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Sanction record, demande de rétrogradation, stars à libérer: les Saracens englués dans un scandale

Séisme dans la planète rugby. Les Saracens n'ont pas respecté les règles du salary cap. Conséquence directe, le club a été sanctionné de 35 points de pénalité pour la saison en cours et une amende de six millions d'euros. Malgré le caractère record de la peine, leurs rivaux souhaitent encore plus de sévérité. L'avenir des Sarries, qui ont fait appel, est flou. Retour sur une affaire hallucinante et historique.

Tout juste après avoir perdu la finale de la Coupe du monde contre l'Afrique du sud, le rugby anglais est ébranlé par une onde de choc retentissante. Un cabinet indépendant mandaté par la ligue anglaise a tranché. Les Saracens ont bafoué les règles du salary cap lors des trois dernières saisons. La sanction du comité est la plus grande de l'histoire de la Premiership. Le club londonien a écopé d'une pénalité de 35 points pour la saison en cours et d'une amende de six millions d'euros. Un jugement qui fera date. Les Sarries ont fait immédiatement appel. La décision pose plusieurs questions et a suscité de nombreuses réactions. 

Des rémunérations parallèles pour contourner le salary cap

Pour comprendre cette affaire hors du commun, il faut remonter en mars dernier. Sportsmail publie alors une enquête titanesque sur la façon dont certaines stars des Saracens sont payées. Le média explique que le propriétaire du club, Nigel Wray, verse des rémunérations parallèles pour contourner le salary cap en multipliant les investissements privés. Les noms d'Owen Farrell, Mario Itoje, Mako et Billy Vunipola sont cités en tant qu'administrateurs ou actionnaires d'entreprises opaques. L'article fait grand bruit. La Premiership ouvre un dossier.

Pour ne pas perturber l'équipe d'Angleterre à la Coupe du monde au Japon, où neuf joueurs du XV de la Rose évoluaient aux Sarries, le panel disciplinaire a décidé de rendre ses conclusions à la fin de la compétition. Pour avoir dépassé le plafond des salaires versés lors des saisons 2016/2017, 2017/2018 et 2018/2019, les Saracens ont été lourdement sanctionnés. 

Le plafond salarial est une règle visant à niveler les niveaux au sein du championnat anglais en fixant une limite (8 millions d'euros) que les clubs ne peuvent pas dépasser pour leurs équipes et leurs académies. Chaque saison, les clubs doivent soumettre un audit de ce plafond et fournir une déclaration des dépenses. 

"C'est trop léger, ils doivent être rétrogradés"

Ces dernières années, les moyens financiers déployés par le président-milliardaire, Nigel Wray, étaient très critiqués par les rivaux, qui ne cessaient de dénoncer des méthodes illégales. La sévérité de la sanction ne contente pas les adversaires des Saracens. Tony Rowe, directeur d'Exeter Chiefs, finaliste malheureux de la dernière finale du championnat contre les Sarries (défaite 34-37) n'en démord pas. "C'est trop léger. Ils doivent être rétrogradés. Nous envisageons de boycotter le match prévu contre eux le 29 décembre", a-t-il déclaré. D'autres vont plus loin en réclamant la destitution des titres gagnés par les Sarries durant ces trois saisons (deux fois champions d'Angleterre et deux Coupes d'Europe). "Le consensus général est que l'amende et la réduction de points ne peuvent pas rectifier ce qui s'est passé depuis des années", explique John Kingston, ancien dirigeant des Harlequins.

Un appel qui chamboule tout

De son coté, Nigel Wray s'est dit "totalement dévasté" par cette décision. L'homme dont la fortune est estimée à 366 millions d'euros, est "choqué et déçu de ces sanctions sévères" avant d'abattre la carte de l'émotion. "Depuis plus de 25 ans, j'ai mis mon tout mon cœur pour le club. Nous avons créé quelque chose d'incroyablement spécial sur et en-dehors du terrain".

Reste surtout que l'appel immédiat des Saracens met en péril le bon déroulé du championnat anglais. Actuellement, le classement ne contient pas les 35 points de pénalité. Dans l'attente d'un nouveau jugement, le processus pourrait être retardé jusqu'à la nouvelle année, plongeant la saison dans le chaos. "Nous allons tous jouer cette saison avec une main au dos", regrette Tony Rowe.

L'autre grande inconnue concerne la composition de l'effectif des Sarries. Le club a refusé de communiquer sur les joueurs à libérer afin de se conformer au plafond salarial. Néanmoins, il apparaît évident que des stars vont devoir plier bagage. Des rumeurs circulent déjà. Liam Williams aurait déjà été proposé en France. D'autres pourraient suivre. Des valeurs sûres comme les Vunipola, Kruis, Itoje, Farrell, Goode, Lozowski, Barritt et Koch, pour ne citer qu'eux, devraient attiser bon nombre de convoitises.

Mehdi Elouar