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US Open: comment Coco Gauff a remonté la pente, pour atteindre sa première finale à Flushing Meadows

Dans le dur il y a quelques mois, sortie au premier tour à Wimbledon, l'Américaine Coco Gauff est aujourd'hui sur une superbe série qui lui a permis d'atteindre la finale de l'US Open, où elle va défier ce samedi la future numéro 1 mondiale, Aryna Sabalenka. Derrière le réveil de la prodige d'Atlanta se cache notamment un homme, Brad Gilbert.

Coco Gauff a longtemps établi des records de précocité. Surdouée, elle a remporté Roland-Garros juniors à 14 ans et deux mois. Le premier match remporté sur le circuit ne tarde pas : le 21 mars 2019, à Miami. Quatre mois plus tard, elle crée la sensation à Wimbledon en dégommant son idole Venus Williams sur le Centre Court. L’Amérique a les yeux de l’amour pour cette joueuse virevoltante qui soulève son premier trophée à Linz, toujours en 2019, l’année de l’insouciance.

Mais la concurrence est vive et elle va mettre du temps à atteindre sa première finale de Chelem : sur la terre battue de Roland-Garros, l’an passé. Intraitable, Iga Swiatek ne lui laisse aucune chance. Mais les deux Grands Chelems suivants la ramènent sur terre. Notamment l’US Open 2022, où Caroline Garcia lui colle un implacable 6-3, 6-4, en quart de finale. Le ciel est alors moins bleu. Omniprésents, les parents ne sont guère patients et les coachs défilent. Les première critiques arrivent. Sa prise en coup droit est très fermée et l’empêche de gifler la balle.

Son élimination au premier tour à Wimbledon cette année – face à Sofia Kenin – agit comme un déclic. On imagine qu’en haut lieu – elle appartient à l’écurie de Tony Godsick, l’agent de Roger Federer – on commence à s’impatienter ou à se poser des questions.

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Un coach espagnol et un consultant de renom

Pour attaquer l’été américain, Coco Gauff affiche un nouveau staff: elle est accompagnée par un coach espagnol, Pere Riba, ainsi qu’un consultant de luxe : Brad Gilbert. L’ancien mentor d’Andre Agassi, 62 ans, semblait rangé des voitures. Il régalait de ses analyses sur ESPN et occupait le poste d’intervieweur les soirs de gros match à Flushing.

Mais l’homme – qui a soigné un cancer de la peau, d’où ses tenues à manches longues et un chapeau - avait encore des choses à donner. En peu de mots, il est capable de réorienter sa joueuse. Ce fut le cas en huitième de finale. Breaké d’entrée de troisième manche par Caroline Wozniacki, Coco Gauff vient poser sa serviette devant son clan. En trois phrases, Brad Gilbert coache sa joueuse. Qui alignera six jeux consécutifs (6-3, 3-6, 6-1).

Brad Gilbert – qui n’était pas le joueur le plus talentueux - est aussi connu pour avoir écrit un célèbre livre : "Winning ugly". Qu’on peut traduire par gagner de manière dégueulasse. Un principe que Coco Gauff a appliqué à merveille jeudi soir en demi-finale face à la Tchèque Karolina Muchova (6-4, 7-5). L’Américaine a en effet fini avec un différentiel négatif (13 coups gagnants pour 25 fautes directes). Preuve qu’elle sait écouter la voix de son nouveau maître. Coco Gauff a d’ailleurs des mots touchants pour son consultant de luxe.

"Il m’a offert des bonbons"

"Brad est incroyablement doué pour le repérage, dit-elle. Il connaît pratiquement tous les joueurs, probablement rien qu'en commentant, et il sait comment les jouer. Je pense que ses rapports sont assez précis. Brad n'est pas toujours en mesure d'être présent avec ses activités avec ESPN et tout le reste. Il m'a beaucoup aidé pour le jeu de jambes et ce genre de choses, pour la prise de décision. Avec Pere, je pense qu'ils travaillent bien ensemble."

Agée de seulement 19 ans, Coco Gauff craignait le choc générationnel. "Il est beaucoup plus âgé, mais il a toujours l'esprit d'un jeune de 20 ans, voire plus jeune, d'un enfant de 10 ans parfois. Il m'a offert des Jolly Ranchers (NDLR : des bonbons acidulées). Je ne sais pas si vous le saviez mais Brad Brad jouait pratiquement chaque match avec un Jolly Rancher dans la bouche. Je les prends mais je ne les mange pas. C'est un homme vraiment excentrique. Il ne dort pas. Il se réveille à 3h30 tous les matins. A Washington, il allait marcher…"

Il élaborait sûrement les tactiques. Et ça fonctionne. Depuis que ce trio a été constitué, Coco Gauff a remporté dix-sept matchs pour une seule défaite. Mais samedi, c’est Aryna Sabalenka, la future numéro 1 mondiale, qui se dresse sur sa route.

Eric Salliot, à New York