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Mauresmo : « Entrainer les joueurs français, pourquoi pas ? »

Amélie Mauresmo

Amélie Mauresmo - AFP

Invitée ce lundi du Tony Parker Show, Amélie Mauresmo est revenue sur la qualification en demi-finale de l’équipe de France de Fed Cup. La Capitaine des filles n’exclut, pas un jour, d’entraîner les joueurs français. A condition d’avoir un projet intéressant entre les mains.

Amélie Mauresmo, vous devez avoir encore beaucoup d’émotions après la superbe victoire de l’équipe de France en Fed Cup ?

Oui, énormément d’émotions. Franchement, chapeau aux filles ! Honnêtement, on était mal embarqué dans cette histoire et elles ont su réagir en championnes. Le dernier jour, Kristina (Mladenovic, ndlr) et Caroline (Garcia, ndlr) nous ont fait un festival, en simple, en double. C’est une grande fierté car c’est la première fois que ça arrivait dans l’histoire de cette équipe de France. Je suis une capitaine heureuse.

Vous étiez menées 2-0. Qu’est-ce que vous leur avez dit pour les motiver ?

L’idée, c’était de leur dire qu’on allait essayer de prendre les points après les autres, de grappiller au fur et à mesure, de ne pas se projeter sur l’avenir mais seulement sur le futur proche. Elles ont joué le jeu. Il faut un peu de réussite aussi mais ça a fonctionné en tout cas. Elles sont allées chercher la victoire d’une façon vraiment exemplaire.

Et vous, vous y avez cru ?

C’était dur le samedi après les deux défaites. On prend un petit coup sur la tête quand même. Derrière, je me suis remobilisée, moi d’abord, pour envoyer le bon message à toute l’équipe et aux joueuses également. Ça s’est fait assez rapidement, même s’il y a eu un petit coup de mou.

Qu’est-ce qui vous a poussé à remplacer Alizé Cornet par Kristina Mladenovic ?

Je voyais d’abord quelque chose sur le plan tactique. En termes de puissance de frappe, de percussion, Kristina est un petit peu au-dessus d’Alizé. L’idée, c’était aussi de pouvoir dire à chacune ‘’voilà, vous avez eu votre chance de vous exprimer, votre chance de ramener un point à cette équipe de France’’… et de faire tourner un peu l’effectif. C’est ce que j’avais en tête. J’ai beaucoup entendu que c’était un coup de poker. Mais il y avait vraiment des raisons tactiques et techniques derrière ça.

Qu’est-ce qui est le plus frustrant aujourd’hui pour vous : être capitaine d’une équipe ou entraineur d’un joueur (Andy Murray, ndlr) ?

Ce que je trouve frustrant pendant les matches, c’est d’être coach. On n’a aucun impact, on ne peut pas intervenir. On est dans les gradins à regarder et on n’a aucune communication possible avec le joueur. En revanche, au moins, être Capitaine permet, à chaque changement de côté, de dire ‘’fais attention à ça, fais plutôt ceci, garde le cap là-dessus’’ et éventuellement gérer aussi les émotions qui peuvent arriver. C’est vrai que de ce côté-là, je me sens dans un rôle plus important pendant la compétition en tant que capitaine.

Pourquoi certains joueurs préfèrent aller chercher des coaches à l’étranger et ne pensent pas à une femme ?

C’est assez difficile pour moi de répondre à cette question. Je crois que – je ne sais pas si c’est une question de culture en général ou de culture dans le tennis – pour un athlète masculin, c’est difficile dans sa tête de faire appel à une femme. Ils se disent de toute façon qu’ils jouent mieux et donc qu’il y a une différence de niveau totalement logique. A part ça, je ne vois vraiment pas d’autres explications. Je pense que c’est dû au côté macho du sport et du joueur de tennis en général.

Entrainer les joueurs français, cela vous plairait ?

Pourquoi pas ? Ça dépend dans quelles conditions on vient me voir et quel projet on me présente. Pour faire le parallèle, Andy Murray m’a clairement dit ‘’mon objectif est de regagner un titre du Grand Chelem, voilà ce que tu peux m’apporter, voilà ce sur quoi j’aimerais travailler’’. Après, on a aussi partagé mon point de vue et on a échangé. On avait la même vision des choses.

Les regards sur vous ont-ils changé depuis la finale de l’Open d’Australie ?

Complètement. Quand je suis arrivée aux côtés d’Andy Murray, en juin dernier, sans avoir rien fait, j’étais critiquée, alors qu’il n’y avait aucun résultat et que l’on n’avait pas encore commencé à travailler ensemble. Il avait juste fait l’annonce et ça n’allait pas. Quelque chose qui ne serait jamais arrivée avec un homme. Il a fallu cette finale à l’Open d’Australie pour avoir une crédibilité. Il faut faire plus qu’un coach homme pour avoir une forme de reconnaissance. C’est le cas aujourd’hui. J’espère que dans quelques années, on n’aura plus ces discussions-là et que ce seront les compétences qui seront reconnues… ou pas. Coaches hommes ou femmes, il y a des bons et des moins bons. Je crois que sur la vision du jeu, homme ou femme, c’est pareil. »

la rédaction