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Mercato: Renato Sanches, le crack au parcours sinueux débarque au PSG

Renato Sanches s’apprête à quitter Lille pour s’engager avec le PSG, selon L’Équipe. L’occasion pour le milieu de terrain portugais de s’imposer enfin comme le top joueur que tout le monde l’imaginait devenir après l’Euro 2016. A condition que le dynamiteur de 24 ans soit épargné par les blessures et trouve enfin de la constance dans ses performances.

Il s’apprête tout juste à fêter son quart de siècle. Mais à l’aube de ses 25 ans (le 18 août prochain), Renato Sanches a déjà le vécu d’un ancien combattant. Depuis ses débuts précoces, le milieu de terrain a presque tout connu autour du rectangle vert: la gloire, le doute, les trophées, les fulgurances, les blessures et les retours. Un parcours sinueux auquel le crack portugais va tenter de mettre un terme au PSG. Pour enfin exploiter son talent sur la durée. Selon L’Équipe, le club de la capitale aurait trouvé un accord avec le Losc pour le recruter, à un an de la fin de son contrat dans le Nord (contre 15 millions d’euros).

Avec son volume de jeu, son impact physique, sa qualité de percussion, son aisance technique et sa puissance de frappe, Renato Sanches (qui était aussi courtisé par l’AC Milan) a tout pour s’imposer à Paris, dans un secteur défaillant ces dernières saisons. A condition d’amener de la continuité dans son œuvre, loin d’une infirmerie qu’il a régulièrement fréquentée au domaine de Luchin. Lors de ses trois années passées dans le Nord, le dynamiteur d’1,76m a enchaîné les petites blessures à un rythme régulier. Sans jamais être sérieusement touché. La saison passée, il a manqué 13 match en raison d’un problème au ménisque et divers pépins musculaires. Il en avait déjà raté 14 en 2020-2021 et 12 en 2019-2020.

Galtier lui a conseillé de "se détendre"

Christophe Galtier le sait parfaitement pour avoir travaillé durant deux ans avec lui au Losc. Et en avoir fait l’un des hommes fort de son équipe, sacrée championne de France en 2021. En novembre dernier, alors qu’il était à Nice, le nouveau coach du PSG était d’ailleurs revenu sur les forfaits récurrents de son ancien joueur.

"Je n'ai jamais eu les vraies raisons de ses blessures, a-t-il confié à L’Équipe. Elles ne sont pas liées à une surcharge de travail, à l'accumulation de temps de jeu, au poids ou à l'hygiène de vie. C'est un athlète qui a une bonne alimentation, qui aime s'entraîner et qui est sérieux. Mais il se tend dès que l'on évoque le fait qu'il soit titulaire ou remplaçant (…) Ce n'est pas du stress. Plutôt de la contrariété. Il n'a jamais eu de grosses lésions sur des fins de courses, des tacles, des changements de rythme ou de direction. Mais des petits bobos sur des contrôles ou des exercices de conservation. Il aurait intérêt à consulter quelqu'un qui lui permette de se détendre. Quitte à faire un gros travail sur lui-même."

Un vestiaire lusophone au PSG

A priori, Galtier a eu quelques garanties à ce niveau-là puisqu’il a validé, avec Luis Campos, son recrutement à Paris. A l’heure d’arriver dans la ville lumière, Renato semble plus serein et plus mature. Reste à le prouver au sein d’une équipe de stars, où l’exigence sera nettement plus élevée. Au Camp des Loges, le n°10 du Losc va retrouver une large communauté lusophone avec ses partenaires de sélection (Nuno Mendes, Danilo Pereira et Vitinha) mais aussi les Brésiliens Neymar et Marquinhos. De quoi faciliter son acclimatation. Avec l’espoir de confirmer toutes les attentes qui l’accompagnent depuis son plus jeune âge...

Né à Lisbonne le 18 août 1997, Renato Junior Luz Sanches (son nom complet) est issu d’une famille originaire du Cap-Vert, un état insulaire d’Afrique de l’Ouest (au large du Sénégal), ancienne colonie portugaise (indépendante depuis 1975). Il a grandi dans le quartier défavorisé de la Musgueira, à Alta de Lisboa. C’est là qu’il s’est forgé un caractère balle au pied, en développant son instinct et sa palette technique sur le bitume cabossé du nord de la capitale.

Des débuts tonitruants à 18 ans

Après avoir débuté sous le maillot du club local (Aguias da Musgueira), le Benfica lui a ouvert les portes de son prestigieux centre de formation à l’âge de 11 ans. Avant de le lancer dans le monde pro à peine majeur, le 30 octobre 2015 lors d’une victoire à Tondela (0-4). Dans la foulée, le jeune fan de Clarence Seedorf a découvert la Ligue des champions, puis inscrit son premier but au stade de la Luz d’un missile de 30m face à l’Academica Coimbra (3-0).

De quoi enflammer les supporters et les médias. Bien au-delà de la ville aux sept collines. D’autant que le gamin a vite fait preuve d’un sacré tempérament sur le pré. Lorsque des fans racistes de Rio Ave lui ont lancé des cris de singe, il leur a répondu en mimant le primate pour se moquer de leur bêtise. Ses débuts tonitruants l’ont propulsé en équipe nationale en moins de six mois (première sélection en mars 2016 lors d’un amical en Bulgarie). Au point d’être convoqué par Fernando Santos pour disputer l’Euro 2016 en France. Et de devenir le plus jeune Portugais à jouer lors d’un tournoi majeur (en détrônant Cristiano Ronaldo).

Une expérience difficile au Bayern

Remplaçant en début de compétition, Renato a gagné sa place de titulaire lors du quart de finale contre la Pologne à Marseille. Un match, remporté aux tirs aux buts (1-1, 6 tab à 4), lors duquel il a égalisé d’une frappe spontanée (et un peu déviée). Avant de débuter en demie contre le pays de Galles (2-0), puis en finale au Stade de France face aux Bleus (1-0, ap). Une soirée historique que Sanches a dû écourter en raison d’une blessure, pour céder sa place à Eder… auteur du but décisif en prolongation.

Après cette épopée de rêve, le diamant lusitanien, élu meilleur jeune de l’Euro, a choisi de quitter Benfica pour rejoindre le Bayern Munich (35 millions d’euros). Mais il n’est pas parvenu à s’imposer en Bavière, où il a connu Carlo Ancelotti, Willy Sagnol et Jupp Heynckes sur le banc. Globalement, ses deux premières années en Bundesliga ont entamé le moral et la confiance de Renato.

Il a retrouvé le sourire à Lille

Son prêt à Swansea, lors de la saison 2017-2018, n’a pas été beaucup plus concluant. Malgré quelques éclairs, le grand espoir n’a pas retrouvé son éclat en Premier League. Il a même laissé l’image d’un talent parfois à côté de son sujet, à l’image de sa passe envoyée directement contre un panneau publicitaire lors d’une défaite à Stamford Bridge contre Chelsea (1-0, en novembre 2017). Son passage en Angleterre (15 matchs, 1 passe décisive) a d’ailleurs été écourté en raison d’une blessure aux ischio-jambiers début 2018...

Après une nouvelle année dans l’ombre au Bayern (avec Niko Kovac), Luis Campos est venu le trouver pour lui proposer de se relancer à Lille à l’été 2019 (transfert à 20 millions d’euros). Chez les Dogues, l’international intermittent (32 sélections, 3 buts) a pu côtoyer à nouveau plusieurs footballeurs portugais, dont José Fonte, qui ne tarit pas d’éloges à son sujet. "Il n’y a pas beaucoup de joueurs comme lui dans le foot, a expliqué le solide défenseur dans des propos rapportés par So Foot. Il a une telle puissance, une telle force pour se sortir du pressing par le dribble, pour faire avancer le ballon et se créer des occasions".

La Coupe du monde 2022 dans le viseur

Sur les pelouses de Ligue 1, le Golden Boy 2016 (un prix lancé par Tuttosport, récompensant le meilleur jeune évoluant en Europe) a retrouvé le plaisir de jouer au football. Avec beaucoup de hauts, dont une masterclass à San Siro face à l’AC Milan en Ligue Europa (0-3), et quelques bas. Après 91 apparitions, 7 buts et 10 passes décisives sous le maillot du Losc (toutes compétitions confondues), Renato Sanches va maintenant tenter de s’imposer au Parc des Princes. Pour s’affirmer comme une valeur sûre du gratin européen.

Avec l’objectif de s’installer durablement en sélection, où il n’est plus apparu depuis novembre dernier. Le défi est alléchant à quelques mois de la Coupe du monde 2022 au Qatar (du 21 novembre au 18 décembre). Ce serait sa première, après avoir manqué celle de 2018 en Russie, remportée par l'équipe de France de Kylian Mbappé et Presnel Kimpembe, ses (presque) nouveaux coéquipiers.

https://twitter.com/AlexJaquin Alexandre Jaquin Journaliste RMC Sport