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Ligue des champions: comment le PSG a renversé Dortmund, l'analyse tactique

Dominé au match aller en Allemagne (2-1), le PSG a su trouver les solutions pour surpasser Dortmund au retour (2-0), en huitième de finale de Ligue des champions. Au cœur de ce succès, des corrections tactiques pertinentes, tant offensivement que défensivement.

La défaite à Dortmund avait dévoilé un collectif parisien en délitement dans le jeu, discordant en phase défensive et rejetant toute responsabilité de création sur les épaules du seul Neymar. En trois semaines pourtant mouvementées, Thomas Tuchel a trouvé les solutions. Il a remisé au placard le 3-4-3 bancal du match aller, revenant à un 4-4-2 plus familier en dépit d'associations inhabituelles dans le onze de départ, avec Marquinhos-Kimpembe derrière, Gueye-Paredes au milieu et Cavani-Sarabia devant. Avec plus de repères tactiques et une intensité supérieure, Paris est redevenu une équipe.

Une imperméabilité défensive retrouvée

Même en se calquant sur le système du BVB à l'aller, le PSG n'avait pas su trouver le bon timing pour presser haut efficacement. Cette fois, la défense en avançant a été payante, notamment en début de match.

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Très tôt, les ambitieuses intentions parisiennes se sont ainsi caractérisées par le pressing lancé par les quatre offensifs et accompagné par les milieux axiaux, permettant de prendre un premier ascendant.

Pourtant, numériquement, Cavani et Sarabia étaient en infériorité face aux trois défenseurs centraux adverses. Mais en fermant l'accès au centre et en orientant le jeu vers les ailes, le piège parisien se refermait le long de la ligne de touche, au mieux récupérant des ballons dans des zones intéressantes, au pire en forçant du jeu en retrait

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Ici, Cavani et Sarabia, soutenus par Gueye et Paredes, ferment les transmissions vers les milieux axiaux adverses, Can et Witsel. Cela contraint Hummels à jouer latéralement. La première étape du piège est posée.

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Sarabia et Cavani coulissent côté ballon, comme Di María à l'opposé. Sur un demi-terrain, Paris a effacé son infériorité numérique initiale. Neymar contrôle d'abord le demi-espace axe gauche pour empêcher le jeu à l'intérieur et forcer une passe prévisible vers Hakimi. Sur le temps de passe, le Brésilien sort agressivement sur le Marocain, ses coéquipiers ferment les solutions et Paris récupère le ballon.

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Ici, Can, chassé par Paredes, est contraint de jouer en retrait pour Zagadou, ce qui déclenche le pressing de Sarabia. Gueye est prêt à suivre sur Witsel.

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Zagadou a été contraint de jouer latéralement. Di María enferme Guerreiro, Gueye profite de la passe hasardeuse du Portugais pour récupérer.

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Ce pressing a été directement décisif: il a causé cette erreur de relance d'Hummels après de longs efforts de harcèlement parisien. Quelques secondes plus tard, Paris obtenait un coup franc à l'entrée de la surface puis le corner de l'ouverture du score de Neymar. Dans les arrêts de jeu de la première période, l'abnégation de Paredes puis de Bernat pour gratter des ballons perdus fut également à la base du deuxième but.

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D'abord discipliné dans son 4-4-2 sur les phases de défense dans son camp, Paris a cédé du terrain après la pause. La faute notamment à l'implication décroissante de Neymar dans son couloir, pas compensée non plus par un Paredes peu enclin à s'engager sur le côté. Bernat laissé seul, le PSG a concédé des centres à Achraf Hakimi, menace principale (avec Sancho)... mais improductive. Les trois seuls centres "réussis" du Marocain n'ont ainsi pas trouvé de coéquipier en position de marquer.

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Grâce aussi à une charnière Marquinhos-Kimpembe solide face à Haaland, Paris a très peu tremblé défensivement. Selon les données d'Opta, les 11 tirs de Dortmund ne pèsent que 0,48 Expected Goals (0,04 xG par tir), contre 1,18 xG pour les 8 tentatives du PSG (0,15 xG par tir), indiquant des frappes parisiennes certes moins nombreuses mais dans des situations plus dangereuses.

La faiblesse de Dortmund sur corner exploitée

Quatre jours avant ce huitième de finale retour, face à Gladbach, Dortmund avait encaissé un but sur corner pour la septième fois de la saison en Bundesliga. Seul le Werder Brême fait pire (11). Les Borussen ont même concédé un but tous les onze corners cette saison en championnat, pire ratio d'Allemagne. Jusque-là, ils avaient été imperméables dans l'exercice en Champions League, mais la faiblesse était identifiée. Et Paris l'a exploitée à la vingt-huitième minute.

Pourtant, Dortmund, en zone mixte, avait fait revenir ses dix joueurs de champ :

- Sancho proche du tireur et Piszczek à l'entrée des dix-huit mètres

- En zone dans la surface : Can à l'angle des six mètres, Haaland proche du premier poteau et Hummels au centre sur la ligne des six mètres

- Les autres en marquage individuel sur les cinq Parisiens présents dans la surface.

Le PSG craignait les redoutables contres allemands, d'où la présence de Gueye, Paredes et Bernat à l'entrée de la surface pour sécuriser un éventuel ballon dégagé, tandis que Kimpembe (hors champ) restait en couverture

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Au signal de Di María, bras droit levé, trois Parisiens, Cavani, Kehrer et Marquinhos, attaquent le premier poteau, pour s'aligner à partir de l'angle des six mètres. Neymar et Sarabia se retrouvent isolés en un contre un au deuxième poteau ; le premier plonge vers le but, le second attaque le deuxième poteau.

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Le ballon enveloppé de Di María survole les six joueurs de Dortmund aspirés au premier poteau. Neymar profite de l'inattention d'Hakimi pour tromper Bürki de près.

Une animation offensive plus équilibrée

Le diagnostic offensif du PSG au match aller était piteux : un entêtement à jouer dans l'axe, une animation inexistante des couloirs, un Neymar décrochant trop bas qui privait à la fois Verratti d'impact dans l'organisation et Paris d'un relais entre les lignes.

Cette fois, en 4-4-2, la charnière Marquinhos-Kimpembe a assumé son rôle dans le lancement des actions: 62 % de passes vers l'avant contre 57 % pour le trio du match aller, et surtout 7 % seulement de jeu en retrait contre 18 % à l'aller. Avec deux duos dans les couloirs, Paris a d'abord stabilisé une possession assez prudente sur la largeur, cherchant aussi à étirer le bloc défensif assez passif de Dortmund. Sarabia axe gauche et Cavani axe droit étaient systématiquement placés à l'extérieur des trois défenseurs centraux adverses, prêts à plonger dans les espaces Hakimi-Piszczek et Guerreiro-Zagadou.

Neymar n'a pratiquement pas décroché à hauteur de ses milieux, et il n'en avait pas besoin : avec Leandro Paredes, Paris avait une arme redoutable pour franchir les milieux du Borussia. Maître de la passe cachée, l'Argentin détourne l'attention de ses adversaires comme les plus grands magiciens dupent leur public. Par son regard, l'orientation de ses épaules, il manipule les esprits, fait deviner une trajectoire de passe pour en réaliser une autre à contre-pied.

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Les déstabilisations parisiennes sont surtout venues de ses passes pour Neymar (sept, deuxième pourvoyeur du Brésilien après Bernat, dont trois en franchissant les milieux adverses) et Di María, quand ceux-ci se recentraient entre les lignes. Comme inspiré par son compère, Idrissa Gueye s'y est mis également, trouvant Di María sur la première grosse occasion de Cavani, toujours sur l'extérieur de Zagadou.

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J.Momont