RMC Sport
EXCLU RMC SPORT

Le secret de ses succès, Federer et Nadal, son lien avec Paris... L'interview intégrale de Djokovic dans Bartoli Time

Novak Djokovic, détenteur du record de six titres à Bercy, s’apprête à débuter le Masters 1000 parisien en compagnie de Rafael Nadal et du n°1 mondial Carlos Alcaraz. Le Serbe a néanmoins pris le temps d’évoquer sa saison bouleversée en exclusivité sur RMC, ce dimanche soir dans l’émission Bartoli Time, avant d’entamer la dernière ligne droite avec un appétit aiguisé

Novak Djokovic, votre septième à Wimbledon, votre 21e titre du Grand Chelem, comment l’avez-vous vécu ?

Pour différentes raisons, la victoire de Wimbledon est arrivée à un moment très important de ma carrière. C'était le tournoi de mes rêves. Quand j’étais jeune, je rêvais de gagner ce tournoi, c’est le plus grand tournoi de notre sport. C’est le seul tournoi qui est parvenu à maintenir cette tradition et cette culture du tennis à l’ère moderne qui fait la part belle aux sponsors. Sur le court central, tu regardes uniquement les joueurs et les balles, c’est vraiment très spécial. Après ce tournoi, j’ai trouvé mon équilibre mentalement. Cette année a été très éprouvante sur le plan mental, j’ai affronté de nombreuses difficultés à l’extérieur du court. Cela avait affecté mon tennis. Après Wimbledon, je me suis senti beaucoup mieux sur le court. J’ai trouvé le niveau que je cherchais. Le niveau était très élevé sur les deux derniers tournois que j’ai joués, à Tel Aviv et à Astana.

>>> Tous les podcasts de Bartoli Time

Quand on a autant gagné, qu’est-ce qui motive au quotidien, vous donne chaque jour l’envie de reproduire autant d’efforts ?

C’est une excellente question. Il faut consentir énormément de sacrifices et être entièrement dévoué à son sport pour maintenir ce niveau. La vie d’un joueur de tennis n’est pas facile car tu es tout le temps dans l’avion, les hôtels, jamais chez toi. Avec les enfants, c’est encore plus difficile. Comme tout le monde, il y a des jours où je ne me sens pas très motivé avec une raquette entre les mains, à l’idée de produire un maximum d’efforts. Mais voilà, je cherche tous les jours de l’inspiration, à améliorer mon jeu, c’est ce qui me pousse encore à jouer encore sur le circuit professionnel après 20 ans. Ensuite, j’ai cette ambition de gagner les plus grands titres et de marquer l’histoire de notre sport. Je suis content et très honoré d’être en position de marquer l’histoire de notre sport à cette époque si particulière, c’est peut-être la plus grande motivation.

A Turin, à l’occasion du Masters, vous pouvez égaler le record de Roger Federer, cela fait-il partie de vos ambitions ?

C’est l’une de mes plus grandes ambitions, mais dans deux semaines. Pour l’instant, je suis ici à Bercy. C’est l’un des plus grands tournois sur le circuit ATP. J’ai beaucoup de respect pour ce tournoi et beaucoup de sensations positives quand je reviens ici à Bercy. Je me sens en confiance. Je ne peux pas trop penser à Turin pour le moment, j’ai encore le temps. J’ai l’habitude de rester focalisé sur l’instant présent. C’est important pour moi.

Qu’appréciez-vous tout particulièrement ici à Bercy ?

J’aime les conditions ici, j’aime la ville. Vous avez Roland-Garros et Bercy à Paris, la ville est empreinte de cette culture du tennis. Le public regarde et apprécie le tennis à Paris, et même en France de manière générale. Je sens cette énergie, cela me donne encore plus de motivation sur le court. Le tournoi est aussi programmé sur les dernières semaines de compétition de la saison, et je veux bien finir. C’est l’un de mes tournois favoris.

"La discussion autour du GOAT ? Je laisse cela aux autres"

Vous arrivez toujours aussi bien préparé sur les tournois, quel est votre secret ?

On a tous des choix à faire quotidiennement, si tu veux dédier ta vie à quelque chose en particulier, tu lui donnes la priorité et tu fais les sacrifices nécessaires. Ce sport n’est pas un travail, c’est une passion, j’aime le tennis. Mon fils Stefan, qui a huit ans, joue tous les jours au tennis. Il est très intéressé par le tennis, me demande tous les jours de jouer avec lui. C’est une nouvelle motivation pour moi, que je n’avais pas avant. Je cherche tous les jours quelque chose de nouveau qui me donne cette motivation supplémentaire, qui me pousse à continuer.

Quelle est la finale qui vous a le plus marqué ?

Physiquement, la finale contre Nadal en 2012, à l’Open d’Australie, et mentalement contre celle contre Federer à Wimbledon en 2019, deux finales qui sont très spéciales mais pour des raisons différentes.

Vous arrive-t-il de rêver de ces matches-là ?

Particulièrement cette finale contre Roger à Wimbledon, avec ces deux balles de match que je sauve. Il y avait 40-15. Je me souviens avoir anticipé son service pour couvrir le service extérieur, et il a servi sur le T. Je pensais que c’était fini, mais il y a eu un let. Un peu de chance est parfois nécessaire.

Pouvez-vous nous décrire ce moment, intense en émotion, partagé avec Rafael Nadal et Roger Federer pour la retraite de ce dernier ?

C’était un moment spécial, unique. Tout ce qu’il a fait sur le court et en dehors du court, c’est incroyable. J’ai beaucoup de respect pour lui. Évidemment que sur le court, il a surtout été un rival, un adversaire, je suis professionnel, j’ai envie de gagner le match. Mais ce soir-là, la rivalité est passée au second plan. C’est quelque chose à vivre une fois dans sa vie. Merci Roger, merci pour tout ce que tu as fait pour notre sport. Avec Nadal, notre rivalité est toujours vivace, ce moment n’est pas encore arrivé, ni pour lui ni pour moi. J’espère qu’un jour je pourrais partir comme Roger, c’était vraiment un beau moment.

En voyant Roger Federer prendre sa retraite, avez-vous pensé à la vôtre ?

Sincèrement, je ne pense pas encore à la retraite, concrètement en tout cas. Lors de la Laver Cup, j’ai surtout pensé au fait d’avoir mon plus grand rival sur le court quand je prendrai ma retraite, ça m’a donné des idées. J’espère connaître cette belle émotion. Après, quand viendra ce moment, je ne sais pas. Le plus tard possible. Je me sens bien sur le court, j’ai encore gagné en Grand Chelem cette année, il n'est pas encore temps de penser à la retraite.

Qui est le GOAT (ndlr, plus grand joueur de l’histoire), vous ?

On a beaucoup de facteurs à prendre en compte dans cette discussion du GOAT, je laisse cela aux autres, mais comme je l'ai dit je suis très motivé à l’idée de marquer l’histoire de ce sport.

Bartoli Time