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Yoann Richomme (Paprec Arkea) sur The Transat CIC: "J’ai du mal à voir de grandes options météo"

Le skipper Yoann Richomme (Paprec Arkea) avant The Transat CIC, 25 avril 2024

Le skipper Yoann Richomme (Paprec Arkea) avant The Transat CIC, 25 avril 2024 - ICON Sport

Deuxième de The Transat CIC au pointage de 10h, Yoann Richomme (Paprec Arkea) navigue à 2 milles seulement de Charlie Dalin (ACIF), leader de la flotte des IMOCA, quasiment au milieu de l’Atlantique Nord. Après une journée très musclée mardi, le skipper de Lorient a un peu de temps pour plonger dans son bateau et se préparer à la grande bataille tactique qui s’annonce en vue de Terre-Neuve puis de New-York.

Yoann Richomme, la journée de mardi a été assez compliquée pour les bateaux. Comment l’avez-vous vécue?

On traversait un flux de nord assez dense avec des grains, des nuages avec des rafales violentes. C’est quand même monté à 35 nœuds. J’avais pas mal réduit la toile. Je n’avais mis que 2 ris et J3, presque notre plus petite configuration de voile. J’ai aussi pas mal rétracté les foils pour faire en sorte que le bateau ne s’envole pas. On alternait les moments de calme à 12-15 nœuds puis ça repartait à 30-35 nœuds. C’était intéressant. Le rythme de la flotte était élevé autour des 19-20 nœuds. Pour tenir ce rythme il fallait avoir le pied sur l’accélérateur. Tout seul, sans la bande de copains, je ne pense pas que j’aurais fait ça. On verra au débriefing. C’est le risque des navigations en flotte, de pousser l’accélérateur un peu loin parfois. Cela reste un super test en vue de la fin de saison.

Vous avez dit que vous vous obligiez à tester certaines configurations plus conservatrices en vue du Vendée Globe cet automne. Pourquoi alors que vous êtes en pleine course et bien placé?

Mon problème c’est que je n’ai pas trop de référence en IMOCA sur les toiles portées, particulièrement lorsqu’on est en travers par rapport au vent. Les bateaux sont très puissants, ils accélèrent beaucoup et à un moment tu as envie de les calmer. Il faut trouver la combinaison de voile et de foils qui va bien. Franchement ce n’est pas évident. C’est du boulot. J’ai l’impression d’avoir progressé. Pendant le Vendée Globe on ne peut pas imaginer tenir un rythme trop intense tout le temps. Il faut parfois accepter d’être "sous-voilé" car tu ne peux pas changer de configuration trop souvent. On est réticent à envoyer de la toile. C’est un peu une découverte pour moi. Ce bateau « sous-toilé » ça me servira pour la suite.

Quel est le plan pour la suite, avec moins de vent?

On va arriver dans une zone molle, une dorsale anticyclonique. En théorie, il n’y aurait qu’un seul empannage à faire et potentiellement trois ou quatre changements de voile. Je crois qu’on va simplifier. Après, on va tout droit, vers le centre d’une dépression pour chercher le vent fort et la bascule. Il y aurait une trentaine de nœuds de vent, des conditions que mon bateau apprécie. Ça devrait continuer à descendre au portant, comme ça, le long de la zone des cétacés. Sur les prochains jours j’ai du mal à voir de grandes options météo. Je ne vois pas la possibilité de choisir des routes très différentes. On verra ce que le groupe de concurrents au Sud va faire, ils me semblent être sur une transition très difficile et un contournement de dépression plus difficile. Peut-être que c’est moi qui me trompe. J’aime bien notre position au Nord avec Yannick Bestaven (Maître Coq) et Charlie Dalin. Là où on se situe, il y aura beaucoup moins à faire avec le petit gennaker, ce qui sera surtout des empannages, sur un rythme plus cool, toujours le bateau qui avance. J’ai un bateau plutôt taillé pour cette météo-là. Ça me va de partir là-dedans.

Propos recueillis par Morgan Maury