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Wimbledon: l'ancien joueur Stakhovsky, actuellement sur le front, explique comment Svitolina ravive l'Ukraine

Sergiy Stakhovsky, ancien 31e joueur mondial et célèbre pour avoir battu Roger Federer à Wimbledon en 2013, évoque le parcours de sa compatriote Elina Svitolina à Londres, depuis l’Ukraine, où il a pris les armes pour défendre son pays dans la guerre contre la Russie.

Le parcours incroyable d’Elina Svitolina à Wimbledon semble redonner de la joie à un pays qui en a terriblement besoin. Son compatriote ukrainien et ancien joueur Sergiy Stakhovsky, engagé dans la guerre contre la Russie, évoque le rôle de l’actuelle 76e mondiale, alors même que lui doit retourner au front lundi prochain. "J'espère que ce sera un lundi heureux après un samedi heureux, si Elina remporte le titre", confie-t-il au Telegraph, sur la route pour rejoindre Marioupol.

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"Il n'y a pas une personne en Ukraine qui ne suive pas son histoire, ajoute-t-il. Tous les médias s'y intéressent". Invitée par le tournoi, l’ex-numéro 3 mondiale, retombée au classement après la naissance de sa fille, disputera ce vendredi une demi-finale contre Marketa Vondrousova (n°42), deux jours après avoir sorti la numéro 1 mondiale Iga Swiatek.

"Elle apporte de la joie là où il y a du désespoir, elle apporte de l'espoir là où il y a de la misère"

"Je dirais que quelque chose a changé à l'intérieur d'Elina, poursuit Stakhovsky, dix ans après avoir signé la plus belle victoire de sa carrière au 2e tour de Wimbledon contre un certain Roger Federer. Elle comprend qu'elle a un rôle bien plus important que celui d'une simple joueuse de tennis pendant qu'elle joue. Elle apporte de la joie là où il y a du désespoir, elle apporte de l'espoir là où il y a de la misère. Elle remplit beaucoup de choses dont les Ukrainiens ont besoin en ce moment".

Les deux compatriotes sont aussi amis depuis plus de dix ans et œuvrent notamment pour l’organisation d’un tournoi junior, avec l’idée de réintroduire le sport dans des villes ravagées, via le le Svitolina & Stakhovsky Tennis Tour. "Il est également difficile de trouver des endroits où jouer, déplore l’homme de 37 ans. À Kiev, l'armée russe a complètement détruit quatre clubs de tennis. Les dégâts se chiffrent à plusieurs millions de dollars, et il ne s'agit que d'une seule ville. Dans tout mon pays, j'ai vu des centaines d'installations sportives endommagées: gymnases, terrains de basket, stades, écoles."

"Il y a des gens qui assistent à Wimbledon alors que des membres de leur famille risquent leur vie sur le front"

L’ancien n°31 mondial évoque aussi "l'histoire de la jeune fille qui a assisté par hasard au match d'Elina (contre la Biélorusse Victoria Azarenka)". "Elina a fait don de billets, mais le père de cette jeune fille était sur la ligne de front, tandis qu'elle est venue à Londres en tant que réfugiée, rappelle-t-il. Cela montre à quel point tout est lié: il y a des gens qui assistent à Wimbledon alors que des membres de leur famille risquent leur vie sur le front". Ce vendredi après-midi, Elina Svitolina sera loin d’être seule au moment de fouler le Centre Court, pour gagner le droit de disputer une première finale en Grand Chelem qui serait pleine de symbole.

JAu