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UTMB – Mathieu Blanchard: "Pourquoi pas tenter d’aller titiller la barre des 21 heures"

Mathieu Blanchard

Mathieu Blanchard - RMC SPORT

Depuis sa troisième place l’an dernier à l’Ultra Trail du Mont-Blanc, Mathieu Blanchard, 34 ans, ancien candidat de Koh Lanta, est devenu un véritable outsider. Cette année, il compte se rapprocher des 21 heures de course et rêverait de revivre de telles émotions à l’arrivée dans les rues de Chamonix.

Une troisième place l’an dernier à l’UTMB, quels souvenirs gardez-vous?

J’avais réussi à me mettre dans un état de transcendance, un état second, avec un blackout sur la course. Je n’ai pas énormément de souvenirs. Là où je me réveille c’est dans les ravitaillements assistés où je vais avoir mon assistance qui va venir me réconforter. L’autre gros souvenir forcément c’est cette fameuse troisième place. J’arrive très proche du premier donc on a encore toute la foule qui est amassée sur ce dernier kilomètre dans les rues de Chamonix. C’est assez incroyable. C’est tellement puissant que finalement ça fait presque un choc émotionnel qui fait que le cerveau oublie et aujourd’hui j’en ai un souvenir un petit peu flou en fait. J’avais l’impression d’être sur un nuage. En tant qu’humain, la première fois, on n’est pas prêt à vivre de telles émotions, de telles énergies, de telles interactions humaines. Je ne fais pas le Tour de France à arriver tous les jours comme ça. C’est très puissant.

Quand on a vécu ça une fois, on a envie que ça se reproduise ?

Je me demande si on prend l’habitude de ça. Moi mon sport c’est un sport de passion. Je m’épanouis à fond là-dedans. C’est le plaisir que j’ai de visiter de nouvelles montagnes. Alors, maintenant si je me mets la finalité de faire un podium coûte que coûte et que je ne le fais pas et que derrière je suis déçu, je trouverais ça dommage. Le podium est un gros objectif mais peu importe la fin de la course ça sera une très belle chose d’avoir accompli quand même 170 km, 10.000 m de dénivelés positif et négatif. Et d’atteindre cette ligne d’arrivée après tout ça.

Il y a quand même un objectif en terme d’horaire ?

Oui parce qu’il faut quand même se chronométrer sur ce type d’épreuve. Il y a des courses courtes où c’est très simple en terme d’intensité. On part à fond et ça tient jusqu’au bout. Sur celle-là, il faut un peu se retenir en début de course. Et moi la technique que j’ai trouvé c’est de me mettre des temps de passage sur des ravitaillements qui me permettent de viser un temps final. Mais ça reste quand même dépendant de la météo. Est-ce qu’il va pleuvoir et on va avoir de la boue et dans les descentes on ne va pas pouvoir aller vite parce qu’on va glisser ? Est-ce qu’on aura super chaud et donc ralentir ? Ou très froid et donc s’habiller et se recroqueviller ? Il y a trop de paramètres dans notre sport c’est ça qui est beau. Mais ce qui est sûr c’est que je ne veux pas faire le chien fou à partir devant sans me ménager et me contrôler un petit peu.

Quel horaire visez-vous ?

J’ai fait 21h12 l’an dernier, je me sens plus en forme aujourd’hui, alors pourquoi pas tenter d’aller titiller la barre des 21 heures. A condition que le parcours soit à l’identique et que les conditions météo soient proches de l’an dernier c’est-à-dire des conditions idéales, pas trop chaud pas trop froid.

Comment vous sentez-vous ?

Les jambes je les ai bien préparées cette année plus que l’année dernière. J’ai fait des volumes plus gros, de belles séances d’intensité. Sur le papier quand on s’est bien entrainé, qu’on se sent mieux, on est censé courir plus vite. Mais encore une fois y a plein de paramètres, est ce que le ventre va passer ? Est-ce que la tête va être ok d’accepter cet effort-là ?. Est-ce que nerveusement je suis assez reposé ? Mais la passion, l’envie sont là. L’énergie aussi, je vais tout donner.

Quand on voit tous les efforts que cette course demande, faut-il être fou pour faire ça ?

Je ne crois pas. Il faut être passionné. Moi je n’ai jamais pas eu envie de ne pas le faire. En fait ça me fait plaisir. C’est sûr que ça peut paraitre un peu étrange dans une société relativement sédentaire, pour qui se lever à 5 heures du matin pour aller courir n’est pas normal. Je ne vais jamais m’entrainer par dépit. Et on est capable de courir 20/25 heures sans trop souffrir. Si on reste assez humble par rapport à ses objectifs et qu’on ne se met pas dans le rouge, on peut faire une course pleine sans trop souffrir et prendre beaucoup de plaisir. C’est possible et ce n’est pas fou.

L’UTMB pour vous, ça représente quoi ?

Pour moi c’est un grand rendez-vous. Humainement c’est très puissant. Il y a aucun évènement d’ultra trail qui rassemble autant de personne, de diversité. Ce qui est fou à l’UTMB c’est qu’on va revoir un copain, qu’on a rencontré à l’étranger. Tout le monde est là pratiquement. L’aspect humain dans notre sport est important. C’est une grande famille. Pour être capable de se donner autant pour un sport faut y être dédié, et ça ça rassemble. Le lien le plus fort est entre les coureurs parce qu’ils se comprennent, ils vivent la même chose. Ça crée des liens très forts.

Quelle sera votre stratégie de course ?

L’an dernier j’ai gardé un certain contrôle jusqu’à la mi-course, jusqu’à Courmayeur, et ensuite je suis entré dans un degré d’inconfort. Ça avait bien fonctionné, j’ai réussi à bien accélérer après jusqu’à Chamonix et tenir le rythme que je m’étais imposé. Je pense appliquer une stratégie similaire. En étant un peu plus ambitieux dans la première partie de course pour aller grapiller quelques minutes sur le temps final.

Par Lena Marjak