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UFC 301: le Jaguar William Gomis de retour contre un chien fou

Fort de ses trois victoires en trois combats depuis son arrivée à l'UFC, le Français William Gomis revient dans l'octogone dans la nuit de samedi à dimanche (à partir de 2h sur RMC Sport 2) pour un duel chez les -66kg face au survolté Brésilien Jean Silva, lors de l'UFC 301 à Rio de Janeiro. Avec l'objectif de se rapprocher du top 15 et, si la situation le lui permet, de lâcher les chevaux.

Un bras levé, un petit sourire… et une pluie de sifflets. Voilà sur quoi on avait quitté William Gomis le 2 septembre dernier lors de l’UFC Paris. Ce soir-là, le "Jaguar" signait face au Français Yanis Ghemmouri sa troisième victoire de suite à l’UFC, mais sortait de la cage un brin frustré, malgré une performance individuelle très solide. Frustré d’avoir vu son combat se terminer sur un quiproquo – arrêt de l’arbitre alors que Ghemmouri se plaignait d’un coup à la coquille –, frustré d’avoir dû affronter un compatriote devant le public parisien, alors que comme il le dit dans un sourire, lui préfère "taper des étrangers".

Cette fois, le vœu de William Gomis (13V, 2D) va être exaucé. Avec au passage un changement de décor et de fuseau horaire. Huit mois après Bercy, et alors qu’il devait initialement combattre en février avant d’être freiné par une blessure au dos, le guerrier français de 26 ans va faire son retour dans la nuit de samedi à dimanche (à partir de 2h sur RMC Sport 2) dans la bouillante Farmasi Arena de Rio de Janeiro, lors du prestigieux UFC 301.

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"L’objectif, c’est le top 15"

Programmé sur la carte préliminaire, le Jaguar y défiera, toujours dans la catégorie des -66kg (poids plumes) du champion Ilia Topuria, le local Jean Silva (27 ans, 12V, 2D). Un combattant passé par les Dana White's Contender Series et encore méconnu du grand public car entré à l’UFC en janvier 2024, mais un sacré client, en témoignent ses neuf victoires de suite… dont huit au premier round.

"C’est un adversaire puissant, qui met des KO, qui frappe très fort, qui avance, et qui est un peu fou", glisse Gomis. Un peu, voire pas mal: le Brésilien, avant ou après ses victoires, a pris l’habitude… d’aboyer dans la cage.

"Mais cette fois il ne va pas aboyer", prévient notre Français, qui a bien l’intention de débarquer à Rio avec sa muselière, et qui s'est déjà offert un face-à-face improvisé à l'hôtel en croisant son futur adversaire.

Silva face à Gomis, c’est donc le chien fou face au discret félin. Une opposition de styles, un peu, mais surtout d’attitudes. Là où le Brésilien aime harceler ses adversaires, se jeter dans la bagarre dès les premières secondes pour viser la finition express, le Français s’est montré plus patient, plus en gestion, lors de ses trois premiers combats à l’UFC. Si la victoire contre Ghemmouri a officiellement été comptabilisée en TKO, celles contre Francis Marshall (avril 2023) et Jarno Errens (septembre 2022) l’ont été à la décision.

Un axe de progression pour le Jaguar? "Je sais que le public français attend encore beaucoup de moi, ils veulent des combats explosifs, spectaculaires, c’est ce que je vais essayer de leur offrir", convient William Gomis. Déjà renouvelé par l’UFC, avec une jolie revalorisation à la clé, le pensionnaire de la MMA Factory n’a pas la pression du combattant en fin de contrat. Mais il vise haut: "L’objectif, c’est le top 15", martèle-t-il, "peut-être dans deux-trois combats". Et Gomis a conscience que pour cela, les victoires comptent, mais la manière aussi. Comme a pu le faire un Benoît Saint Denis? "Il faut trouver un juste milieu", observe-t-il. "Les KO, c’est quelque chose qu’il faut pour accélérer ma montée, maintenant je veux gagner mes combats, je ne veux pas rentrer dans une guerre, un pile ou face où chacun des deux peut tomber. Ce que je veux, c’est mettre de beaux KO, bien calculés. Taper dans le mille, faire des combats sans faute."

Un discours réfléchi, à l’image du personnage. Posé, discret, et pas encore hyper exposé. Une force, selon lui. "Les gens ne sont pas encore sur moi à 100%, je peux en profiter pour faire ce que je veux. Je peux combattre comme je veux", estime Gomis. "Je n'ai pas encore une base de 200.000 abonnés qui vont être tous déçus si je perds. C'est différent. Il y a moins de personnes sur moi, je peux être libre, me construire sans pression."

Épisode 256 : UFC : William Gomis, la passe de quatre ?
Épisode 256 : UFC : William Gomis, la passe de quatre ?
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Jean Silva, un danger... ou une victime idéale?

Ancien champion de sanda, une boxe chinoise pieds-poings avec projections, William Gomis - invaincu depuis 2016 - sait pourtant qu’il a en lui la puissance et la technique pour faire lever les foules, pour terminer ses combats avant la décision, comme il l’a fait à de multiples reprises avant son arrivée dans la plus célèbre des organisations de MMA. Il estime aussi que Jean Silva, malgré son excellente dynamique, est la victime idéale pour cela. "Quand tu mets des KO, c’est que tu prends des risques, donc tu peux en recevoir", analyse le Jaguar. "Je vais faire en sorte de le cueillir." Lui, et tout le peuple carioca par la même occasion.

"J’ai hâte d’y être parce qu’au final, il n’y aura que lui et moi dans la cage, je sais que le public va crier ‘William à mort’, mais je serai prêt", poursuit-il, pas franchement stressé.

Il faut dire que le neveu de Grégory Babène, pionnier du MMA hexagonal (et encore combattant au Bellator à 40 ans), en a vu d’autres. Pendant des mois et des mois, Gomis a dû affronter au quotidien un adversaire bien plus sournois: la myasthénie. Une maladie neuromusculaire de la zone oculaire, particulièrement handicapante. "Un œil ne pouvait plus bouger, et de temps en temps une paupière se fermait", décrit-il. "Quand je suis arrivé à l’UFC, je n’avais qu’un œil. Avec un œil, la boxe change, et forcément on est plus sur la retenue, c’est plus compliqué. (…) J’ai trainé ça pendant deux ans en essayant de ne rien montrer, mais c’était difficile, parfois je me réveillais et je ne pouvais pas aller à l’entraînement parce que j’avais un œil qui ne s’ouvrait pas. C’était une période sombre, des fois je perdais espoir, mais c’est aussi une période qui m’a été utile." Enfin soulagé par un "bon traitement", Gomis explique aujourd’hui voir bien plus clairement, et être opérationnel. De quoi lui permettre de lâcher les chevaux, de passer dans une autre dimension. Pour que cette fois, le monde entier ouvre à son tour les yeux.

Clément Chaillou avec A.H.