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Double Contact: son sacre au GP Explorer 2, son livre sur la F1, son amitié avec Ocon… le youtubeur Depielo se confie

RMC Sport a sa rubrique "culture-sport" baptisée "Double Contact". Tout au long de l’année, on vous propose des entretiens intimes et décalés, avec des personnalités qui font l’actu. A l’occasion de la sortie de son livre "Premier Virage", on a rencontré Depielo. Le youtubeur nous parle de sa passion pour la Formule 1, de sa victoire au GP Explorer 2 et de ses liens avec Esteban Ocon.

Il n’a rien oublié de cette marée humaine en train de scander son nom sur le mythique circuit Bugatti. Depielo a vécu un rêve de gosse en remportant le GP Explorer 2 organisé par Squeezie, le 9 septembre dernier au Mans, devant près de 60.000 personnes. Au volant de sa Formule 4 aux couleurs d’Alpine, le youtubeur spécialisé dans le sport auto a surclassé ses concurrents dans la Sarthe, au terme d’une course marquée par l’accrochage entre sa partenaire Manon Lanza et Maxime Biaggi dès le premier tour. Cinq mois plus tard, il se replonge avec les yeux brillants dans ce week-end inoubliable, lorsqu’on le rencontre pour la sortie de son livre sur la Formule 1 "Premier Virage" (paru le 15 février chez Link Digital).  

"Ce n’est même pas imaginable pour quelqu’un qui kiffe le sport auto de monter sur le podium des 24h du Mans, avec une foule aussi engagée. La ferveur était phénoménale", témoigne Pierre-Olivier Valette (son vrai nom). Sous une chaleur étouffante, le créateur de contenus a dû serrer les dents pour aller chercher la victoire après s’être luxé l’épaule deux mois plus tôt… en assistant justement aux 24h du Mans! Pierre Gasly et Esteban Ocon l’ont d’ailleurs aidé à porter son trophée de 28kg sur le podium: "La photo est incroyable. Jamais je n’aurais imaginé ça. C’est juste fou."

"Ocon est un gars hyper attachant"

Durant la préparation du GP Explorer 2 (qui a établi un nouveau record de vues en direct sur Twitch), Depielo a été coaché par Esteban Ocon, dont il est désormais proche au-delà des paddocks. "J’ai la chance de connaître de plus en plus Esteban. L’avoir à nos côtés, ça a été top. Il nous a donné des conseils sur les détails pour essayer de performer un peu mieux et trouver les petits trucs mentaux qui font la différence, là où tout le monde est à peu près à égalité. Quand un pilote de Formule 1 te donne un conseil, ou plutôt un ordre (rires), tu dis: ‘Oui, monsieur’, tu baisses la visière et tu y vas. Tu ne poses pas de questions."

Derrière le pilote de Formule 1, de cinq ans son cadet, Depielo (qui a fêté récemment ses 32 ans) a découvert un homme accessible et généreux. "Esteban est un gars qui a les pieds sur terre de fou. Il n’y a pas de hiérarchie, on partage la même passion. S’il faut parler avec les mécanos, régler un truc ou resserrer un boulon, il le fera. C’est un gars super simple, hyper attachant et adorable (…) Quand j’ai la chance de pouvoir aller le voir sur un ou deux Grand Prix, c’est toujours avec beaucoup d’amitié, beaucoup d’angoisse aussi parce que je le connais un peu plus personnellement donc j’ai envie de le voir réussir. J’ai envie de le voir ne pas se faire mal surtout. Ça crée une angoisse supplémentaire que je n’avais pas jusqu’à présent."

Un livre pour "matérialiser" sa relation avec ses abonnés

Après avoir découvert la F1 vers l’âge de 6 ans, en suivant les duels entre la Ferrari de Michael Schumacher et la McLaren de Mika Häkkinen à la fin des années 1990, Depielo, qui a aussi beaucoup joué à Grand Turismo ou Destruction Derby 2, s’est fait connaître en partageant sa passion sur YouTube. Dans les vidéos postées sur sa chaîne, qui compte plus de 350.000 abonnés, Pierre-Olivier décrypte et vulgarise le monde des monoplaces aujourd’hui dominé par Max Verstappen et Red Bull.

Et au fil des années, il a souhaité compiler ses données éparpillées sur la toile dans un seul support. D’où l’idée du livre "Premier Virage", un "guide pour (ré)apprendre les bases de la Formule 1", qui s’est concrétisée après deux ans de travail. "Je voulais rassembler toutes les connaissances un peu basiques de la F1, explique-t-il. Ça a été un gros projet. C’est la matérialisation de la relation entre un créateur de contenus et son audience, pour ne pas être que sur le virtuel ou le digital. C’est de se dire qu’il y a quelque chose qui nous lie, un objet physique."

Il a piloté une F1 avec le châssis de Raïkkönen

Avant de triompher au GP Explorer 2, Depielo n’avait pas beaucoup roulé dans sa vie. Entre deux sessions sur circuit, dans le cadre de ses activités sur YouTube, il a tout de même eu l’opportunité de conduire une Formule 1 sur le circuit Paul-Ricard du Castellet (Var).

"C’était le châssis de Kimi Raïkkönen de 2012, avec lequel il a gagné avec Abu Dhabi, précise-t-il avec un sourire d’enfant. Mettre ses fesses là-dedans, c’est mettre ses fesses dans un bout d’histoire et là on se dit: ‘Il se passe un truc, oué’. C’est à la fois hyper rassurant et hyper terrifiant. La voiture répond au doigt et à l’œil, elle est super facile à prendre en mains, mais par contre ça va beaucoup trop vite pour le cerveau, tout saute à la tronche et c’est là où ça devient très difficile."

Il "n’exclut pas" de faire de la compétition

Désormais connu d’un plus large public, Pierre-Olivier ne s’interdit pas de pousser son expérience de pilote un peu plus loin dans les années à venir. Même s’il n’en fait pas une obsession. "Quand on a 31 ans et qu’on n’a pas baigné dedans depuis tout petit, même à 200km/h, on sent qu’on prend des risques, confie-t-il. Il y a la phase d’appréhension avant de monter dans la voiture, qui n’est pas agréable. Moi, je ne suis pas pilote ou sportif de haut niveau, donc je ne sais pas forcément bien le gérer."

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"Je préfère rester sur un bord de piste regarder les gens qui savent faire, complète-t-il. Mais je n’exclus pas un jour de pouvoir faire une saison de quoi que ce soit, à un niveau correct. Ce sera juste pour kiffer et essayer de documenter ça, parce que c’est toujours dans le but de transmettre la passion du sport auto (…) Je dis à tout le monde que 2024 devrait être une année un peu plus calme, mais comme d’habitude, ça ne va pas du tout être le cas!"

https://twitter.com/AlexJaquin Alexandre Jaquin Journaliste RMC Sport