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Real-Francfort: pourquoi les supporters de l’Eintracht se déplacent aussi nombreux en Europe

La Supercoupe d’Europe va opposer le Real Madrid à l’Eintracht Francfort, ce mercredi à Helsinki (21h sur RMC Sport 1). Des milliers de supporters allemands ont rallié la capitale finlandaise pour soutenir leur équipe, comme à chaque fois qu’elle se déplace sur le Vieux Continent.

"Scandaleux", "honteux", "ça ne se reproduira jamais!" Joan Laporta a le regard noir et les joues rouges lorsqu’il vient s’exprimer devant la presse, le 14 avril dernier. Son FC Barcelone vient de se faire éliminer par l’Eintracht Francfort en quart de finale de la Ligue Europa, au terme d’un match retour perdu dans son vaste jardin (2-3). Et le président du club catalan laisse éclater sa colère. Au-delà du résultat sportif, il vient de voir son équipe humiliée à domicile, dans un Camp Nou noir et blanc, largement acquis à la cause des visiteurs.

Près de 30.000 supporters allemands ont investi les travées de l’enceinte blaugrana afin de pousser les joueurs d’Olivier Glasner. Tous debout, souvent un verre à la main, ils ont complétement éteint les socios du Barça et les touristes présents à leurs côtés. En plus du quota attribué par l’UEFA, les fans de Francfort ont acheté des places dans l’ensemble du stade, par tous les moyens et sur toutes les plateformes possibles. De quoi agacer sérieusement Xavi. "Ça ne doit pas arriver chez nous", peste le coach catalan.

Les supporters de Francfort au Camp Nou
Les supporters de Francfort au Camp Nou © Icon

50.000 à Séville pour la finale de la Ligue Europa

En réalité, ça n’arrive pas qu’à Barcelone. Ces dernières années, les partisans de l’Eintracht ont envahi de nombreuses villes en Europe, de Bordeaux à Londres, en passant par Rome ou Kardhiv. Des déplacements massifs qui leur ont permis de se forger une solide réputation. Au point d’effrayer les clubs adverses. Après la conquête du Camp Nou, West Ham a pris des mesures drastiques afin d’éviter de subir le même sort en demi-finale de la Ligue Europa. Le club anglais a interdit aux supporters étrangers d’acheter des places dans ses tribunes, en menaçant de rompre les abonnements de ses propres fans s’ils revendaient leur billet à des Allemands.

Lors de la finale remportée face aux Glasgow Rangers, le 18 mai (1-1, 5 tab à 4), personne n’a pu empêcher 50.000 suiveurs de Francfort de déferler sur Séville (alors que 10.000 tickets leur avaient été vendus). Et de fêter sans retenue leur troisième titre européen ans les rues d’Andalousie, quarante-deux ans après leur dernier sacre en Coupe de l’UEFA (ex-Ligue Europa). A l’heure de renouer avec les joutes continentales, ils sont encore nombreux à avoir fait le déplacement à Helsinki, pour assister ce mercredi à la Supercoupe d’Europe face au Real Madrid (21h sur RMC Sport 1). Selon l’UEFA, 8.000 d’entre eux ont acheté un billet pour ce match de prestige, qui se disputera à guichets fermés (contre 1.800 pour les socios merengue). Mais ils seront sans doute bien plus dans la capitale finlandaise, fidèles à leur hymne "Im Herzen von Europa" (au cœur de l’Europe).

La ville la plus riche d’Allemagne

Fondé en 1899, l’Eintracht Francfort est un club historique outre-Rhin, même s’il n’a remporté qu’une fois la Bundesliga (1959). Il bénéficie de l’important bassin de population de Francfort-sur-le-Main (son nom complet), estimé à environ 800.000 habitants. De quoi constituer un large réservoir de supporters dans la cinquième ville la plus peuplée d’Allemagne, qui est aussi le principal pôle financier du pays. En prenant en compte le PIB par habitant, Francfort est même l’agglomération la plus riche d'outre-Rhin. Avec ses gratte-ciels, ses banques prestigieuses et son immense aéroport (le quatrième plus grand d’Europe), elle est surnommée "le Manhattan européen".

Beaucoup de fans des Adler (les aigles, en allemand) ont donc les moyens de financer de coûteux voyages à l’étranger pour aller soutenir leur équipe. D’autant que les résultats sportifs sont à nouveau au rendez-vous. Après la folle soirée du Barça, l’Eintracht a franchi la barre symbolique des 100.000 membres au printemps (seuls le Bayern Munich, Dortmund, Schalke 04 et Cologne font mieux). Et le club d’Hesse soutient ses fervents suiveurs lors de leurs périples hors d’Allemagne, en essayant d’éviter au maximum les incidents (qui arrivent tout de même parfois). Avec une vraie proximité, impulsée par le président Peter Fischer.

Supporters de l'Eintracht Francfort
Supporters de l'Eintracht Francfort © Icon

L’un des stades les plus chauds de Bundesliga

En poste depuis août 2020, le dirigeant de 66 ans est lui-même un ancien habitué du Waldstadion. Très proche de son public, il a embauché plusieurs supporters afin de créer un lien entre le club et ses tribunes. En misant également sur l’aspect multisports de l’Eintracht Francfort, qui regroupe plus de 50 disciplines et près de 10.000 licenciés. Fischer a rassemblé un maximum de monde derrière une politique ouverte et tolérante. Avec un soutien affiché à la diversité ethnique, sexuelle ou religieuse. L’homme d’affaires allemand est même allé jusqu’à interdire aux membres du parti d’extrême droite AfD de devenir membres de l'Eintracht. Pour bien faire passer son message.

A domicile, le 11e de la dernière Bundesliga évolue au Deutsche Bank Park (anciennement appelé Waldstadion). Un stade de plus de 51.000 places (dont 6.000 debout), considéré comme l’un des plus chauds d’Allemagne, où s’applique une politique tarifaire abordable. Les ultras locaux y réalisent régulièrement de grands tifos et les chants sont souvent repris par l’ensemble des gradins. La ville de Francfort a récemment approuvé son agrandissement pour porter sa capacité à plus de 60.000 places. Une manière de répondre à la demande croissante des fans, toujours plus nombreux. Partout où les Aigles déploient leurs ailes.

https://twitter.com/AlexJaquin Alexandre Jaquin Journaliste RMC Sport