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Challenge européen : un trophée important… à plus d’un titre, pour Toulon

Le Rugby Club Toulonnais affronte Glasgow ce vendredi, à Dublin (21h), en finale du challenge européen. Un titre qui n’a pas le prestige d’une Champions Cup ou d’un Brennus mais qui compte énormément pour le club toulonnais. 

Retrouver le goût du succès

Le Rugby Club Toulonnais n’a pas soulevé de trophée depuis 2015. Huit ans, c’est beaucoup trop long, pour un club fier d’afficher trois étoiles européennes sur son maillot rouge et noir. Alors certes, le challenge européen n’est pas un titre majeur mais le manager du RCT Franck Azema ne veut surtout pas minimiser un éventuel succès ce vendredi: "C’est une belle compétition, et ça veut surtout dire que tu as respecté cette coupe d'Europe. Un titre ça coûte cher, ça demande des efforts, des sacrifices, une résilience. On dit qu’on veut "arracher" ce trophée car on se bat, on donne tout pour le gagner.

Le troisième ligne italien Sergio Parissé, confirme: "Oui, le terme «arracher cette coupe» signifie qu'on est convaincu et déterminé à aller à Dublin pour ramener le trophée à Toulon, c’est ça le message."

Se qualifier pour la Champions Cup

Mathématiquement, Toulon n’est pas encore éliminé de la course aux phases finales. Mais les trois défaites d’affilée en Top 14 ont très clairement hypothéqué les chances du RCT d’accrocher une place en barrages et de se qualifier pour la Champions Cup. Pour espérer finir sixième, Toulon doit battre l’UBB avec le bonus offensif lors de la dernière journée de championnat et espérer dans le même temps que Bayonne s’impose  face à  Lyon sans bonus et sans laisser le bonus défensif au LOU. Le meilleur moyen de se qualifier pour la grande coupe d’Europe, celle qui compte aux yeux des supporters, est donc de gagner la finale de vendredi. Le demi de mêlée Baptiste Serin ne veut pas penser aussi loin: L'objectif, c'est d'abord le trophée: "Oui, c’est de gagner la coupe, pour bonifier le travail et «se payer». C’est une finale qui viendrait récompenser tout le collectif. Et en top 14, on n’est pas encore mort, même si nos chances sont infimes."

Offrir une belle sortie à certains Toulonnais

Assis aux côté du colosse Sergio Parissé, Baptiste Serin a esquissé un grand sourire à ce sujet. A l’image du troisième ligne italien, certains joueurs vont quitter la Rade en fin de saison. Un titre, forcément le meilleur moyen de soigner cette sortie et récompenser ceux qui ont mouillé le maillot rouge et noir. Baptiste Serin: "Ça fait partie des raisons pour lesquelles on doit gagner. Ce serait beau d’offrir une belle dernière saison à Sergio et à ceux qui arrêtent ou qui vont partir. On espère qu’on prendra la coupe à la fin du match pour créer une communion."

Le manager Franck Azema vit également ses derniers jours au sein du staff du RCT. L’homme est concentré sur la finale mais ne nie pas qu’un succès signifierait beaucoup pour lui et ce groupe: "Ce serait partager quelque-chose de fort, des moments intenses. Quand tu gagnes des titres, tu crées des liens et quand on se revoit 5 ans ou 10 ans après, tout le monde s’en souvient." Azema veut aussi gagner cette finale pour que le RCT reparte sur de nouvelles bases et qu’un éventuel titre serve de "point de passage".

Ne pas être contraint d’offrir… 1400 abonnements!

La petite histoire n’est pas anecdotique, car elle pourrait coûter cher au RCT! A l’été 2019, la campagne d’abonnements avait proposé aux supporters qui le souhaitaient de s’engager sur 5 saisons en souscrivant à une offre "fidélité". Plusieurs avantages: pas d’augmentation pendant ces 5 ans, un maillot offert chaque saison, et… la promesse d’offrir la cinquième année d’abonnement si d’ici là le RCT ne parvenait pas à remporter le moindre trophée. Toulon n’a rien gagné depuis, et cette finale de challenge est la dernière occasion pour le RCT d’être dans les clous (sauf improbable qualification pour les phases finales du Top 14). Certains supporters toulonnais concernés par cette option "fidélité", et pas forcément emballés par la petite coupe d’Europe, sont donc un peu tiraillés. Martin, abonné en quart de virage: "Je ne vais pas vous mentir, ça aurait été le Brennus ou la grande Coupe d’Europe, la question ne se poserait même pas. Là, ce n’est pas une coupe qui fait rêver. Si on la gagne tant mieux, mais si on perd, ça ne va pas m’empêcher de dormir. Je ne dis pas que certains supporters seront pour Glasgow, mais ils seraient bien contents d’avoir un abonnement offert la saison prochaine!" Julien Perpère, Président des "Fils de Besagne": "Notre raison d’exister, c’est de supporter le RCT. Je ne veux pas croire qu’il existe un supporter toulonnais qui espère que Toulon perde! Après, s’il y a défaite et qu’un abonnement est offert, ce sera forcément le bienvenu. Encourager le RCT, faire les déplacements, c’est beaucoup d’argent, c’est un investissement." Le club varois est de son côté un peu agacé par ce sujet et par cette clause héritée de l’époque Boudjellal. Selon des estimations, 1.400 supporters sont concernés. Leur offrir un abonnement annuel pourrait représenter plusieurs centaines de milliers d’euros.

Par Florent Germain