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Volley: "J’adore les challenges difficiles", les confidences de Mauricio Paes, nouveau sélectionneur de l'Iran

L’ancien coach de Tourcoing, actuellement en Ukraine, Mauricio Paes va entraîner l’équipe nationale d’Iran de volley. L’équipe de France affrontera la sélection perse le 21 juin lors de la troisième phase de la VNL. Le technicien explique son choix à RMC Sport.

Mauricio Paes, pourquoi entraîner l’Iran ?

Parce que le challenge est très difficile et j’adore ça. L’Iran est une grande nation de volley. Les premiers contacts datent du début d’année et j’ai rencontré les dirigeants de la fédération iranienne le week-end dernier à Paris.

Politiquement, c’est un choix facile ?

Je n’ai pensé qu’au challenge sportif pour cette grande nation du volley. Vraiment. Je comprends que c’est difficile pour certains de faire la part des choses. Mais je participe, à mon petit niveau, à une ouverture vers le monde.

Vous serez le head coach avec Cyril Ong qui est votre adjoint français en Ukraine ?

Oui je serai le numéro 1 mais le choix du staff n’est pas encore définitif.


Ceux qui suivent le volley se souviennent de "Marouf" (le passeur Saeid Marouflakrani) qui a affronté les Bleus à l’époque de Laurent Tillie notamment. A quoi ressemble l’équipe nationale iranienne aujourd’hui ?

L’Iran a aujourd’hui un énorme potentiel car les U21 sont champions du monde et vice-champion du monde U19 après une défaite contre les Bleuets, en août dernier. Depuis deux saisons l’équipe est plus une addition d’individualités qu’un groupe solidaire qui se bat pour un objectif commun. Mon job sera de les pousser à atteindre un objectif commun.

Et le premier objectif sera de participer aux Jeux olympiques de Paris grâce au ranking mondial ?

L’équipe est aujourd’hui 15e au classement de la FIVB. Depuis quelques années, l’Iran a perdu des places à ce ranking mondial. La qualification est difficile mais pas impossible. Mais ce sera pareil pour tout le monde. Il faudra réaliser une bonne VNL pour espérer valider un des cinq tickets restants. Ce n’est pas une mince affaire car l’Italie, l’Argentine et la Slovénie vont rafler les trois premiers tickets. Il va en rester deux. Chaque match sera une finale et il faudra être prêt mentalement, techniquement et émotionnellement pour performer. Il faudra tout optimiser, travailler nos forces et essayer de gommer nos faiblesses car nous n’aurons pas beaucoup de temps pour nous préparer, comme toutes les sélections d’ailleurs, car entre les phases finales dans tous les pays et nos débuts en VNL le 22 mai il n'y aura que quelques jours.

Certains volleyeurs iraniens évoluent à l’étranger ?

Oui, les joueurs confirmés sont à l’étranger. Le pointu Amin Esmaeilnezhad évolue à Vérone, l’attaquant Amirhossein Esfandiar est en Chine après avoir joué en Russie et en Belgique, Shafiri joue en Turquie, notre passeur Javad Karimisouchelmaei en Roumanie. J’aurai besoin de ces joueurs d’expérience pour aider ces jeunes talents à grandir sur la scène internationale. Ils vont apporter leurs qualités et la stabilité émotionnelle lors des moments clés des matchs.

Serez-vous encore coach à Epicentr-Podolyany, en Ukraine, la saison prochaine ?

Non c’est certain. Mais j’ai assuré à ma direction que mon engagement et ma détermination n’ont pas changé. Je souhaite atteindre la finale du championnat avec Epicentr (3e de la saison régulière). Le but est de gagner cette finale du championnat. Ensuite, je passerai à la maison pour embrasser tout le monde, poser mes valises et je partirai en Iran préparer la VNL.

Qu’avez-vous appris en Ukraine ?

J’ai découvert une culture et puis le sentiment de se battre, j’utilise le verbe à dessein, pour gagner un match alors que le pays est en guerre. Les gens se battent et meurent pour vivre. C’est un sentiment bizarre. Cela rend les gens à la fois plus forts et plus fragiles. On ne peut pas jouer chez nous car on évolue dans la salle de notre principal adversaire, Prometey. Une expérience enrichissante avec Cyril.

Comme vous serez le sélectionneur de l’Iran, faites-vous une croix sur le poste d’entraîneur de club la saison prochaine ?

Non pas du tout. J’ai des objectifs très précis. On est en train d’en discuter. J’ai dû refuser une proposition qui ne se goupillait pas bien avec l’Iran. Les dirigeants perses souhaitent une collaboration à long terme mais on sait que tout dépendra des résultats et des prestations de l’équipe lors de la VNL et peut-être aux Jeux olympiques. Mais je n’ai aucune idée dans quel club je serai la saison prochaine.

Propos recueillis par Morgan Besa