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Double Contact - Kofs: "Ribéry a envoyé un jet privé pour rapatrier ma mère d’Algérie"

RMC Sport a sa rubrique "culture-sport" baptisée "Double Contact. Tout au long de l’année, on vous propose des entretiens intimes et décalés, avec des artistes qui font l’actualité. A l’occasion de la sortie de son projet "Matrixé", on a rencontré Kofs. Le rappeur de Marseille nous parle des virages du Vélodrome, de son amitié avec Franck Ribéry et ses mauvaises expériences avec les éducateurs sportifs.

L’anecdote en dit long sur son amitié avec Franck Ribéry. Elle date d’il y a trois ans, au début de la pandémie de Covid-19. Kofs se trouve alors à Marseille, sa mère est en Algérie. "Quand tu regardais à la télé ce qu’il se passait, tu avais l’impression que tout le monde allait mourir, se souvient le rappeur de 33 ans. La première personne à qui tu penses, c’est ta mère. Même si elle est bien en Algérie, je sais que question médicaments, on ne sera jamais mieux servis qu’en France. Je me suis dit que j’allais la faire revenir. Je commence à appeler les consulats pour voir comment faire. Ils me font remplir 12.000 documents et à la fin, ils la mettent sur liste d’attente. Je galère…"

Quelques jours plus tard, Kofs discute au téléphone avec Ribéry, dont il est proche depuis plusieurs années. Posé dans un salon de coiffure. "On se prend des nouvelles, raconte l’artiste du 13. Il me dit: ‘La maman, comment elle va?’. Je lui dis: ‘Elle est au bled, là je suis en train de gérer les papiers pour la faire rentrer’. Il me rappelle 20 minutes après. ‘Ta mère elle est où?’ ‘A Sidi Bel Abbès’. ‘Tu peux la ramener à Alger demain ou après-demain?’ ‘Oui, pourquoi?’ ‘Vas-y, je lui prends un jet privé’. ‘Vas-y Franck, si tu peux faire ça…’ ‘C’est bon, c’est fait, dis-lui qu’elle parte!" "L’histoire est trop belle", conclut Kofs, lorsqu’on le rencontre pour la sortie de son projet "Matrixé" (dispo depuis le 3 février).

"Le cas de Cristiano m’a choqué"

Né à Marseille, le capitaine de la "bande organisée" est un inconditionnel de l’OM. Un club qu’il supporte en toutes circonstances. De préférence au Vélodrome, où il apprécie l’ambiance des virages: "On est parfois très sévères, mais on est les plus fidèles. Tu ne peux pas aimer l’OM en le regardant à la télé, c’est faux. Quand tu es parmi les vrais supporters, ceux qui pleurent quand ils perdent ou quand ils gagnent, là tu vis le match. C’est magique. Je suis sûr que même les joueurs, quand ils voient comment c’est la folie, ils ont envie d’être parmi nous."

Après avoir vibré pour Didier Drogba, Samir Nasri ou Franck Ribéry, il apprécie aujourd’hui "la grinta" et "l’attitude" de Dimitri Payet. En lui apportant un soutien sans faille, malgré les critiques. "Je trouve que le football est un milieu très ingrat, observe-t-il. Tout le monde t’adule, tu es le meilleur. Tu as raté une action, tu es la pire des merdes. Je peux comprendre que certains joueurs soient dégoûtés du football. Quand on dit que Payet a chuté, n’oubliez pas ce qu’il a fait aussi pour nous. On peut parler aussi du cas Cristiano, c’est la même chose. C’est pitoyable. Tu ne peux pas élever quelqu’un comme ça et le rabaisser aussi bas. Cristiano, c’est vraiment un cas qui m’a choqué moi. On parle d’un des meilleurs joueurs de foot de tous les temps…"

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"France-Argentine? Le plus beau match que j’ai vu…"

Également proche de Rayan Cherki, le grand espoir de l’OL, Foued (son vrai prénom) a suivi avec passion la Coupe du monde 2022 au Qatar. En vibrant pour les Bleus et les Lions de l’Atlas. "J’en garde un souvenir amer parce qu’on aurait voulu que la France gagne mais quand je vois ce que le Maroc a fait tout au long de la compétition, ça m’a réconforté, explique le punchliner d’origine algérienne. Il y a eu de la déception mais aussi de la joie. C’était mitigé de ouf."

"La finale contre l’Argentine? C’est le plus beau match que j’ai vu de toute ma vie. Je ne sais pas s’il y aura d’autres matchs comme ça. Les rebondissements… Quand Mbappé met la reprise de volée et qu’il ne pose pas la balle par terre alors qu’il est en train de perdre. Cojones! C’est ça qui fait les grands joueurs. Même en étant supporter marseillais, il a mis une étiquette en plus sur son nom. Il n’a pas dit je suis un grand joueur, il a dit je suis un très grand joueur."

"Ils oublient leur côté éducateurs"

Habitué à enfiler les gants pour boxer, Kofs a vécu de mauvaises expériences en crampons dans sa jeunesse phocéenne. Et il en parle avec une certaine rancune: "Comme tous les Marseillais, j’ai aimé le foot. Mais ce qui m’en a dégoûté, c’est les centres, les clubs, ceux qui ne croient pas en toi. Moi, je les appelle les malveillants. Ils ne sont à la recherche que des pépites. Ils ne se disent pas: cette personne-là, on peut la rendre pépite. Ils ne se cassent pas la tête. Et moi, j’ai été victime de ça (…) Ils oublient leur côté éducateur. J’en ai carrément souffert. Je leur en veux. Moi encore, je m’en suis sorti aujourd’hui. Mais il y a combien de jeunes à qui ils l’ont fait? (…) Il faut qu’ils prennent conscience qu’ils ont responsabilité vis-à-vis des jeunes aujourd’hui."

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https://twitter.com/AlexJaquin Alexandre Jaquin Journaliste RMC Sport