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Liverpool-Chelsea: dans quel enfer est allé se fourrer Lampard?

Trois jours avant la Supercoupe d'Europe contre Liverpool à Istanbul (en exclusivité sur RMC Sport, mercredi à 21h), Frank Lampard a connu une cruelle désillusion pour sa première sur le banc de Chelsea dimanche, avec une claque encaissée contre Manchester United (4-0). Symbole de la difficulté de la tâche qui attend la légende des Blues dans son club de coeur.

Comment refuser une telle opportunité? Comment dire non à votre club de coeur, à cette pelouse sur laquelle vous avez écrit votre légende? Comment renoncer à ce défi, véritable bond dans votre nouvelle carrière? Frank Lampard a pris le risque de prendre les rênes d'une équipe de Chelsea en eaux troubles. 

Son règne a débuté par une cinglante défaite à Old Trafford dimanche, lors de la première journée de Premier League, contre un Manchester United façon bête blessée (4-0). Le score est lourd, il ne reflète d'ailleurs guère la physionomie de la rencontre. Car les Blues n'ont pas été vernis, surtout dans une première période très plaisante qui les a vus toucher la barre et le poteau... pour finalement regagner le vestiaire avec 1-0 contre eux. La suite fut une cruelle désillusion, avec une jeune garde qui craque et une défense aux abois.

Des chiffres historiques... et peu flatteurs

54 ans que les Red Devils n'avaient pas battu Chelsea 4-0 dans l'élite anglaise (1965, génération Best et Law). C'est la plus lourde défaite de Frank Lampard dans sa carrière naissante d'entraîneur, la plus lourde aussi pour un premier match d'un entraîneur de Chelsea depuis 1978 (Danny Blanchflower). Oui, ça fait mal.

Le chantier est immense et le contexte très délicat. Alors que se profile déjà l'opportunité de gagner un trophée - ce mercredi, en Supercoupe d'Europe contre Liverpool, à Istanbul (21h sur RMC Sport) - le club londonien traverse une zone de turbulences. On est loin du pilotage automatique serein, plus proche du déploiement des toboggans et masques à oxygène. 

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Un été très agité

Prenons la situation du pensionnaire de Premier League avant la nomination officielle de Frank Lampard: un an seulement après avoir galéré pour se séparer d'Antonio Conte - affaire finalement réglée en justice par le versement de plus de dix millions d'euros à l'entraîneur italien - Roman Abramovitch et son board auront passé une partie de l'été à régler la sortie de Maurizio Sarri, finalement parti à la Juve. Sur fond de rumeurs de départ de l'actionnaire majoritaire. 

A cette valse des coachs, il faut ajouter une énorme tuile: une interdiction de recrutement pour Chelsea jusqu'à l'été 2020. Les différents appels formulés par le club n'ont pas porté leurs fruits. Frank Lampard, dont la signature a été officialisée le 4 juillet, doit donc se contenter de l'arrivée de Christian Pulisic - bouclée en janvier et qui n'entre donc pas dans le cadre de la sanction de la Fifa - et de l'option d'achat levée pour Mateo Kovacic.

La perte d'Hazard était actée, pas le départ de Luiz

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- © AFP

Après tout, si vous gardez vos cadres... sauf que ce ne fut pas le cas pour Chelsea. Si le départ d'Eden Hazard - qui a signé au Real Madrid dès juin - était de toute façon acté, celui de David Luiz ne l'était pas du tout. Le défenseur brésilien, titulaire indiscutable sous Sarri avec 36 rencontres de Premier League et 50 au total la saison passée, est parti le dernier jour du mercato. Comble de l'affront: il a signé chez le voisin Arsenal, pour un chèque très (très très) raisonnable de moins de neuf millions d'euros. Tout en sachant que Gary Cahill, en fin de contrat, a filé à Crystal Palace.

"Il a joué un rôle important dans notre histoire récente", admettait Frank Lampard à propos de l'ancien joueur du PSG en conférence de presse, après son départ. Tentant tout de même de rassurer en assurant qu'il y a "beaucoup de concurrence à son poste". Face à United, le technicien avait aligné une charnière Zouma-Christensen qui a pris la marée.

Des joueurs qui ne se connaissent pas

Dans son groupe, l'ancien milieu de terrain doit composer avec des jeunes. Et beaucoup de retours de prêts. Pour compenser cette interdiction de recrutement, Chelsea a pour avantage de bénéficier d'un effectif immense. Mais pour inconvénient d'avoir du bon... et du moins bon. Et surtout de devoir faire une équipe avec des joueurs qui n'ont pas évolué ensemble. 

Kepa, Christensen, Azpilicueta, Emerson, Jorginho, Barkley (qui avait toutefois très peu joué), Pedro, Kovacic étaient là l'an dernier certes. Mais Zouma arrive d'un prêt à Everton (où il se serait bien vu rester), le très jeune Mason Mount était prêté à Derby County (Lampard le connaît donc très bien), Christian Pulisic arrive de Dortmund, Tammy Abraham a enchaîné les prêts à Swansea puis Aston Villa, Michy Batshuayi est revenu de Valence (après un passage au Borussia)... un joyeux bordel façon tour de Babel.

Pas de pression, vraiment?

Pas facile à gérer quand on arrive soi-même d'un autre club. Reste un double avantage pour Frank Lampard: son statut de légende, qui fait que le public lui pardonnera plus de choses, et l'aspect sans pression du défi. Meilleur buteur de l'histoire du club, il sait que son équipe n'est pas favorite pour une place dans le top 4. Deux sièges semblent déjà acquis à Manchester City et Liverpool, Tottenham a les clés, Arsenal sort d'un gros mercato... Mais attention, en Angleterre, le vent tourne vite. Et la claque reçue à Old Trafford lui a déjà fait faire les gros titres. Les Blues attendent un faiseur de miracles.

A.Bo