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Le maire de Sochaux a envoyé "une lettre de désespoir" à Carlos Tavares, patron de Peugeot

Au bord du dépôt de bilan, le FC Sochaux voit ses chances de rester dans le monde professionnel s’amenuir de jour en jour. S’il croit peu à un retour satisfaisant, Albert Matocq-Grabot, le maire de la ville d’environ 4000 âmes, a tenté ce qui ressemble un geste de dernière chance: envoyer une lettre à Carlos Tavares, directeur général du constructeur automobile Stellantis, détenant notamment la marque Peugeot.

Le téléviseur résonne au loin, ce mardi soir, lorsque le maire de Sochaux décroche son téléphone. "Parler de ma lettre ? Attendez, je m’éloigne un peu." Le ton n’est pas à la réjouissance. La veille, l’élu de 83 ans a écrit à Carlos Tavares, le patron du groupe Stellantis, héritier de Peugeot, historiquement lié au FC Sochaux. "C’était pour lui dire que compte tenu de ses responsabilités, il ne pouvait pas être indifférent à ce naufrage, à la disparition d’un club qui a été créé de toute pièce par la famille Peugeot et qui a évolué pendant 80 ans en même temps que la société, avance-t-il. Je voulais également qu’il sache que les ouvriers et les cadres qui assistent au match sont les mêmes que ceux qui construisent les voitures."

Depuis plusieurs semaines, Albert Matocq-Grabot côtoie des concitoyens marqués par la situation du FCSM, une partie de la ville est en berne. "Et ce n’est pas que Sochaux, c’est tout le nord de la Franche-Comté, jusqu’à Belfort et la frontière suisse, ajoute-t-il. Le stade Bonal, c’était un lieu où tout le monde se retrouvait. Quand il y avait une victoire, pendant deux ou trois semaines, les gens avaient le moral. On leur retire quelque chose de leur patrimoine."

"Je ne crois pas qu’il répondra favorablement"  

Barré par la DNCG, le gendarme financier du football français, recalé par le tribunal administratif de Paris la semaine dernière, abandonné par son investisseur chinois, Nankin, le club est proche du dépôt de bilan. Dans ce cas, les Lionceaux n’évolueront pas en National 1 mais en National 3, soit la cinquième division française, loin du monde professionnel. Insoutenable pour Albert Matocq-Grabot qui tente le tout pour le tout.

"C’est un peu une lettre de désespoir, reconnait-il. Si j’y crois ? Sincèrement, non… mais qui ne tente rien à rien." Si l’heure est au dépit, l’humour de l’octogénaire n’a pas complètement disparu. "Il se trouve que je suis originaire du Béarn et je suis né à 15 kilomètres de Lourdes, un miracle peut toujours arriver." Le rire est lâché, non pas sans une certaine retenue.  

"Sur 10 milliards de bénéfice, ce serait peanuts"

S’il n’en veut pas à Carlos Tavares de ne pas avoir directement pris part aux soucis financiers d’un club qui a créé son histoire sur le même chemin que la marque au lion, le maire de Sochaux espère surtout pouvoir profiter des bons résultats financiers du groupe Stellantis.

"Il y a environ huit jours, Monsieur Tavares a annoncé un bénéfice de dix milliards d’euros de sa société. Je m’en réjouis. Mais compte tenu de ces sommes-là, le sauvetage d’un club comme Sochaux ce serait peanuts. Cela veut dire que c’est simplement une question d’homme. Si l’homme a envie de le faire, il a les moyens de le faire." La balle est désormais dans le camp du chef d’entreprise portugais.

Clément Brossard