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"Ce club n’a plus aucune valeur": des supporters et supportrices de Biarritz choqués par la signature de Mohamed Haouas

L’annonce de la signature de Mohamed Haouas à Biarritz a fait parler dans le monde du rugby. Après avoir trouvé un accord de séparation avec l’ASM Clermont Auvergne, le pilier international s’est engagé avec le BO, en dépit de ses déboires judiciaires. Une signature que tente de justifier le club, sans convaincre ses supporters. Ni ses supportrices...

"Parmi les fondations de notre société, la plus importante est celle du pardon." C’est en ces mots que Louis-Vincent Gave, propriétaire du Biarritz Olympique, a tenté de justifier dans une lettre ouverte le recrutement de Mohamed Haouas. Celui-ci a été condamné à dix-huit mois de prison, dont neuf fermes, pour "violences aggravées" dans une affaire remontant à 2014, ainsi qu’à un an de prison ferme pour des faits de violences conjugales en mai dernier.

A la suite de cette affaire, qui avait fait les gros titres, l’ASM Clermont Auvergne a décidé de rompre son engagement avec le joueur, qui évoluera finalement la saison prochaine à Biarritz, en ProD2.

Des supporters mécontents

Une signature qui a fait réagir les supporters biarrots. Notamment l’association Miarritzeko Mutilak, qui a annoncé ce lundi ne pas participer à la campagne de réabonnement pour 2023-2024.

"C’est vraiment la chose de trop, on n’ira plus au stade, mais on continuera de les encourager à l’extérieur, explique Alizée Desmars, membre de ce club de supporters. Je pensais que c’était une blague au début, un coup pour faire parler du BO dans la presse. Ça montre que le club n’a plus aucune valeur..."

Dans sa lettre, Louis-Vincent Gave explique comprendre le désarroi des supporters, sans pour autant le partager. Il affirme également avoir contacté l’épouse de Mohamed Haouas, victime des violences conjugales du mois de mai dernier : "Nous avons parlé à son épouse qui nous a dit 'merci du fond du coeur de nous donner une chance de pouvoir prendre un nouveau départ'."

Des justifications bien trop insuffisantes pour Alizée. "On nous dit que le rugby, c’est l’école de la vie. Les joueurs de l’équipe première, ce sont les idoles des jeunes. Quelle image tu leur renvoies ? En 2023, on parle assez de la place de la femme, on se bat et finalement on continue à médiatiser un homme qui frappe son épouse. C’est honteux !"

"Ça m’a beaucoup remué"

Une autre voix basque, bien connue, s’élève également contre cette signature: celle d'Anne Etchegoyen. La chanteuse avait publié un message sur les réseaux sociaux le week-end dernier, dans lequel elle déplorait l’arrivée de Mohamed Haouas à Biarritz. Pour elle, ce choix est incompréhensible: "En tant que maman, d’un fils qui joue au rugby, en tant que féministe, ça m’a beaucoup remué, raconte-t-elle. C’est dur de se dire qu’il va arriver au Pays basque dans un rôle qui amène une représentativité. Je n’ai pas à juger son couple, ni sa personne. La question, c’est: est-ce que nous, la société, on doit accepter de cautionner ça ?"

Sur les réseaux sociaux, de nombreux autres messages condamnent cette décision de la direction du Biarritz Olympique. Mais Mohamed Haouas portera bien les couleurs rouge et blanche la saison prochaine. Selon L’Equipe, il devrait être présent à l'entraînement du BO dès mercredi.

Pierre Thévenet