vestiaire - RMC Sport) 

Raymond Domenech: "Prendre la décision de lire la lettre, c'est une erreur totale. Ce n'était pas à moi d'assumer leurs responsabilités. (...) Je ne sais pas qui a écrit cette lettre, je n'ai même pas cherché à savoir. Cela fait dix ans et rien n'a filtré sur cette affaire. Il y a une sorte d'union sacrée très rare dans le foot." (L’Equipe Magazine)

François Manardo: "Jean-Pierre Bernès aurait participé à la rédaction du communiqué avec le conseiller de Jérémy Toulalan" (Le Vestiaire - RMC Sport)

Raymond Domenech: "Je savais que la lettre avait été rédigée par les agents de trois joueurs." (Le Monde)

Jérémy Toulalan (ancien joueur de l’équipe de France): "Je pourrais vous expliquer ce qui s'est passé, réellement, mais ce n'est pas à moi de le faire. J'ai assumé ma part. Les autres? J'aurais pu en tuer, je ne l'ai pas fait. Quand on est honnête et franc dans le milieu du foot, on se fait avoir. (...) Pour en revenir à la lettre, c’est bâtard puisqu’il n’y a pas eu que mon conseiller à l’écrire. Si je donne un nom, ça fera mal à cette personne. Et je pense qu’en plus, ça ferait pas mal de bruit. (...) Sur Knysna, personne ne sait vraiment. Tout n'a pas été dit. Ce dont je suis sûr, c'est qu'il y a un mec qui a assumé, et c'est moi. J'ai dit ce que j'avais fait mais les autres, on ne les a pas entendus. Personne... (...) Moi, je peux me regarder dans une glace." (France Football)

La fin de journée et l’heure du bilan

Jano Resseguié: "Le bus met du temps à repartir mais finit par le faire. Nous, on continue à gratter des papiers pour la radio, le web, la télé, BFMTV en redemande, le lendemain on attaque la matinale là-dessus. Mais quelque part, à ce moment-là, on se dit: qu’on en finisse. Qu’ils se cassent. Qu’ils soient éliminés et qu’on parle enfin football avec les huitièmes, les quarts, les demies et la finale, c’est ce dont on avait envie. On m’a souvent demandé quels étaient mes pire et meilleur souvenirs avec les Bleus. Cet épisode, c’est les deux à la fois. Je n’avais jamais vu un truc comme ça et c’est bien le pire moment de l’histoire de l’équipe de France. Mais professionnellement... quel pied! On a tout raconté en direct, sur le fil du rasoir, c’était génial à vivre."

Alexandre HERBINET (@LexaB)