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Tennis: fac US, éclosion tardive... qui est le nouveau n°1 français, Arthur Rinderknech

Solidement ancré dans le top 100, le nouveau n°1 français Arthur Rinderknech est relativement jeune sur le circuit professionnel, qu’il n’a découvert qu’à l’âge de 23 ans. Avant cela, il a passé quatre années dans une université aux Etats-Unis, loin des tumultes qui rythment sa nouvelle vie.

Point de triomphalisme dans le discours d’Arthur Rinderknech, nouveau n°1 français au classement ATP cette semaine. A l’en croire, il serait presque arrivé là par hasard. Certes, le natif de Gassin, dans le Var, ressent "beaucoup de fierté", mais il tient aussi à relativiser, en toute humilité, la portée de cette performance: "Gaël n’a pas beaucoup joué cette année", rappelle-t-il à RMC. En attendant l’avènement d’une nouvelle génération dorée du tennis français, Arthur Rinderknech fait partie de ces nouvelles têtes qui ont émergé ces dernières années, avec Benjamin Bonzi, Ugo Humbert, ou encore Hugo Gaston.

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Tombé dans la marmite du tennis étant petit, ce fils d'une ancienne joueuse pro (Virginie Paquet) et d'un père classé moins 15 s’est affirmé sur le tard, entamant sa carrière sur le circuit professionnel à seulement 23 ans. Au sortir du lycée avec un bac S en poche, Arthur Rinderknech ne se sentait pas de taille à affronter le circuit professionnel.

Il a donc emprunté des chemins détournés et pris la direction des Etats-Unis. Ce vaste territoire ne lui était pas étranger. Il l'avait exploré au fil de séjours plus ou moins répétés en famille dans sa jeunesse. Sur place, il intègre l'Université A & M au Texas. Il y passera quatre ans, le temps d’obtenir un diplôme en business et de se forger un mental. Le Français y développe des aptitudes à jouer sous pression dans des atmosphères parfois franchement hostiles.

"Quand des étudiants bourrés, potes de tes adversaires, débarquent, ils ne te soufflent pas que des gentillesses, glisse-t-il à L’Equipe en septembre 2021. Comme les six simples se disputent en même temps, si un mec gagne un point de folie sur le court voisin, toute la tribune se lève et hurle, peu importe si on est en plein échange à côté. À un moment, il y avait même une règle qui permettait de crier entre le premier et le deuxième service. À 5-6 au troisième set, 30-40 sur ton service, balle de match pour ton adversaire, quand tu rates ta première et que tout le stade gueule pour te mettre la pression, t'es plutôt tendu."

Transformé en tant que joueur, Arthur Rinderknech quitte les Etats-Unis, déterminé cette fois à tenter sa chance sur le circuit. "J'ai commencé en étant n° 4 ou 5 de mon équipe et j'étais n° 1 au bout de deux ans, explique-t-il au Parisien en 2020. Au classement US, j'étais dans les cinq meilleurs et c'est là que je me suis rendu compte que j'avais le niveau pour être au moins dans les 300 ou 400 au monde." Pourtant, à son arrivée sur le campus, il n'était pas forcément évident que le tennis professionnel tiendrait une place si importante dans sa vie.

Un jeu très agressif

"J'avais ce rêve mais je n'étais pas vraiment sûr de vouloir le réaliser." Une fois convaincu de ses aptitudes à entreprendre un tel voyage, le Français ne met pas longtemps à percer. Après son premier titre sur le circuit Challenger à Rennes en 2020, alors qu’il n’est que 328e joueur mondial, Arthur Rinderknech connaît une trajectoire linéaire. Il ne lui faudra pas beaucoup plus de temps pour intégrer le top 100 l'année dernière, et s’y stabiliser depuis autour de la 50e place mondiale, après avoir atteint son premier quart de finale et sa première demi-finale sur le circuit ATP (quart à Bastad, quart à Gstaad, demie à Kitzbühel…).

Le droitier de 27 ans joue un tennis agressif et s’appuie sur un très gros service. Mais l’étiquette de joueur indoor qui lui a été accolée ne lui convient pas. Et pour cause, ses plus grosses performances, il les a connues sur terre battue (victoire face à Jannik Sinner à Lyon en 2021, alors que l’Italien était 17e mondial) ou sur dur extérieur (succès contre Shapovalov à Doha en 2022).

L’année avait plutôt bien commencé pour Rinderknech avec une première finale sur le circuit ATP à Adélaïde 2, perdue au terme d’un joli bras de fer contre Thanasi Kokkinakis, mais l’ascension du Français a été freinée par une blessure au poignet qui l’a contraint à jeter l’éponge avant son deuxième tour à l’Open d’Australie. Tenu éloigné des courts pendant plusieurs semaines au printemps à cause de son poignet, le Français traverse une période très compliquée entre février et août 2022, mais la confiance resurgit à la faveur de l’automne.

Enfin débarrassé de cette gêne qui commençait à lui ronger l’esprit, soulagé de pouvoir développer son tennis en toute quiétude, Arthur Rinderknech retrouve un haut de niveau de performance et reste sur trois quarts de finale et une demi-finale sur le circuit ATP. De quoi lui donner confiance avant d’aborder le premier tour du Rolex Paris Masters face au Britannique Jack Draper. "Je n’ai pas d’objectifs de classement, on est plus sur des objectifs de progrès, affirme-t-il à RMC. Si mon jeu se met en place, se solidifie, les victoires viendront, c’est le cas à chaque fois."

QM