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Ligue 1: "On avance", le foot français satisfait du décret sur les fumigènes malgré les contraintes

Un décret publié ce mercredi au Journal officiel permettra, à partir de jeudi et pour une durée de trois ans, l’autorisation des fumigènes dans les stades non couverts. Une annonce accueillie positivement par les acteurs du football français qui œuvrent depuis plusieurs mois pour réintroduire les engins pyrotechniques dans les enceintes.

Pas de révolution suite au décret publié qui autorise l’utilisation des fumigènes avec des contraintes dans les stades mais une "première avancée" selon un leader ultra. Sous la forme d’une expérimentation et avec des autorisations préfectorales, les clubs de Ligue 1, Ligue 2 voire de rugby pourront donc permettre à certains de leurs supporters de craquer des fumigènes.

"Le décret vient formaliser ce qu’il se passe déjà depuis plus d’un an, souligne l’avocat de l’association nationale des supporters (ANS) Pierre Barthélémy. Il n’offre aucune nouvelle possibilité. Certains groupes seront ravis, d’autres considèrent probablement que ça ne change rien. Certains pensent sûrement qu’être encadrés, c’est contre-nature." Une mesure qui va durer jusqu’en 2026. Les clubs pourront faire la demande auprès du préfet local pour que certains supporters, clairement identifiés, puissent être autorisés à manier des engins pyrotechniques dans les stades. Cette demande devra être soumise "au plus tard" un mois avant l'événement sportif.

Le directeur général du TFC: "Il y a des contraintes mais au moins, il y a une ouverture"

"Quand on est arrivé au club on a dit à nos groupes de supporters qu’on était légalistes, détaille le directeur général du Toulouse Football Club, Olivier Jaubert. Si c’est interdit, c’est interdit mais on leur a bien signifié qu’on s’engageait à essayer d’avancer vers une démarche qui permet d’avoir recours à l’usage de fumigènes. On avait fait un test lors d’un Toulouse-Grenoble lors de la saison 2021-2022 qu’on n’avait pas pu reproduire. Le décret est assez proche de ce qu’on avait fait à l’époque. Il y a des contraintes, c’est sûr, mais au moins, il y a une ouverture."

Une mesure également plutôt bien accueillie par les différents groupes de supporters même si les contraintes liées à cette autorisation sont encore soumises à de nombreuses interrogations. "C’est plutôt une bonne nouvelle, souffle un membre du Collectif Ultra Paris. Malgré cette autorisation, on demande à voir comment cela sera encadré. C’est une bonne nouvelle parce qu’on pourra voir du spectacle. On va pouvoir pendant les grosses et les petites affiches sortir nos fumigènes, pour faire un vrai beau spectacle. Bien sûr que cela va être compliqué de s’organiser parce qu’on est vraiment aux prémices. Si avant chaque rencontre, chaque utilisation il faut donner son nom, son prénom…"

Un leader ultra: "Le mouvement ultra ne va pas accepter 1000 règles et risquer de perdre son identité"

En plus de décliner l’identité des personnes se chargeant de l’animation pyrotechnique, il faudra remplir un cahier des charges important pour pouvoir utiliser des fumigènes dans les stades : remplir un plan d’animation détaillé, avoir un artificier en charge des fumigènes, détailler la liste et les caractéristiques des articles pyrotechniques devant être mis en œuvre lors de l'animation etc…

"Ça va probablement être un point de blocage, ne cache pas un leader ultra. Le mouvement ultra ne va pas accepter 1000 règles et risquer de perdre son identité. Il va vouloir garder son authenticité, continuer les allumages sauvages mais c’est une première avancée. On passe d’une situation où c’était complètement criminalisé et diabolisé à une situation où on commence à comprendre qu’il y a un côté festif à l’allumage des fumigènes." "La question c’est : ‘Est-ce que remplir un dossier pour allumer des fumigènes ça correspond à l’esprit du supportérisme que les groupes veulent développer ?’", s’interroge Pierre Barthélémy.

Au TFC, "tout faire pour que ça devienne désormais un renfort d’animation dans le stade"

Les dirigeants des clubs français vont pouvoir échanger rapidement avec leurs supporters pour connaître leurs intentions à ce sujet. "On va tout faire pour que ça devienne désormais un renfort d’animation dans le stade, poursuit Olivier Jaubert. Aujourd’hui, la pyrotechnie est autorisée, on a fait un pas en avant." La Ligue de Football Professionnelle s’est, elle aussi, réjouit de la publication du décret. Depuis son lancement au début de la saison 2021-2022, l’expérimentation pilotée par un groupe de travail a été activée à 28 reprises dans 14 clubs de Ligue 1 et de Ligue 2. En moyenne, près de 28 engins pyrotechniques ont pu être utilisés par les groupes de supporters lors de ces différents tests. "On veut aussi qu’on arrête de mettre en garde à vue les personnes qui allument des fumigènes pour usage festif et qu’on les interdise de stade pendant des mois ou des années. Il reste du travail mais c’est un premier pas, ça va certainement dans le bon sens", précise le leader d’un groupe ultra d’un club historique.

A.P, M.R et N.Pao