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Des soupçons de triche sur le Vendée Globe, une enquête ouverte

La Fédération Française de Voile a annoncé en début de semaine l'ouverture d'une instruction pour suspicion de routage. Un skipper aurait bénéficié de l’aide d’un autre navigateur, depuis la terre, pour l’aider dans son parcours en fonction de la météo. Une assistance formellement interdite.

Sur le Vendée Globe, les règles sont claires: les skippers ont le droit de consulter la météo sur internet, mais pas de recevoir des informations venant de l’extérieur. "L’aide personnalisée c’est de la tricherie caractérisée, confirme Jacques Caraes, directeur de course sur la dernière édition. Le problème c’est que les échanges sur WhatsApp, Telegram, on n’a pas les moyens de les contrôler."

C’est en effet des captures d’écrans de messages qu’a reçues la Fédération Française de Voile ce mardi matin dans un mail anonyme. Des messages qui donnent des informations sur les conditions météos. Immédiatement, le président Jean-Luc Denechau a demandé l’ouverture d’une instruction.

"Pas comme si ta vie en dépendait"

Pour cette course en solitaire et sans assistance, les navigateurs signent une attestation sur l’honneur, seul moyen d’empêcher la triche. Car ces informations extérieures peuvent être précieuses, en donnant au navigateur un chemin à emprunter, sans avoir à analyser les différentes données.

Mais pour Anne Liardet, participante lors de l’édition 2004-2005 du Vendée Globe, tricher sur une telle course n’a pas de sens: "Je ne comprends pas la triche, tu sais que tu pars sans assistance, ce n’est pas comme si ta vie en dépendait, c’est une course, c’est toi avec ton bateau et tu fais au mieux. C’est terriblement gênant, c’est un engagement de plusieurs années, et là tu le gâches dans ta tête."

Une triche pas forcément efficace

Michel Desjoyaux, double vainqueur du Vendée Globe va même plus loin. Pour lui, il n’y a aucun intérêt à se faire aider sur cette course, car personne n’est plus apte que le skipper à analyser la météo en mer.

"Pour moi à partir du moment où vous êtes formés à vous débrouiller tout seuls, si vous vous faites aider par quelqu’un de moins compétent, ça m’arrange. La famille, l’équipe technique n’a pas à intervenir sur ces choses-là", souligne le marin breton. Déjà parce que si elle était suffisamment compétente, elle serait à votre place sur le bateau. Et elle ne doit pas perturber le chemin stratégique qu’élabore le skipper."

Une triche pas forcément efficace donc, et qui peut coûter cher. On ne connaît pas encore les skippers concernés par ces soupçons. Mais si les faits sont avérés, ils risqueraient d’être suspendus de toute compétition.

Pierre Thévenet