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Claressa Shields lors de son premier combat de MMA en juin 2021

Claressa Shields lors de son premier combat de MMA en juin 2021 - AFP

PFL: "Parfois, j’oublie que j’ai des jambes", Claressa Shields raconte son défi en MMA

EXCLU. Double championne olympique et championne du monde dans trois catégories, Claressa Shields est une des meilleures boxeuses de la planète. Lancée ces derniers mois dans le défi fou de devenir championne du monde en MMA en parallèle de sa carrière dans le noble art, une première dans l’histoire hommes et femmes confondus. L’Américaine a accordé un long entretien à RMC Sport avant son deuxième combat dans la discipline, ce mercredi soir (en direct à partir de 22h30 sur RMC Sport 2) au PFL (Professional Fighters League), où elle revient en détails sur cette transition.

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Claressa, vous allez disputer votre deuxième combat en MMA. On suppose qu’il y avait un peu de nervosité avant le premier en juin, remporté par TKO au troisième round face à Brittney Elkin. Quel est votre état d’esprit à l’approche de ce deuxième rendez-vous dans la cage?

Je veux faire mieux que la dernière fois. J’ai appris de nouvelles combinaisons, de nouvelles choses au sol, et je suis très confiante sur le fait que je pourrai me relever si je suis amenée au sol. Je suis impatiente de montrer que je peux faire mieux que la première fois mais je n’ai pas vraiment d’inquiétude. J’ai juste envie de combattre.

Sur quels domaines avez-vous le plus progressé depuis ce premier combat?

Je ne peux pas vraiment pointer un domaine. J’ai progressé de la même façon sur tous les plans. On continue de travailler beaucoup sur le sol, pour mieux comprendre tout ça, mieux comprendre comment s’est déroulé mon dernier combat et comment je peux rendre ce deuxième plus facile. On a travaillé sur différentes choses.

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Avec le recul, comment analysez-vous ce premier combat? Quelles sont les choses que vous avez bien faites et celles que vous avez mal faites?

Je dois me décerner quelques lauriers. J’étais super calme au sol, je ne lui ai jamais donné mon dos, j’ai évité ses prises de soumission. J’étais très alerte au sol et quand j’ai pu me relever, j’ai fait ce que j’avais à faire. Je savais que mon premier combat serait un peu moche mais je savais aussi que j’avais de quoi comprendre tout ça sur le tas et c’est ce que j’ai fait round après round avant de prendre les commandes du combat dans le dernier round. Il y a des choses que j’avais mal faites mais on est retourné à la salle pour travailler là-dessus. Je ne dirais pas quoi spécifiquement, vous pouvez le deviner en regardant le combat, mais on a notamment travaillé sur le fait de mieux se relever, d’avoir plus de connaissances quand je suis au sol, sur les petits détails sur comment mieux se relever ou quand mes adversaires vont lancer des takedowns ou des choses comme ça.

Claressa Shields lors de son premier combat de MMA en juin 2021
Claressa Shields lors de son premier combat de MMA en juin 2021 © AFP

Votre utilisation des poings est sans égale dans le MMA vu votre passé dans la boxe. Sachant cela, travaillez-vous uniquement le sol, la lutte, le grappling et le jiu-jitsu ou alternez-vous tout de même avec des pures séances de boxe?

Je travaille tout ensemble. Être un bon combattant MMA, c’est savoir mixer tous ces arts martiaux et faire de tout ça votre maison, se sentir à l’aise avec ça. Je travaille toujours le striking, donc, mais aussi le sol, la lutte et tout le reste, le tout de façon combinée. Mais je ne vais jamais juste frapper le sac comme pour une séance de boxe. Si je frappe le sac, c’est toujours un mix de coups de poing et de coups de pied, en gardant mes mains de façon à pouvoir bloquer les coups de pied et en faisant attention à faire de même avec mes jambes pour pouvoir tout de suite renvoyer un coup. Je reste toujours basse sur mes jambes pour être prête à gérer les tentatives de takedown. Je dois vraiment tout travailler ensemble pour ne pas avoir à revenir juste sur ma boxe lors d’un combat. Je ne veux pas juste boxer dans la cage. Je veux avoir tous les outils possibles pour m’aider. Je peux apprendre à lancer un takedown comme je peux apprendre à le défendre. Je peux envoyer des coups de pied comme je peux apprendre à les défendre. Je veux pouvoir maîtriser ces combinaisons où les poings et les pieds travaillent ensemble. Je travaille toujours mon striking mais je l’adapte pour qu’il fonctionne avec le jiu-jitsu, la lutte ou le kickboxing. Tout se travaille ensemble, je ne fais pas de la boxe à part.

Continuez-vous tout de même des sessions spécifiques de boxe en préparation de vos combats dans le ring?

Pas en boxe, non, car je n’en ai pas besoin. Je boxe depuis plus de quinze ans, je ne vais jamais oublier comment boxer. Ma position naturelle de boxeuse sera toujours là. J’aime me concentrer sur un combat après l’autre. Même si ça parle beaucoup autour de Savannah Marshall (sa grande rivale britannique, seule boxeuse à l'avoir battu chez les amateurs, championne WBO des moyens qu'elle devrait affronter en 2022 alors qu'elle possède les autres ceintures de la catégorie, ndlr), qui chambre et ouvre beaucoup sa bouche, tout comme Ema Kozin que je vais affro nter en décembre, mon esprit n’est pas tourné vers elles. Abigail Montes est le prochain challenge devant moi et je vais me respecter et la respecter en me préparant à fond pour ça. Je ne me soucie pas encore de ces autres filles. J’ai d’abord ce challenge à relever en MMA et il sera ensuite temps de se tourner vers mon prochain combat de boxe en décembre.

Vous avez entamé cette transition vers le MMA depuis de nombreux mois. Certaines choses vous ont-elles surprise dans l’apprentissage de cette discipline? Y a-t-il des domaines que vous trouvez plus compliqué que ce que vous imaginiez?

Tout est compliqué, surtout dans l’apprentissage du sol, mais rien ne m’a vraiment surprise. J’avais fait des séances de sparring où j’avais été amenée au sol, ce n’était pas la première fois que ça m’arrivait. Et j’avais réussi à me relever. Mais ces filles avec qui je sparrais n’étaient pas des ceintures marron. Désormais, je m’entraîne en permanence avec un coach qui est ceinture noire, Roberto Alencar. Il m’apprend le jiu-jitsu mais le jiu-jitsu adapté au MMA. Lors de mon premier combat, le plan de mon adversaire était d’être meilleure que moi sur le jiu-jitsu. Mais c’est un combat, avec toutes ses facettes, et c’est là où elle s’est trompée. Elle ne cherchait pas à me combattre mais à me maintenir au sol. Dans mes entraînements, mon coach m’oppose beaucoup de résistance, ce sont vraiment des séances très difficiles contre lui, mais il n’essaie pas seulement de me maintenir au sol. Il me maintient au sol mais il se penche pour essayer de me frapper pour que je sois obligée de trouver une position où je peux le contrôler. Il essaie de me faire un triangle (étranglement, ndlr) ou ce genre de choses pour que je devienne plus alerte au sol. Mais ma dernière adversaire n’était pas assez puissante ou douée pour me causer des dommages, car je ne le permettais pas, et j’ai vite réalisé que je pouvais lui faire mal de mon côté et c’est ce que j’ai fait, même dans le deuxième round avec mon ground-and-pound sur la fin qui a permis de préparer le TKO du troisième round.

Claressa Shields célèbre sa victoire lors de son premier combat de MMA en juin 2021
Claressa Shields célèbre sa victoire lors de son premier combat de MMA en juin 2021 © AFP

Votre striking est une arme fatale dans n’importe quel combat car vous pouvez éteindre la lumière de l’adversaire à tout moment. Gardez-vous toujours cette capacité à renverser la situation n’importe quand en tête si un combat se passe mal?

Je crois que dans tout combat difficile, j’ai toujours une chance de m’imposer à un moment car j’ai assez travaillé pour ça. Bien sûr, le meilleur moyen restera toujours ma droite, mon crochet ou mon uppercut, mais j’ai aussi d’autres armes pour surprendre les filles face à moi. Je reste toujours dans le jeu. Si je dois changer mon plan en cours de combat et faire les choses différemment, je suis prête à le faire et mon QI combat est assez grand pour s’adapter.

Quand un Bo Jackson jouait au plus haut niveau en football américain et au baseball à la fin des années 80, il était une immense star très suivie par les médias. Pensez-vous que les gens se rendent vraiment compte du niveau de défi que vous vous êtes lancés en tentant de devenir championne du monde en boxe et en MMA en même temps?

Depuis que j’ai ajouté le MMA à mon CV, les gens sont devenus dingues dans le bon sens du terme. Ils sont très respectueux de ce que je fais, ils m’envoient toujours des messages d’encouragement. Même les fans de MMA, qui étaient d’abord méchants avec moi, ont changé leur façon de me voir après mon premier combat. Désormais, ils me respectent et je les aime bien. Quand j’ai commencé, même certains de mes fans dans la boxe disaient: 'On ne veut pas que Claressa fasse du MMA, on veut qu’elle se consacre à la boxe'. Mais désormais, ils me soutiennent aussi. Ils me disent qu’ils croient que je peux faire n’importe quoi tant que mon esprit est tourné vers cet objectif. C’est ce que j’ai toujours répété à tout le monde! Je ne sais pas s’il existe un sport que je ne peux pas faire. Si je m’entraîne, si j’apprends auprès des bonnes personnes, j’aurai du succès dans n’importe quoi. Je ne sais pas pourquoi Dieu m’a fait ce cadeau d’être si athlétique mais c’est comme ça depuis que je suis petite. J’ai commencé la boxe à onze ans et j’ai gagné l’or olympique à dix-sept. Je battais des filles qui faisaient ça depuis plus de dix ou quinze ans alors que je ne boxais que depuis six ans, que j’étais encore jeune, que je n’avais pas ma puissance de femme ou mes qualités actuelles. Mais j’ai cette faculté à écouter mon coach. C’est pour ça que j’apprends les choses si vite en MMA. Et une fois que j’ai assimilé quelque chose, ça m’appartient pour de bon, je le rends mien en l’utilisant comme j’en ai envie. C’est aussi pour ça que j’adore travailler avec coach Jackson et coach Wink (entraîneurs de la Jackson Wink MMA Academy au Nouveau-Mexique, où elle s'entraîne, ndlr): même si je suis dure avec moi-même, ils me poussent toujours un peu plus loin car ils voient mon potentiel. J’ai le potentiel pour devenir une très grande en MMA en prenant les choses comme ça, petit pas après petit pas, et en gagnant de l’expérience. Et c’est ce que je suis en train de faire.

>> Vidéo - Claressa Shields: "2023 sera mon année en or"

Par expérience, sur Twitter, la communauté MMA est très souvent plus toxique que celle de la boxe. On sait que vous ne mâchez pas vos mots sur les réseaux sociaux. Comment avez-vous géré ça et vous sentez-vous bienvenue dans cette communauté désormais?

La communauté MMA a été gentille avec moi. La communauté de la boxe a un peu changé sa façon de me voir et ils le sont maintenant un peu plus. Mais pour moi, il y a toujours plus de 'trolls' que de gens gentils. J’en viens à bloquer énormément de gens sur Twitter. Twitter est un lieu vraiment très toxique. C’est le réseau social que je préfère le moins. Il permet aux gens de créer des fausses pages et de vous harceler toute la journée. Et personne ne veut passer sa journée à ça… Je vais écrire un tweet normal et les gens avec une opinion différente viennent et me disent des choses vraiment méchantes. J’ai envie de leur dire: mais pourquoi es-tu fâché par mon opinion sur un sujet ou par quelque chose que je pense? Les réseaux sociaux sont censés permettre aux gens de s’exprimer peu importe leurs sentiments. Mais j’ai l’impression d’être toujours attaquée sur ce site. Une fois que je vais atteindre un million de ‘followers’ sur Instagram, je vais donc supprimer mon Twitter. Je me fiche d’avoir des ‘followers’ sur ce réseau car ils sont trop toxiques et disent des choses vraiment méchantes qui seraient bloqués sur Instagram. Sur Twitter, ils peuvent tout dire et c’est un chemin de croix pour les signaler et avoir un retour qui dit souvent: 'On ne croit pas que c’était nocif ou que c’était du harcèlement'. Alors que c’est le cas! C’est arrivé au point où il y a quelques jours, j’ai carrément enlevé cette application de mon téléphone. Je n’ai pas le temps de débattre avec des étrangers qui ont de la haine contre moi. Je me prépare pour un combat et ils essaient de me harceler sur mon compte alors que je tente de me reposer et de rester calme. J’en ai eu marre et j’ai effacé l’application. Mon agent a peut-être posté quelque chose mais je ne pense pas que je vais y retourner pour au moins un mois. J’ai déjà fait trois mois sans. Mais je n’avais pas supprimé mon compte. Quand je reviens, beaucoup me disent: 'Oh, tu nous as manqué'. Mais très vite, je vois revenir ces gens qui ne m’aiment pas. Et j’ai juste envie de dire: tu ne m’aimes pas, c’est simple, ne me suis pas! Si tu n’aimes pas ma personnalité, que tu me trouves trop arrogante, que tu penses que je parle trop ou que tu n’aimes pas mon look, peu importe, ne me suis pas, c’est aussi simple que ça! Je ne sais pas pourquoi ils font ça car je ne suis personne que je n’aime pas. Je n’aime pas Savannah Marshall, c’est clair, et je ne la suis pas. (Rires.)

Claressa Shields avec ses ceintures de championne du monde unifiée des poids moyens en avril 2019
Claressa Shields avec ses ceintures de championne du monde unifiée des poids moyens en avril 2019 © AFP

La réponse semble évidente mais votre but reste-t-il de devenir la première de l’histoire, hommes et femmes confondus, à être championne du monde en boxe et en MMA en même temps? Et dans quel timing pensez-vous pouvoir accomplir cela?

Je pense que 2023 sera mon année en or. Après mon combat de boxe de décembre, et je l’espère après avoir affronté Savannah Marshall en début d’année prochaine, je veux consacrer beaucoup de temps strictement au MMA. Je le ferai aussi entre mes camps d’entraînement de boxe. Le truc est d’ajouter des armes à mon arsenal. Je sais que je suis déjà plutôt bonne mais ce sont les petits détails qui font la différence. Je veux passer plus de temps au sol, récolter une ceinture à couleur en jiu-jitsu. Je fais déjà de la lutte mais je veux lutter avec des gens qui ont participé aux Jeux Olympiques ou qui ont été en Division 1 universitaire. Je veux être capable de lutter avec eux et de m’en sortir. Il y a beaucoup de choses auxquelles je réfléchis dans ce sens et que je suis prête à conquérir. Tout est une question de timing pour pouvoir y arriver et je crois vraiment qu’en 2023, je serai championne du monde de boxe et je combattrai dans la saison PFL pour tenter de remporter le tournoi et le million de dollars qui va avec. Mais je dois m’entraîner très dur pour arriver à faire les deux en même temps. C’est pour ça que ça n’a jamais été fait. Mais une nouvelle fois: qu’est-ce que Claressa Shields ne peut pas faire? (Rires.)

La seule à avoir réussi à conquérir une ceinture mondiale en boxe et en MMA, mais pas en même temps, est Holly Holm, votre "coéquipière" à la Jackson Wink Academy, championne des coqs à l'UFC après avoir conquis la planète dans le noble art. Parlez-vous beaucoup ensemble de ce défi qu’elle connaît bien?

Nous parlons beaucoup de MMA, tout le temps. On évoque souvent l’état d’esprit différent qu’il faut avoir par rapport à celui de la boxe et pourquoi on a décidé de passer de l’un à l’autre. Holly me dit souvent: 'J’étais comme toi, j’affrontais n’importe qui en boxe'. Quand j’ai commencé, je me souviens lui avoir dit en rigolant: 'Tu sais quoi? Parfois, j’oublie que j’ai des jambes et que je peux m’en servir'. Et elle m’a répondu que ça avait été la même chose pour elle. Nous sommes tellement concentrées sur nos poings… Je lui disais: 'Quand je suis au sol, je veux encore les utiliser et j’oublie que mes jambes peuvent m’aider, je ne suis juste pas habituée à ce qu’elles me servent à autre chose qu’à porter le haut de mon corps'. (Sourire.) Mais dans le MMA, elles peuvent être utilisées pour faire beaucoup de choses dingues. Il faut juste se souvenir qu’on les a et les activer. On parlait du fait de toujours garder ça en tête, c’était une conversation vraiment cool. Il y a aussi Arlene Blencowe (une Australienne qui a conquis des titres mondiaux secondaires en boxe en parallèle d’une carrière MMA qui l’a menée à combattre deux fois pour le titre des plumes au Bellator, ndlr). Ce sont deux femmes venues de la boxe pour se tourner vers le MMA. Arlene a combattu pour des ceintures et elle est toujours dans le top 5 au Bellator. Et Holly Holm est une 'OG' (original gangster, expression utilisée pour parler d’une pionnière, ndlr). Toutes celles qui l’affrontent doivent savoir qu’elle est prêt à combattre, même à quarante ans. Et maintenant, c’est mon tour, je suis la nouvelle mais j’apprends auprès de ces personnes si géniales.

Holly Holm avait choqué le monde du MMA en détrônant Ronda Rousey en 2015. Il y a presque un parallèle avec vous et votre quête de choquer le monde des sports de combat en devenant la première championne du monde en boxe et en MMA en même temps…

Je pense que c’est possible, en effet. Et c’est pour ça que je fais ça et que je me donne autant pour relever ce challenge. Je suis concentrée sur mon deuxième combat pour l’instant et on verra la suite l’année prochaine et jusqu’où ça peut me mener.

Claressa Shields monte dans la cage pour son premier combat de MMA en juin 2021
Claressa Shields monte dans la cage pour son premier combat de MMA en juin 2021 © AFP

Allez-vous participer à la saison PFL dès l’année prochaine?

Je ne sais pas encore. On va se décider dans les semaines ou les mois à venir.

Un mot sur ce deuxième combat de MMA contre Abigail Montes (2-0 en carrière). Comment l’abordez-vous et quel plan avez-vous concocté pour elle?

Nos qualités se valent. Pas au niveau des mains, bien sûr, mais elle envoie beaucoup de coups, elle avance doit vers vous, elle envoie des coups de pied, elle tente des takedowns, elle connaît bien le jiu-jitsu. J’ai l’impression que c’est une combattante très complète qui est en train d’apprendre le MMA comme je le fais. Elle va tenter d’utiliser son expérience et son temps passé au sol dans la cage contre moi. J’ai lu dans une interview qu’elle allait tenter de me prendre au jeu du striking, d’être meilleure que moi sur ce plan. C’est ce qu’elle fait à ses adversaires mais si elle essaie ça, ce sera un très bon combat pour moi. Et si ce n’est pas le cas, ce sera tout de même un bon combat pour moi car je me suis entraînée pour tous les scénarios. Je suis prête pour tout ce qu’elle va me proposer et j’espère qu’elle est prête pour tout ce que je vais lui proposer et qu’on fera un super combat, dont je sortirai victorieuse. J’ai beaucoup de respect pour elle mais je sais quelle athlète je suis, quelle personne je suis, et je ne pense pas qu’il existe une femme sur cette planète qui peut se mesurer à moi à la bagarre. J’ai cette détermination, ce côté combattante, cette niaque qui font que je suis toujours là.

Vous vous êtes souvent exprimée sur la quête d’égalité salariale entre les hommes et les femmes dans le sport. Que ressentez-vous quand vous voyez le PFL distribuer un million de dollars à chaque vainqueur de tournoi, hommes et femmes, sans faire de différence?

C’est vraiment génial car vous devez gagner vos galons en les méritant. C’est ce que j’ai fait dans la boxe, par tous les moyens possibles: double championne olympique, championne du monde professionnelle dans plusieurs catégories, deux fois championne unifiée et incontestée… J’ai mérité tout ce que j’ai obtenu dans la boxe. J’ai prouvé au monde de la boxe, aux promoteurs et aux diffuseurs que j’étais le prochain grand truc dans ce sport. Ils l’avaient accepté mais ils se sont arrêtés au dernier moment. Quand il était l’heure pour moi de devenir une star de pay-per-view, ils ne m’en ont pas donné l’opportunité. Quand il était temps pour moi de gagner un million de dollars pour un combat, ils ne me l’ont pas donnée non plus. Mais dans le MMA, au PFL par exemple, vous devez juste gagner ça par vous-même. Ce tournoi avec les huit meilleures combattantes à leur disposition où les deux finalistes gagnent le droit de s’affronter pour un million de dollars, c’est juste génial. Ils ne nous disent pas: 'Oh, tu n’as pas assez de followers sur les réseaux sociaux' ou 'Tu n’es pas assez une star'. Peu importe d’om vous venez sur ce plan, vous combattez et si vous gagnez, vous avancez. On ne sait pas d’avance qui seront les deux finalistes mais tout le monde combat pour le même prix, hommes ou femmes. C’est un truc en or et la façon dont le monde devrait tourner selon moi. Vous devez juste montrer que vous le méritez. C’est le système parfait et j’aime pouvoir m’exprimer sur cette plateforme.

Claressa Shields lors de son premier combat de MMA en juin 2021
Claressa Shields lors de son premier combat de MMA en juin 2021 © AFP

Si votre carrière en MMA décolle comme vous le souhaitez, imaginez-vous à terme rejoindre l’UFC, qui est la plus grande organisation dans cette discipline?

Je ne sais pas. J’ai l’impression que c’est là où tout le monde va quand vous êtes très bons. Vous gagnez dans une autre organisation et vous rêvez de combattre à l’UFC. Mais pour l’instant, je suis concentrée sur le fait de devenir championne du PFL et on verra bien ce qui se passera ensuite. Je suis sûre que beaucoup de portes s’ouvriront après ça. Et on ne sait jamais. Ce seront peut-être des filles de là-bas qui voudront signer au PFL et combattre pour une chance de remporter un million de dollars. Je ne sais pas si les filles sont payées à ce niveau pour combattre à l’UFC. Mais c’est génial de savoir qu’après un nombre déterminé de combats, vous pouvez combattre pour devenir millionnaire si vous atteignez la finale. Il faut regarder les différentes options et voir ce qui vous convient le mieux.

Il y a un combat de MMA à faire avant mais votre prochain rendez-vous en boxe, en décembre, se fera sur la même carte que votre rivale Savannah Marshall que vous devriez affronter en 2022. Avez-vous prévu quelque chose pour ces retrouvailles et êtes-vous impatiente de ce combat très attendu par le milieu du noble art contre la Britannique où vous aurez l’occasion de la faire taire?

Je ne pense pas à ça comme ça. J’ai d’abord un combat de MMA puis un combat en boxe. Je sais qu’elle va vouloir faire du trashtalking et m’envoyer des piques. Mais j’ai déjà été face à elle de nombreuses fois et elle sait déjà ce qui va se passer. N’essaie même pas de me tester, je ne suis pas la personne avec laquelle faire ça ! Elle dit beaucoup de mensonges et c’est pour ça que je ne l’aime pas. Ce n’est pas le fait qu’elle soit confiante car elle a remporté un titre mondial. Félicitations pour ça. Mais quand tu dis que je suis passée au MMA pour t’éviter et que j’ai peur de t’affronter, ce genre de choses dingues… Je détiens toujours trois des quatre ceintures de la catégorie. Et tu n’aurais pas pu avoir ta chance mondiale si je n’avais pas combattu dans la catégorie en-dessous, ce qui m’a obligé à abandonner la ceinture WBO. Elle ne serait même pas championne si je n’avais pas fait ça! Tu n’as pas battu la championne pour gagner ta ceinture, tu as juste affronté quelqu’un qui n’était pas la championne et tu l’as battue. Félicitations. Elle utilise ma réussite et mes succès pour dire: 'Claressa Shields a fait ça donc je peux le faire aussi, elle est championne dans trois catégories et je peux le faire aussi' Quoi? Eh bien fais-le, bordel! C’est tout. Tu dis que tu peux être ci ou ça, que tu es bien meilleure que moi, que j’ai eu des opportunités avant toi, mais tu es devenue pro avant moi (faux, c’était en novembre 2016 pour Shields et en août 2017 pour Marshall, ndlr). Elle était engagée avec mon idole, Floyd Mayweather, et elle n’a rien fait car il fallait choisir ses adversaires avec prudence. Ce n’est pas comme ça qu’on fait les choses aux Etats-Unis. Les meilleurs affrontent les meilleurs. Et si tu dis que tu peux battre Claressa Shields, on va t’organiser des choses dans ce sens-là.

Vous avez récemment évoqué sur les réseaux sociaux l’idée que les sportifs puissent toucher un pourcentage sur les paris effectués sur eux. Pouvez-vous nous expliquer votre réflexion sur ce plan?

C’est juste un tweet que j’ai fait, quelque chose qui m’a traversé l’esprit. J’avais parié quelques centaines de dollars sur une victoire de Deontay Wilder face à Tyson Fury. J’avais parié sur certains rounds spécifiques et j’ai presque gagné de l’argent. Mais quand j’avais parié sur leur premier combat, ce dernier s’était terminé sur un nul. Donc pour les gens qui avaient parié Wilder comme pour ceux qui avaient parié Fury, tout cet argent est revenu aux sociétés de paris. Et je me suis dit que les athlètes n’avaient rien touché là-dessus alors que des millions de dollars avaient sans doute été joués. Je ne dis pas que les gens qui parient sur moi devraient me donner de l’argent s’ils gagnent mais cela pourrait être le cas pour les sociétés qui organisent les paris. Si un certain montant est parié sur un combattant, il n’en voit jamais la couleur. Ça me rappelle les impôts. J’étais pauvre dans ma jeunesse mais maintenant que j’ai travaillé dur pour gagner de l’argent, je dois donner une partie de cet argent pour mon succès. Mais si j’étais restée pauvre, je n’aurais pas à en payer. On doit payer des impôts pour avoir travaillé dur!

https://twitter.com/LexaB Alexandre Herbinet Journaliste RMC Sport