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Volley (F): "Saisir sa chance à l’étranger", Gicquel se confie sur son parcours

Lucille GICQUEL

Lucille GICQUEL - Icon Sport

L’Italie et la Turquie après la France. Pour sa quatrième saison, Lucille Gicquel (1m89, 26 ans) met ses qualités physiques au service des clubs du Vieux Continent. Après Théo Faure et Héléna Cazaute, la pointue de l’équipe de France féminine de volley s’est confiée sur son parcours et les JO à venir avec les Bleues à RMC Sport.

Qu’est-ce qui vous a poussé à quitter Nantes en 2020 pour l’Italie et Conegliano d’abord ?

J’avais réalisé deux bonnes saisons avec les Neptune et j’avais envie de connaître une nouvelle expérience. J’avais fait le tour de la Ligue A Féminine (LAF) et mon plan était de partir à l’étranger. Sur cette envie se greffent à ce moment-là de belles opportunités pour me frotter à un niveau plus haut que la LAF et progresser à Conegliano.

D’autres options se présentaient à vous ?

Je n’avais aucun club particulier en tête, aucune attente précise. Je ne voulais pas partir pour partir. J’avais aussi une proposition en Allemagne, une autre venue de Pologne mais si j’étais passée à côté d’une telle opportunité en Italie, j’aurais eu beaucoup de regrets. J’ai saisi ma chance de jouer à l’étranger.

Après Conegliano, vous avez signé à Cuneo à la fin de votre première saison.  

J’avais beaucoup appris en Vénétie avec de grandes volleyeuses. J’avais une seconde année en option mais j’ai préféré répondre à l’offre de Cuneo pour avoir plus de temps de jeu. Je n’ai pas réfléchi longtemps pour signer. 

Qu’avez-vous appris en Italie ? 

Le très haut niveau dans un championnat très relevé avec de très grandes joueuses. Je vivais dans un pays, une région, une ville où le volleyball est très important. J’ai connu des structures différentes et des entraîneurs qui ont une approche différente du volley. J’ai appris à me confronter au très haut niveau. 

C’est difficile ?

C’est plus difficile assurément mais cela fait progresser. Cela nous pousse à trouver de nouvelles armes armes pour s’adapter. Mon jeu a dû évoluer. J’ai pu développer une palette plus grande de mon jeu. On ré-apprend à trouver de nouveaux angles, à gérer et contrôler les ballons difficiles face à des adversaires très physiques. Je dois mieux lire le jeu, je joue plus intelligemment dans la mesure où je ne fais pas uniquement qu’attaquer. J’ai progressé dans mon fond de jeu, en défense notamment car on joue plus de rallyes (de longs échanges). J’ai trouvé d’autres solutions.

Comment gérer la pression qui est très forte ? 

En tant que joueuse professionnelle, tu es payée pour gagner. La pression a toujours fait partie de ma vie sportive. Il faut la gérer plus fortement en Italie car tu es attendue, tu es l’étrangère qui doit amener un plus à l’équipe.

Comment êtes-vous passée en Turquie, à Nilufer ? 

J’avais déjà une proposition après ma première année mais j’avais envie de rester de l’autre côté des Alpes, dans le contexte italien, dans une culture proche de la France. En fin de saison dernière,   a confirmé sa proposition et j’ai décidé de tenter ma chance après une seconde saison à Cuneo qui ne s’est pas passée comme je l’aurais souhaité: je me suis faite opérer du ménisque, le club a changé trois fois d’entraîneur, l’équipe ne marchait pas bien. J’étais prête aussi à changer d’air et de culture. 

L’adaptation est facile ? 

La vie en Turquie est totalement différente. C’est une autre culture et une langue qu’on ne comprend pas au premier abord. Les gens ne parlent pas forcément anglais et la monnaie est différente. La première semaine est dure pour trouver ses marques et ses repères mais maintenant tout va bien. C’est un pays de volley et l’engouement est fort. 

Comment se déroule ce début de saison avec le coach, Vital Heynen, que certains on connu à Tours ?

S’il a du caractère, il s’est calmé en entraînant des filles. Il connait le volley sur le bout des doigts et sait où il veut nous amener. L’équipe a beaucoup changé avec de la jeunesse et des passeuses de 21-22 ans. Les connexions sont irrégulières car la passeuse change, il n’y a pas de numéro 1. On n’a pas encore trouvé notre stabilité. Mais ça va venir, je ne doute pas.

Comment analysez-vous l’été passé de l’équipe de France ?  

Ce fût un très bel été avec l’objectif rempli de se qualifier pour la VNL. On a eu de belles émotions auxquelles se sont rajoutées un quart de finale de l’Euro contre l’Italie. Les Bleues progressent d’année en année. On se connait depuis plusieurs années maintenant, on a une stabilité et on travaille bien. C’est un groupe de copines.

Les JO 2024 à Paris, il vaut mieux ne pas y penser ? 

Non. Il faut y penser car ce sera l’aboutissement de nos 3-4 années de travail. C’est la compétition qu’on attend. C’est une chance de pouvoir jouer les JO à domicile. Forcément, on y pense. Forcément, on a déjà envie d’y être. Au-delà de la saison avec Nilufer, c’est une saison construite pour arriver dans les meilleures dispositions pour les JO. On ne s’est pas mis d’objectif précis car on sait que ce sera compliqué. On y croit et on veut montrer que les petites françaises sont capables de réaliser de belles choses, malgré les grandes nations devant nous. 

Morgan Besa