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Comment se préparer à l'Ultra Trail du Mont Blanc quand on n'a que le bois de Vincennes sous la main

A 45 ans et avec quelques courses sur longue distance à son actif, Guillaume s’apprête à disputer son premier Ultra Trail du Mont Blanc. 171 kilomètres et 10.000 mètres de dénivelé l’attendent. Et pour préparer cette course mythique, ce médecin militaire s’est entraîné au Bois de Vincennes à Paris.

"Allez go!" montre à la main, Guillaume démarre son parcours. Il entame directement par une montée goudronnée au milieu des arbres du bois de Vincennes. "Cette côte doit faire une quinzaine de mètres", détaille le Parisien. Parce que l’objectif de ses entraînements c’est de "faire un bon millier de dénivelé en une matinée".

Pas simple quand on vit à Paris. Il faut ratisser tous les coins du Bois de Vincennes pour trouver les meilleurs endroits où des pentes sont praticables. "Faut chercher la meilleure combinaison de côtes, celles que l’on peut enchaîner le plus rapidement possible et avec le plus de pente possible. Au bout de trois, quatre sorties j’avais dessiné un parcours type pour optimiser tout ça", explique le coureur auprès de RMC Sport. Et son parcours, il l’a maintenant bien en tête. "J’ai commencé à me préparer sérieusement à l’UTMB en janvier dernier".

Depuis, il répète chaque semaine, le même itinéraire. "Par heure ça va être une dizaine de fois chaque côte. Du coup, pendant une séance de cinq heures, ça va faire une cinquantaine de fois chacune, donc c’est vrai que c’est un petit peu long. Mais finalement ça passe", sourit Guillaume. Il fait sa dernière séance au bois de Vincennes avant de prendre la route pour Chamonix, là où l’UTMB s’élancera.

Après un peu de course sur du plat, le médecin militaire à l’institut biomédicale des armées, entame la partie la plus intense. "C’est la côte la plus raide du petit parcours. Ce n’est pas énorme, elle fait environ huit/dix mètres. C’est toujours ça de gagner." Il court dans la terre. Il reste attentif à ses appuis en la redescendant, ne pas s’abimer avant le grand événement au Mont Blanc. "Je pense que c’est plus à risque ici qu’à l’UTMB. C’est ça qui est rassurant, on s'entraîne un peu plus dur mais à la fin à priori on sera plus à l’aise."

"J’ai appris à aimer ces entraînements"

Guillaume regarde régulièrement sa montre pour voir les mètres grimper. "38 mètres en quatre/cinq minutes. Ce n’est pas mal". Pourtant c’est bien loin des 10 000 mètres de dénivelé qui l’attendent à l’UTMB. Pour compenser ce manque d’altitude, Guillaume a passé quelques week-ends à la montagne pour faire des sorties longues avec des milliers de mètres de dénivelé. Le reste du temps, le bois de Vincennes est son terrain de jeu. Son entraîneur Eric était d’ailleurs dubitatif à l’idée de voir son poulain s'entraîner là-bas.

"Mon coach pensait que ce n’était pas hyper raisonnable de chercher à faire du dénivelé à Vincennes, qu’il valait mieux aller ailleurs. Mais finalement je l’ai convaincu que c’était possible. A condition de bien optimiser son parcours." Mais il faut aimer, plus que tout, la course et être résistant à la monotonie: "à la fin de la séance, au bout de 2h30 à monter les mêmes côtes c’est vrai qu’il vient comme une forme de lassitude." Et l’autre contrainte? "On doit s’y prendre aussi tôt le matin, voire très tôt pour enchaîner avec une journée de travail. Je me lève vers 4h30/5h. Je fais deux heures d'entraînement. Et puis j’arrive au travail vers 8 heures." Des journées millimétrées. Est-ce qu’il en a eu marre? "Oui. Mais ces entraînements j’ai appris à les aimer. Et on se dit que l’on profitera encore plus à Chamonix et que l’on s'entraîne dur pour prendre du plaisir ensuite", rigole-t-il.

Guillaume se prépare à l'Ultra Trail du Mont Blanc
Guillaume se prépare à l'Ultra Trail du Mont Blanc © DR RMC Sport

"Finir en moins de 42 heures"

Justement le plaisir, il l’attend avec impatience. L’Ultra Trail du Mont Blanc, c’est la course référence en France et dans le monde pour les ultra traileurs. Guillaume prendra le départ avec les amateurs mais pourra se confronter au tout meilleurs, aux légendes de la discipline: "C’est la course la plus mythique du trail. La plus connue. Il n’y en a pas 36 autres des comme ça. Elle est aussi en France. Y a les meilleurs qui se présentent. On peut jouer avec eux c’est ça qui est aussi cool. Celle-ci est un must to do."

171 kilomètres à travers trois pays, la France, l’Italie et la Suisse. Des paysages à couper le souffle, des levers et couchers de soleil au sommet des montagnes. Tout ça en se donnant physiquement et mentalement. "Il ne faut pas être fou pour faire cette course parce qu’il faut quand même y réfléchir longtemps à l’avance. Faut planifier plein de choses, faut avoir une belle logistique. Donc faut pas être complètement fou, faut être conscient du fait que c’est difficile mais que si on s'entraîne bien, ça va être une belle chose."

Et on ne peut pas faire ce type de course sans se fixer d’objectif. "J’aimerais finir avant dimanche midi, soit en mois de 42 heures".

42 heures de course, deux nuits blanches. Tout en prenant en compte les intempéries, des orages sont prévus pour la première nuit et aussi son état de forme, comment l’organisme répondra à tant d'efforts. A quelques heures du départ, le précieux sésame est entre ses mains: "Ça y est j’ai le permis de courir, le dossard, le voilà !", lâche-t-il grand sourire. Il portera le numéro 2471. Les affaires sont presque prêtes, la balise GPS a été attachée à son sac. Les jambes frétillent. "Je suis impatient d’en profiter". Au départ de Chamonix, ils seront 2300 coureurs venus du monde entier.

Léna Marjak