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Ski alpin: "On me dit que j'ai marqué l'histoire du ski alpin", Sarrazin raconte son ascension "irréelle"

Malgré l'annulation des deux descentes prévues cette semaine sur la verte des Houches, la nouvelle coqueluche de la vitesse française, Cyprien Sarrazin, était présente dimanche matin dans la raquette d'arrivée à Chamonix pour applaudir les tricolores lors de la première manche du slalom. Il profite aussi de sa nouvelle notoriété, deux semaines après ses deux victoires consécutives sur la mythique Streif de Kitzbühel.

Cyprien, faute de course, il fallait quand même venir s'imprégner de l'ambiance ici à Chamonix ?

Oui c'est cool de venir là et de voir les copains. Samedi soir au tirage des dossards c'était bien le bordel, c'était cool, je découvre un peu l'engouement. C'est chouette, je ne me rendais pas encore vraiment compte de l'engouement qu'il y avait. Mais les gens sont vraiment à fond.

Doppel-sieger (double vainqueur le même weekend) à Kitzbühel comme Alphand en 1995, deux semaines après, de vous le dire, et de l'entendre vous le dire, ça vous fait quoi ?

C'est... (Long silence) C'est encore presque un peu irréel. J'ai engrammé tout ce que j'avais à engrammer dans ma tête de ces deux journées là, ensuite on pensera à l'histoire plus trad. Mais beaucoup me disent tu as marqué l'histoire du ski français, mais aussi du ski alpin en général. Mais j'ai du mal à m'en rendre compte. Ça viendra.

Comment avez-vous géré l'après Kitzbühel ?

Bien bien bien. J'ai réussi à bien me reposer même si à Garmisch ça ne s'est pas très bien passé. Mais il ne manquait pas grand chose, ça ne change rien. Il n'y a aucun souci avec mon ski.

Vous sentez un début de "Sarrazinmania" ?

Oui c'est marrant, même à l'étranger, à Garmisch tout le public était derrière moi et voulait prendre des photos avec moi, c'était chouette. Je le vis bien. C'est que du bonus, tout le monde est très bienveillant, et ça m'apporte énormément d'énergie. Après, il faut que j'arrive à gérer comme il faut les demandes et les sollicitations pour penser à moi et aux courses qui arrivent. Mais on a le temps vu que Chamonix ça a été annulé, on a une semaine de repos de plus. C'était l'occasion de venir ici et de profiter de tout le monde.

C'est une déception de ne pas avoir pu courir ici ?

Oui bien sûr, c'est une déception de ne pas avoir pu faire cette grosse semaine, mais les conditions n'étaient pas réunies pour notre sécurité donc c'est comme ça. Il n'y a pas de frustration, on fait un sport d'extérieur et on doit s'adapter, il reste encore deux descentes d'ici à la fin de l'hiver, on verra bien.

Après vos exploits, Nils Allègre à son tour a gagné pour les Bleus en Coupe du monde, son premier succès en Super-G. Vous avez l'impression d'avoir insufflé quelque chose ?

On fait un sport individuel mais en équipe, on vit ensemble les trois quarts de l'année. Avoir fait de beaux résultats, tout le monde était content pour moi, il y avait de la joie, et ils se sont dit, on peut le faire. Nils Allègre, c'est trop bien qu'il ait réussi à gagner, ça l'a débloqué. Je sais pas si c'est moi qui ait amené ça, mais on est dans une bonne dynamique. Eux m'amènent à me dépasser, et je les amène à se dépasser.

Vous avez six points de retard sur Marco Odermatt au classement de la Coupe du Monde de descente, vous rêvez désormais de devenir le troisième français à remporter la Coupe du Monde de descente après Killy et Alphand ?

Forcément j'y pense puisque tout le monde m'en parle. Je suis à six points de Marco et il reste deux courses d'ici à la fin de l'hiver. C'est dans ma tête parce qu'on m'en parle, mais je ne me mets pas de pression. Je ne me mets pas de limites non plus. C'est que du bonus maintenant.

Propos recueillis par Arnaud Souque, aux Houches