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Ski alpin: "De l'ambition mais pas de certitude", Clément Noël aborde sa saison de slalom avec humilité

Le champion olympique de slalom Clément Noël entame sa saison ce samedi en haute altitude à Gurgl, dans le Tyrol autrichien. Un hiver sans grand évènement où le circuit de la Coupe du monde sera au centre de toutes les attentions. Trois fois deuxième au petit globe de slalom par le passé, le skieur de Val d'Isère reste cependant sur deux dernières années plus délicates avec à chaque fois un seul succès à la clé. Et pour l'hiver à venir, il ne s'enflamme surtout pas, comme il l'a confié à RMC Sport.

Clément, un mot d'abord de cette piste de Gurgl, complètement inédite en Coupe du monde. Vous l'aviez déjà skiée?

Non, je ne la connais pas. Je suis passé à côté hier (jeudi) à l'entraînement, c'est une piste qui a l'air jolie, avec plusieurs murs assez raides. Elle n'est pas facile, assez technique, et surtout l'altitude va jouer car c'est le slalom le plus haut de la saison à 2500 mètres. Ça va être physique avec l'altitude. Surtout si le temps du slalom s'approche de la minute. À 2500 mètres, ce n'est pas la même chose qu'à 1000 mètres en termes d'oxygène et d'efforts. Physiquement, ce sera plus difficile, mais ce sera pareil pour tout le monde. Après on est censé être assez frais, on est en début de saison ça ne devrait pas poser de problème.

Fait inédit également depuis 2019, le calendrier est fait de telle manière que vous disputez le premier slalom de la saison mi-novembre, quasiment un mois plus tôt que d'habitude. C'est mieux, selon vous?

Oui, c'est une bonne chose. Je trouve que le programme de course est assez étalé cette saison et ça, c'est bien. Le programme tel qu'il est fait sur le plan sportif est intéressant. D'habitude on commence à Val d'Isère mi-décembre, mais c'est tard dans l'hiver, et ça arrive à un moment où tout le monde (géantistes, descendeurs) a déjà commencé. Nous les slalomeurs, on en est vraiment à un point où on en a un peu marre de s'entraîner. C'est vraiment mieux au final de commencer plus tôt.

Et ça permet aussi, on l'imagine, de commencer plus sobrement pour vous, à Gurgl plutôt qu'à Val d'Isère, où vous êtes chez vous et donc très sollicités par les fans...

Oui, c'est clair. J'aimais bien l'époque (jusqu'en 2019) où on commençait à Levi en Finlande. C'était tranquille, on était loin de tout, sans grande pression populaire ou médiatique. La seule pression, c'était juste de savoir qu'on disputait notre première course de la saison. Val d'Isère pour moi, c'est plus de sollicitations, c'est plus stressant, même si j'ai fait aussi de bons débuts de saisons à Val d'Isère (vainqueur en 2021). Mais je suis content de commencer ici à Gurgl au mois de novembre. C'est en Autriche, ils savent faire de bonnes courses de ski donc ça va être bien.

Quels seront vos objectifs cette saison?

Dans l'immédiat, je ne vais pas vous donner d'objectif chiffré pour la course de Gurgl. Je vais juste essayer de faire de mon mieux. Après, bien sûr que j'ai des objectifs sur cette saison, comme à chaque saison de Coupe du monde. Là, il n'y a pas de Jeux olympiques ou de Championnats du monde donc on va se concentrer à fond sur cette Coupe du monde. Je vais essayer d'être le plus performant possible à chaque course: jouer devant, monter sur des podiums, obtenir des victoires, c'est ça qui me fait vibrer. Après j'ai de l'ambition et des objectifs mais pas de certitudes. On va essayer de faire cette première course à fond et on verra.

Vous êtes beaucoup parti à la faute ces deux dernières saisons alors que vous aviez travaillé à skier plus sobrement pour éviter ça. Vous serez dans le même état d'esprit cette saison?

Non. J'ai longtemps essayé de solidifier mon ski, d'être plus sobre et intelligent dans mon ski les deux dernières années, et ça a produit l'effet inverse, je suis plus sorti qu'à l'époque où je laissais parler mon naturel et où j'essayais d'aller vite et de gagner des courses. Je trouve que sur les saisons 2019, 2020 et 2021, j'avais du déchet mais pas tant que ça et ce n'était pas inquiétant. Ça m'a peut-être coûté d'aller jouer un globe à un moment donné mais je vivais les saisons à fond, j'allais gagner des courses et c'est ça qui me plaisait. Quand j'essayais de jouer contre nature comme l'an passé, ça n'a pas réussi et j'ai fini encore moins de courses. Donc l'objectif de la préparation n'est pas d'être plus régulier, mais ça reste quand même la finalité. Après, gagner implique toujours de prendre des risques. Mais si tout est en place techniquement, les risques sont mesurés et je suis capable d'aller en bas.

Propos recueillis par Arnaud Souque