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Juventus-AC Milan: une Supercoupe super décriée en Italie

La Juventus et l'AC Milan disputeront ce mercredi soir (18h30) la Supercoupe d'Italie à Djeddah, en Arabie saoudite, où les femmes ne pourront pas s'asseoir où elles le veulent, et où le respect des droits de l'homme n'est pas forcément une priorité. Ce qui a provoqué de vifs débats de l'autre côté des Alpes.

Rarement une Supercoupe n’aura fait autant parler d’elle de l’autre côté des Alpes. Alors que les Italiens, d’ordinaire, se passionnent autant pour ce match que les Français pour le Trophée des champions, l’édition 2019, qui se jouera ce mercredi soir à Djeddah (18h30) fait les gros titres de la presse locale. Et pas seulement parce qu’elle oppose la Juve à l’AC Milan.

"La finale interdite", placarde ainsi le Corriere dello Sport sur sa Une du jour. Interdite… aux femmes. Ou du moins en partie. La Ligue italienne ayant passé un accord très juteux avec l’Arabie saoudite, le match se tiendra ce soir au stade du Roi-Abdallah, où les supportrices féminines ne pourront s’asseoir que dans des tribunes "familles".

Le président de la Ligue de football assume...

Si les autorités saoudiennes, notamment par la voix du prince Abdulaziz bin Turki al Faisal, ont rappelé que les femmes ne pouvaient même pas mettre les pieds dans un stade il y a encore quelques mois, les mouvements féministes italiens et une partie de la classe politique ont dénoncé une mesure "discriminatoire".

Fan de l’AC Milan, le ministre de l’Intérieur Matteo Salvini – leader de la Lega, principal parti d’extrême-droite – a notamment surfé sur la polémique. "Que la Supercoupe d'Italie se joue dans un pays islamique où les femmes ne peuvent aller au stade si elles ne sont pas accompagnées par des hommes est triste et dégoûtant: moi, ce match je ne le regarderai pas", a-t-il assuré. Avant de prendre une réponse assez sèche du président de la Ligue de football, Gaetano Miccichè, qui a rappelé que l’Arabie Saoudite est le "principal partenaire commercial de l’Italie au Moyen-Orient".

...et Allegri botte en touche

En octobre, après la mort du journaliste Jamal Khashoggi au consulat saoudien d'Istanbul, un syndicat de journalistes de la RAI, diffuseur de la rencontre, avait déjà réclamé un changement de lieu, tandis qu’Amnesty International avait appelé les clubs au boycott pour la même raison.

Interrogé sur ces sujets sensibles en conférence de presse, Massimiliano Allegri, l'entraîneur de la Juve, a préféré de son côté botter en touche. "On parle de ça mais il faut évoquer d’autres choses car ce serait une conférence de presse politique, a-t-il répondu. Or je ne suis pas un homme politique, il y en a déjà de très bons en Italie. Il y a eu un contrat signé par la Ligue, et nous devons jouer là-bas." Il faut croire que la passion du football a été la plus forte…

Clément Chaillou