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OL: dispositif d'accompagnement, salaire... ce qu'il s'est passé lors de la maternité de Gunnarsdottir à Lyon

Au lendemain des déclarations de Sara Björk Gunnarsdottir, qui a expliqué ne pas avoir été complètement payée par l'OL durant sa grossesse, RMC Sport explique comment le club français a géré la grossesse de l'Islandaise, un cas à l'époque nouveau pour l'Olympique lyonnais. L'entraîneure Sonia Bompastor réagit pour la première fois.

Que s’est-il passé dans l’accompagnement de la grossesse et le retour sur les terrains de Sara Björk Gunnarsdottir ? L’OL, conscient de pouvoir progresser dans ce type de situation nouvelle, est en faute selon la Fifa sur le paiement des salaires de Gunnarsdottir et le club a dû lui verser 82 000 euros suite à une décision du tribunal du football de la Fifa. Néanmoins, il faut rappeler qu’au moment de la naissance du petit Ragnar existait un flou juridique sur la prise en charge salariale des joueuses pendant leur grossesse.

La Fifa a validé des réformes fin 2020 pour le congé maternité de 14 semaines avec versement obligatoire du salaire, mais pas de règle sur ce même salaire à partir du moment où la joueuse est en arrêt de travail et n’exerce aucune autre activité au sein du club - un droit de la joueuse enceinte. Le contrat fédéral ne protégeant pas les joueuses sur cet aspect, la plupart souscrivent d’ailleurs à des assurances complémentaires pour se protéger en cas de grosse blessure par exemple. 

Gunnarsdottir a refusé un dispositif d’accompagnement du club à son retour

Un épisode qui rappelle évidemment la nécessité d’uniformiser la situation sur l’aspect salarial à travers une structure globale que sera la future Ligue professionnelle. Gunnarsdottir était en arrêt de travail à partir d’avril 2021. En pleine crise du Covid, elle aurait notamment insisté pour rentrer au pays auprès de ses proches, ce qui se comprend, mais sans avoir réellement échangé sur le sujet avec sa direction, d’après nos informations.

Le staff technique a malgré tout gardé le contact avec la milieu de terrain lorsqu'elle était en Islande, comme le précise l’entraineure Sonia Bompastor, nommée fin avril 2021 et mère de quatre enfants : "Romain Segui, le préparateur physique, l’avait également très régulièrement pour le suivi pendant la grossesse, et en post-accouchement. Il a été le référent au niveau du staff pour pouvoir mettre en place tout ce travail. Camille Abily, mon adjointe, a eu quelques contacts avec Sara, pour avoir un suivi et parce que l’on voulait savoir comment se passait sa maternité, en tant que mamans nous-mêmes. On voulait aussi organiser son retour de la meilleure manière possible pour janvier 2022."

Certains observateurs de la section féminine soulignent l’investissement des salariés et du staff pour le retour de l’ex-internationale islandaise. En effet, d’après nos informations, c’est l’OL qui a trouvé la nounou pour le bébé et tenté d’aider sa joueuse au maximum alors que cette situation était aussi une découverte dans le fonctionnement de l’équipe. L’OL a même proposé à Gunnarsdottir de réaliser un déplacement test : partir avec le groupe, son bébé et sa nounou afin d’en approuver la faisabilité sur la durée d’une saison. Proposition refusée par l’intéressée selon nos informations.

Un dispositif pourtant mis en place à l’attention d’Amel Majri pour le déplacement en Ligue des champions en fin d’année dernière. La numéro 7 lyonnaise a pu voyager avec Maryam et la nounou, tout en conservant au mieux le rythme du groupe dans la préparation d’un match européen. Organisation reconduite lors du stage de reprise aux Sables d’Olonne début janvier.

"Le cadre n'est pas rigide, on est à l'écoute"

"Concernant Sara et Amel, nous avons eu les mêmes discussions et les mêmes propositions. Ce que l’on a mis en place pour Amel, on l'avait aussi proposé à Sara. On avait montré que l’on avait envie de faire évoluer les choses et de prendre en compte le fait qu’elle était maman au-delà d’être sportive. Malgré tout, cela reste une expérimentation, le cadre n’est pas rigide, on est à l’écoute", détaille Bompastor, pleinement épanouie dans cette double casquette de maman-entraîneure à Lyon.

Elle confie également : "Mon sentiment, c'est que c’était nouveau pour le club, au niveau de la direction ils se sont beaucoup appuyées sur notre sensibilité de femme à Camille Abily et moi. Ils ont été à l’écoute par rapport à ça. On a été dans le dialogue et l’échange avec Sara à partir du moment où elle est revenue. Comme c’était une situation nouvelle, il y avait un cadre à mettre en place. Et on voulait qu’elle se sente le mieux possible en tant que maman, pour pouvoir performer sur le sportif. Effectivement, peut-être que tout n’a pas été parfait car c’était nouveau aussi pour le club. Mais j’ai le sentiment qu’au niveau du staff technique, on avait fait en sorte de mettre en place plusieurs choses pour lui permettre de se sentir épanouie en tant que sportive et maman."

Une joueuse ne figurant pas dans les titulaires indiscutables

Au retour de Gunnarsdottir sur les terrains, la concurrence dans l’entrejeu à l’OL n’est plus la même qu'au moment de son départ. Entre temps sont arrivées sur les bords du Rhône la championne du monde américaine Lindsey Horan, Damaris Egurrola, Danielle Van De Donk (en reprise en fin de saison dernière) ou encore Catarina Macario. Sans oublier Amandine Henry ou Dzenifer Marozsan, toujours là. Jusqu’à la fin de l’exercice 2021-2022, l’Islandaise (en fin de contrat en juin 2022) ne fera que six apparitions en match officiel, à chaque fois dans la peau d’une remplaçante.

L’entraîneure Sonia Bompastor précise : "Sportivement, j’aimerais rétablir la réalité que j’assume. C’est moi qui ai décidé de ne pas continuer avec Sara. Dès qu’elle est revenue, elle faisait partie intégrante du groupe. Je l’ai jugée uniquement sur ses performances et lors des matches, même si Sara était une joueuse que je connais déjà un petit peu. Au milieu de terrain, j’avais une grosse concurrence et des joueuses qui répondaient mieux à ce que je souhaitais mettre en place. En termes de performances et de profil, cela ne correspondait pas à mes attentes et à mon projet de jeu." Un rendement sportif qui fera qu’elle ne sera pas prolongée à la fin de son contrat et prendra la direction de la Juventus.

Anthony Rech