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TOUT COMPRENDRE - L'affaire Bruno Martini, l'ancien champion du monde de handball condamné pour corruption de mineur

Bruno Martini, ancien gardien de but et double champion du monde avec l'équipe de France, a été condamné à ce mercredi à un an de prison avec sursis pour corruption de mineur et enregistrement d'images pédopornographiques. Dans la foulée, il a démissionné de la présidence de la Ligue nationale de handball.

• Qui est Bruno Martini ?

Condamné ce mercredi à un an de prison avec sursis et 2.500 euros d'amende pour corruption de mineur et enregistrement d'images pédopornographiques, Bruno Martini est un ancien international français de handball, l’un des joueurs les plus capés avec 202 sélections au compteur. Il était le gardien des Bleus lors du titre mondial décroché en 1995, le premier titre majeur du hand français obtenu par la bande des "Barjots", ouvrant une ère dorée avec un nouveau titre mondial en 2001. Sa riche carrière de joueur l'a mené dans de grands clubs français et européens : de l'OM Vitrolles à Paris en passant par Montpellier, avec qui il a gagné la prestigieuse Ligue des champions en 2003. Il a pris sa retraite en 2007 avant d’en sortir brièvement en 2009 pour une pige à Kiel, en Allemagne. Il s'est ensuite lancé dans une carrière de dirigeant, occupant notamment le poste de manager général du Paris Handball puis de la team Vitality, une des plus grosses formations de esport. En novembre 2021, il a été élu président de la Ligue nationale de handball (LNH).

• Pourquoi a-t-il été condamné ?

Il a d’abord été interpellé et placé en garde à vue lundi avant d’être déféré au tribunal de Paris mardi soir, puis d’être laissé libre en vue d'une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC) sur le mode du "plaider coupable". Ce mercredi, il a donc été condamné à un an de prison avec sursis et 2.500 euros d'amende pour corruption de mineur et enregistrement d'images pédopornographiques. Cette sanction a été homologuée en début d'après-midi par un juge du tribunal judiciaire de Paris après la CRPC. Elle comprend également cinq ans d'interdiction d'exercer une activité impliquant un contact avec des mineurs. "M. Martini reconnaît les faits, il les assume et les regrette. Sans vouloir minimiser les faits qui sont bien évidemment répréhensibles et d’ailleurs M. Martini a été condamné, je voudrais simplement souligner le fait que M. Martini n’est pas un monstre, ce n’est pas un pédocriminel, ce n’est pas ce genre d’individu. J’en veux pour preuve le fait qu’il ait fait l’objet d’une CRPC", a réagi son avocat Me Elie Dottelonde auprès de RMC Sport.

• Comment s’est déroulée l’enquête ?

L’affaire a débuté avec la plainte d’un adolescent de 13 ans déposée à l’été 2020. C'est sur le réseau social Snapchat que Bruno Martini aurait trouvé l'adolescent. Le jeune garçon a expliqué l'ensemble de l'échange devant les enquêteurs de la Brigade de protection des mineurs. Selon les informations de RMC Sport, il a indiqué que des selfies et des images à caractère sexuel ont été échangés avec un compte dont le nom était "Daddy". Derrière ce pseudo, Bruno Martini. Devant les enquêteurs, l'ancien joueur s'est défendu : pour lui, en voyant les photos du jeune garçon, il pensait qu'il avait plus de 15 ans. Au sujet du fond de l’affaire, il n’y a pas eu de rencontre physique entre Bruno Martini et l’adolescent de 13 ans qui a porté plainte contre lui. Le jeune garçon s'est bien rendu chez l’ex-gardien mais a finalement renoncé à monter. Bruno Martini lui a payé le taxi pour qu'il rentre chez lui. Il y a en revanche bien eu des échanges de photos intimes, d'où le délit d'enregistrement d'images à caractère pédopornographique retenu par le parquet.

• Quelles sont les conséquences sur le hand français ?

Peu après sa condamnation, Bruno Martini a démissionné de son poste de président de la LNH. Avant même l'issue judiciaire, les dirigeants de la Ligue l'avaient appelé à une rapide démission, se disant prêts dans le cas contraire à "rendre leur mandat pour entraîner l'organisation de nouvelles élections et la fin des fonctions du président". "La FFHandball a pris connaissance aujourd’hui, avec stupéfaction, des faits extrêmement graves reprochés à Bruno Martini, président de la Ligue Nationale de Handball, qu’il semble reconnaitre, et qui n’ont pas leur place dans le sport. (…) Dans la droite ligne de sa politique de tolérance zéro qu’elle prône sur le sujet depuis plusieurs années, la FFHandball réaffirme sa détermination à lutter contre toutes formes de violence et entend rappeler qu’elle condamne sévèrement de tels faits, lorsqu’ils sont établis et quelle que soit la personne mise en cause", a fait savoir la fédération, annonçant la tenue d’une assemblée générale élective le 7 mars prochain.

• Quelles sont les autres réactions ?

Le hand français s'est réveillé sous le choc ce mercredi, alors que l'équipe de France dispute actuellement la Coupe du monde en Pologne. Les Bleus défient d’ailleurs l’Allemagne ce mercredi à Gdansk en quarts de finale (20h30). L’affaire Bruno Martini s’est évidemment retrouvée dans toutes les conversations avant le match, même si l’équipe de France n’a pas souhaité faire de déclaration. "Il y a un quart de finale à préparer", a-t-on simplement fait savoir lors de l’entraînement des Bleus. Ils sont nombreux à l’avoir côtoyé durant sa carrière de joueur mais aussi celle de manager général du PSG Handball, à l’image du sélectionneur de l’équipe de France Guillaume Gille et de Nikola Karabatic. "Je salue la réaction rapide, claire et responsable de la LNH, en lien avec la FFHandball. Cette démission s’imposait. L'engagement du gouvernement contre les violences faites aux enfants est total, dans le sport et partout ailleurs", a de son côté réagi la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra, alors que le PSG Handball, où Bruno Martini a évolué comme joueur puis manager général n'était pas au courant de l'affaire avant ce mercredi.

RR avec NP