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Double Contact - Lyna Mahyem: "Selma Bacha est pareille dans la vraie vie"

RMC Sport a sa rubrique "culture-sport" baptisée "Double Contact". Tout au long de l’année, on vous propose des entretiens intimes et décalés, avec des artistes qui font l’actualité. A l’occasion de la sortie de son projet "Mon âme", on a rencontré Lyna Mahyem. La chanteuse d’Argenteuil parle de la montée en puissance du football féminin, de son amitié avec Selma Bacha et de son soutien à la Women’s League de Gagny.

C’est un combat qui lui tient particulièrement à cœur. Et Lyna Mahyem a tout de suite accepté de s’y associer. La chanteuse de 28 ans se rendra ce week-end à Gagny (Seine-Saint-Denis) pour soutenir la Women’s League, un événement sportif organisé par l’association Young Project dans le but de sensibiliser et récolter des fonds pour la lutte contre les violences faites aux femmes. Durant deux jours (ce samedi 9 mars et ce dimanche 10 mars), un tournoi de futsal féminin mettra aux prises 16 équipes (de U11 à U18) au complexe sportif Arena Léon-Yves Bohain. A une quinzaine de kilomètres au nord-est de Paris. Il y aura également des ateliers de self-défense, des témoignages de personnalités et des initiations aux sports de combat.

Le boxeur Bakary Samake sera là aussi pour donner de la force à l’instigateur du projet, Abdessamad Bouadla, un lycéen de 17 ans originaire de Champs-sur-Marne (Seine-et-Marne). "Le tournoi défend une superbe cause, que je défends aussi, donc je ne pouvais qu’accepter de venir, confie Lyna Mahyem, lorsqu’on la rencontre après la sortie de son projet "Mon âme" (disponible depuis le 9 février). C’est un sujet super important, c’est sociétal et un peu tabou même. C’est assez étouffé je trouve. Toutes ces femmes, malheureusement qui subissent et sont victimes de ces actes horribles… On en parle plus qu’avant mais au niveau de la justice, je trouve qu’il y a encore beaucoup de travail à faire."

"Aujourd’hui, les joueuses ont des exemples à présenter à leurs familles"

Lors de sa venue à la Women’s League, l’artiste d’Argenteuil (Val-d’Oise), qui nous avait montré ses talents à l’Urban il y a deux ans, touchera peut-être un peu le ballon, si sa cheville douloureuse le lui permet. En attendant, la gauchère aux longs cheveux noirs se réjouit d’assister à la montée en puissance du football féminin: "On en parle beaucoup plus aujourd’hui. Ça s’est développé, on s’est ouvert par rapport à ça. Mais ça se discute encore pour savoir si on devrait en parler ou pas, parce que ça n’équivaut pas le football masculin. On comprend, mais il faut rentrer dans la tête des gens que c’est un sport et que c’est universel. Il n’y a pas de genre en fait."

Dans son enfance, Lyna a usé beaucoup de baskets sur le terrain en bas de chez elle. Mais elle n’a jamais pu avoir une licence. "C’était hors de question que mon père me laisse aller dans un club pour jouer au foot. C’était trop barricadé, en mode: 'Le foot, c’est pour les garçons. Toi, tu es une fille. Il ne faut pas'. Aujourd’hui, ça ne l’est plus. On est bien contents", glisse celle qui sera en concert au Zénith de Paris-La Villette le 10 novembre prochain. "Tu voulais que je dise quoi à mon père? 'Mais si, regarde papa, les filles elles jouent aussi'. Je n’avais pas ça. Aujourd’hui, il y a plein d’exemples. Toutes les nanas qui sont en club et qui ont un talent de fou, elles ont une image, des mots, des exemples à présenter à leur famille. On les voit en faire un métier."

La fille de son manager évolue chez les U19 du PSG

Lyna Mahyem admire d'ailleurs les joueuses qui ont su pousser les murs, réhausser le plafond et faire évoluer les mentalités. Dans des conditions souvent difficiles: "C’est des nanas qui se battent, qui sont passionnées et qui aiment ce qu’elles font. Big respect. Ce n’est pas tout le monde qui arrive à tenir, surtout que c’est des milieux très compliqués. Tu ne vois pas ta famille tout le temps. Tu dois redoubler d’efforts. Franchement, c’est super dur donc force à elles et à toutes les meufs qui sont dans le foot."

Proche de plusieurs joueuses de l’équipe de France, comme Sakina Karchaoui ou Delphine Cascarino, la chanteuse du 95 a grandi avec Ella Kaabachi, l’internationale tunisienne du GPSO 92 Issy, originaire du même quartier. Elle suit aussi de près l’éclosion de Lahna Diawara, la fille de son manager, qui évolue chez les U19 du PSG, et entretient des liens d’amitié avec Selma Bacha, la latérale gauche de l’OL. 

"Selma Bacha a gardé les pieds sur terre"

"Quand tu as un minimum de notoriété aujourd’hui, tu peux perdre la tête. Et Selma a gardé les pieds sur terre. Elle a un talent monstre, c’est une dinguerie. Elle est gentille, elle ne se prend pas la tête, apprécie-t-elle. Ce n’est pas un rôle. Elle est dans l’union et ça c’est les gens qui ont vécu beaucoup de choses dans leur vie. Tu n’as pas besoin d’avoir un certain âge pour avoir vécu des choses. Je pense qu’elle a pris conscience qu’elle était dans un milieu très difficile. Dans la société déjà, on a du mal à se faire accepter en tant que femme, alors encore pire dans le football. Il y a toujours des à priori. La mentale qu’elle a, c’est tout à son honneur. Elle s’est forgée ce mental. Elle s’est rendu compte qu’elle n’avait pas le choix et qu’on n’a rien sans rien, donc elle est obligée de se battre. Personne ne le fera à sa place."

"Beaucoup de choses à revoir en équipe d’Algérie"

Très attachée à son pays d’origine, Lyna Mahyem est à fond derrière l’équipe d’Algérie. Alors forcément, les dernières épopées des Fennecs lui restent en travers de la gorge: "J’étais grave dégoûtée, parce que ça fait quand même deux CAN qu’on n’est pas au top niveau. Ça me fait mal de le dire (sourire). Mais après, il faut être réaliste. On ne va pas se mentir. C’est le jeu, il faut prendre en compte le fait qu’on ne peut pas gagner à tous les coups. Il y a beaucoup de choses à revoir, au niveau de l’équipe, du coach…"

Quitte à se passer de Riyad Mahrez, en difficulté lors de la dernière CAN en Côte-d’Ivoire et désormais en Arabie saoudite? "Renouveler, rafraîchir, ça ne fait jamais de mal, mais il faut reconnaître que c’est un joueur principal dans cette équipe, tempère Lyna. Riyad a sa façon de jouer. On était bien contents quand il relevait le niveau de l’équipe donc il ne faut pas cracher comme ça dans la soupe quand ça va moins bien. Il y a des hauts et des bas. La critique est facile de l’extérieur, mais il faut se remémorer les moments où il a été là et où il a fait gagner l’équipe. Il faut se rappeler de ça aussi, c’est important".

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https://twitter.com/AlexJaquin Alexandre Jaquin Journaliste RMC Sport