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Euro handball féminin: Cléopâtre Darleux, maman et gardienne du temple bleu

Pour affronter la Norvège ce vendredi (20h30) en demi-finale de l’Euro à Ljubljana, la France pourra compter sur sa gardienne de but Cléopâtre Darleux, impressionnante depuis le début de la compétition. Maman d’une petite fille de trois ans, elle est devenue le symbole des sportives de haut-niveau qui retrouvent le sommet après une maternité et qui gagnent des titres.

L’attrait de la nouveauté a souvent du bon. Même quand on est la plus expérimentée de l’effectif, qu’on totalise 198 sélections en équipe de France et qu’on a disputé son premier match international en 2008. Jamais, en effet, Cléopâtre Darleux n’avait eu à endosser le costume de gardienne n°1.

Les Bleues ont toujours fonctionné en binôme sur ce poste et ont toujours excellé dans les buts. Sa complémentarité avec Amandine Leynaud et Laura Glauser a toujours été une grande force de la France. Sauf qu’Amandine Leynaud a pris sa retraite internationale après les Jeux de Tokyo et que Laura Glauser s’est blessée juste avant de s’envoler pour cet Euro. Cléopâtre Darleux s’est donc muée en taulière avec une jeune joueuse à encadrer pour la suppléer (Floriane André, 22 ans) et les statistiques parlent pour elle. Meilleure gardienne de la compétition au pourcentage d’arrêts (42%) et surtout une influence impressionnante sur la défense française, de très loin la meilleure sur cet Euro.

"Je me suis demandé si j’allais réussir à assumer, confie la gardienne de Brest. Il y a un peu de pression mais j’ai senti beaucoup de confiance du staff et des filles." Depuis le début de l’Euro, le sélectionneur Olivier Krumbholz vante les performances de sa défense et de sa gardienne "exceptionnelle, qui a de grandes responsabilités".

"Beaucoup moins de pression depuis que je suis maman"

La relation gardienne-défense est la source de réussite de l’équipe de France depuis plusieurs années désormais et Darleux perpétue la tradition. "Elle est hyper rassurante, détaille la 2e gardienne Floriane André. On est proche en dehors du terrain. Elle m’apporte beaucoup." "Mais on n’a pas attendu cet Euro pour voir ce que "Cléo" était capable de faire, lâchent plusieurs joueuses." Sur le terrain, la sérénité de la gardienne française transpire comme si le stress n’avait pas vraiment d’emprise sur elle.

"Etre maman m’a permis d’être plus épanouie en tant que femme du coup je le ressens sur le terrain, confie Darleux. Je prends plus de recul sur les choses, j’ai beaucoup moins de pression. Je me prends moins la tête avec des choses pas importantes. Pour moi, les choses qui comptent aujourd’hui, c’est ma famille." Depuis trois ans, Cléopâtre Darleux est la maman d’Olympe, la seule mère de famille de l’équipe de France. Elle a fait de la maternité dans le sport de haut-niveau un vrai combat. "C’est une chose extraordinaire dans la vie d’une femme et ça ne doit pas être un frein pour une sportive", continue-t-elle.

"Je vois jusqu’au Jeux de Paris et après on verra"

"C’est toujours une décision difficile à prendre. On a l’impression que ce n’est jamais le bon moment, on est absente plusieurs mois. Mais ça apporte tellement à côté… Pour l’après, ce n’est vraiment que du positif de devenir maman." Depuis le titre olympique aux Jeux de Tokyo et la médiatisation qui a suivi, Cléopâtre Darleux est devenue l’ambassadrice des mamans sportives.

"C’est important de ne pas parler que du hand, de parler sport féminin, des femmes, poursuit la joueuse brestoise. J’ai envie qu’on soit de plus en plus reconnues, qu’on soit l’égal des hommes. C’est un domaine dans lequel je pourrais travailler après ma carrière." L’après, Darleux y pense un peu. "Les Jeux de Paris sont un objectif, détaille-t-elle. Il y a plein de choses avant mais c’est un bien de se donner un objectif final. Je n’ai encore rien acté pour après mais je vois jusqu’au Jeux et après, on verra." Avant de se rêver en or à Paris, Cléopâtre Darleux va tout faire pour devenir le cauchemar des Norvégiennes ce vendredi. Si elle affiche le même niveau de performance que depuis le début de l’Euro, la France peut se permettre de voir grand, très grand.

Nicolas Paolorsi