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Boxe: fils d’un roi, pote de Joshua, sparring de Fury... Les choses à savoir sur Martin Bakole, adversaire de Tony Yoka

Huit mois après sa dernière apparition dans un ring, Tony Yoka fait son douzième combat pro ce samedi soir à Bercy contre Martin Bakole. Présentation du Congolais qui va tenter d’arrêter la montée en puissance du champion olympique 2016 chez les lourds et qui lui opposera un défi pas simple à relever dans le ring.

Cela aurait dû être un autre, Carlos Takam, pour un choc de générations franco-français évaporé après une blessure de l’ancien challenger mondial. Ce sera Martin Bakole. Moins vendeur pour le grand public parisien. Mais plus dangereux et une plus grosse étape pour le douzième combat pro de Tony Yoka ce samedi soir, sa première à Bercy.

Le Congolais, 28 ans (deux de moins que Tony), 198 centimètres (trois de moins que Tony), droitier offensif au jab explosif, 17 victoires depuis ses débuts pros en 2014 contre une seule défaite en 2018 contre le solide Michael Hunter, a une particularité : il est le fils d’un roi de la province du Kananga. Mais le garçon a préféré les rings au règne.

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Son dignitaire de père a enfanté des boxeurs: Bakole est le petit frère du champion WBC des lourds-légers Ilunga Makabu, qu’il a suivi en 2016 en Grande-Bretagne (Makabu avait affronté Tony Bellew à Goodison Park, stade d’Everton) où il se prépare sous les ordres de Billy Nelson. Son coach avait fait dans la punchline pour parler de son poulain au Sun fin 2020, évoquant le poids lourd "le plus évité de la planète". Il avait un argument. "Les boxeurs sont intelligents. Ils savent. Quand il malmène quelqu'un en sparring, le gars rentre chez lui et se dit qu'il n'a aucun intérêt à l'affronter en combat. Et il n'a même pas encore montré 75% de ce qu'il est vraiment capable de faire."

Rayon sparring-partners, Bakole affiche quelques références. Il l’a beaucoup été pour la star Anthony Joshua, devenu un grand pote en dehors des rings. Idem avec Tyson Fury, encore récemment pour le combat du "Gypsy King" contre Dillian Whyte, ou encore l’Ukrainien Oleksandr Usyk avant le combat où il a détrôné Joshua. Tous sont sortis impressionnés par son talent entre les cordes. Certains voteraient même Bakole. "Si vous regardez sur les réseaux sociaux vous pouvez voir une vidéo Tyson (Fury), rappelait le Congolais ce vendredi à la pesée au micro de RMC Sport. Il assurait que j’allais mettre Yoka KO parce que j’ai l’envie et la détermination."

"Je m’excuse pour ça mais il fallait que je le fasse"

Treizième au classement mondial du site BoxRec (Tony est quinzième), dans le top 15 de trois des quatre organisations majeures (comme Tony, et les mêmes, toutes sauf la WBO), Bakole va présenter un gros challenge à Yoka, qui parle à raison de son adversaire "le plus dur depuis le début". "Il est fort, grand, longiligne, détaille le Français, il fait plus de 120 kilos (125 contre 109 à la pesée, ndlr), il est très puissant et dur au mal. C’est un adversaire qui va me donner du fil à retordre et il va falloir s’en méfier jusqu’à la fin." Les deux adversaires partagent une victime dans le ring, le Belge Ali Baghouz, battu par les deux à un mois d’écart fin 2017 avec un KO un round plus tôt pour le premier.

Ils partagent aussi un pays, le Congo, de nationalité pour Bakole, d’origine pour Yoka, où les combats de Bakole sont très suivis. "Mon père est venu en France à la fin des années 80, rappelle Yoka, et le fait de savoir que ce combat est autant suivi chez lui est particulier." Le respect entre les deux, comme cette forte accolade après le face-à-face de la pesée, est palpable. Mais il avait un temps semblé disparaître après l’affaire Filip Hrgovic. D’abord prévu le 15 janvier, le combat Yoka-Bakole avait été reporté en raison des jauges sanitaires qui ne garantissait pas le bon équilibre financier de l’événement.

Dans le même temps, l’IBF cherchait un adversaire pour le Croate, battu par Yoka en demi-finale à Rio, pour une "demi-finale" avec statut de challenger mondial au vainqueur. Le Français a accepté, opportunité idéale, mais Bakole a fait valoir ses droits contractuels auprès de l’IBF qui lui a donné raison. "Je m’excuse pour ça mais il fallait que je le fasse", se défend le Congolais. Irrité, Yoka avait promis de le corriger pour lui avoir fait rater cette chance. Pour la défense de Bakole, le camp du Français n’a rien tenté pour le faire changer d’avis, situation pourtant commune dans un sport qui pratique parfois le step aside money (de l’argent pour s’écarter au profit d’un autre adversaire).

"Il ne m’a jamais contacté pour négocier par rapport au combat, raconte le Congolais. Il n’a jamais appelé mon équipe donc nous n’avons jamais compris pourquoi il a accepté un autre combat. Il doit honorer le contrat. Il n’est jamais venu me voir, j’aurai compris mais il n’a rien fait. Ce n’était pas respectueux. Est-ce qu’on m’a proposé de l’argent pour annuler le combat? Jamais. On ne m’a même pas appelé." "Je ne vais pas dire que je ne lui en veux plus mais je suis passé à autre chose, évacue Yoka. Je suis focalisé sur ce combat et il ne faut pas perdre de l’énergie."

"Je sais que je vais le battre"

Le Français se dit "plus rapide", "plus technique": "Mon explosivité fera la différence quand je vais commencer à enchainer les coups". Il a sans doute raison sur tout. Mais Bakole croit en lui: "C’est le pays de Tony. Mais je sais que je vais le battre". "Martin va le mettre KO, promet son coach Billy Nelson. Il est capable de battre n’importe qui. Yoka est costaud mais plus c’est gros, mieux c’est pour Martin qui le voit comme un défi. Yoka est très bon techniquement mais il boxe encore comme un amateur. Martin est bien meilleur que tous ceux qu’il a combattus."

L’inverse est aussi vrai pour un Bakole dont la plus belle victoire se nomme Sergey Kuzmin fin 2020 pour une ceinture WBC International. Son coach parle de "combat charnière" quand Yoka évoque "un tournant". "On un peu au même niveau de notre carrière, poursuit le champion olympique 2016. Lui comme moi, notre place est un peu plus haute dans les classements." Un seul passera l’étape, direction le top 10 et les rêves de grandeur mondiale.

https://twitter.com/LexaB Alexandre Herbinet Journaliste RMC Sport