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Championnats de France athlé: à un an des JO 2024 de Paris, l’athlétisme français doit montrer les muscles

Ce weekend à Albi, à l’occasion des championnats de France, les athlètes français vont devoir sérieusement accélérer. Si le demi-fond et les haies portent l’athlétisme tricolore en 2023, tractés par Jimmy Gressier et Wilhem Belocian notamment, les perspectives sur les sprints individuels et les lancers ne sont pas bonnes. Aucun sprinteur ni aucune sprinteuse, du 100m au 400m, n’a réussi les minima pour les mondiaux de Budapest ou les Jeux olympiques de Paris l’été prochain. Et sans le vice-champion du monde du marteau Quentin Bigot, les lancers sont aussi en perte de vitesse. Même si le ranking mondial permettra à un certain nombre d’athlètes de se qualifier pour les échéances internationales, il serait temps de réussir les niveaux de performances requis se rassurer.

Rien ne sert de courir, il faut partir à point. Mais il serait bon malgré tout d’allonger la foulée. Ce week-end, les championnats de France se tiennent pour la cinquième fois de leur histoire à Albi, un record hors région parisienne. Alors qu’il reste désormais moins d’un an avant le rendez-vous du siècle, les Jeux olympiques de Paris 2024, l’athlétisme français ne marche que sur une jambe.

Le demi-fond, du 800 au 5000m, se porte bien et les haies, surtout chez les garçons mais aussi le 100m haies chez les filles, donne l’espoir de voir du Bleu Blanc Rouge sur le podium du Stade de France l’été prochain. Mais beaucoup de disciplines sont en déclin et notamment chez les sprinteurs en individuel, puisqu’il convient de rappeler que les relais sont mieux, notamment le 4x100m masculin, vice-champion d’Europe à Munich l’été dernier.

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Le sprint à l’arrêt, aucune française dans le top 100 mondial

Jimmy Vicaut n’a plus couru sous la barre mythique des 10 secondes depuis août 2018, une éternité évidemment pour le leader naturel du sprint français. Et malheureusement, 10’’00 est plus qu’un symbole, ce sont aussi les minima pour se qualifier aux Championnats du monde de Budapest. L’ancien recordman d’Europe en 9’’86, ne vole plus à ces altitudes. Avec 10’’06 lors du meeting de Paris cet été, Jimmy Vicaut va mieux mais il faut s’accrocher encore et la piste rapide d’Albi pourrait l’aider.

Tout comme Mouhamadou Fall, lui aussi avec une meilleure performance de la saison en 10’’06, et libéré d’une partie de ses soucis, lui qui n’a pas été condamné par l’ALFD pour des manquements de localisation, malgré un possible appel. Mickael Zeze aimerait montrer que son chrono en 9’’99 de l’été dernier en altitude à La-Chaux-de-Fonds n’est pas qu’un coup sans lendemain. Sur 200m et 400m, Ryan Zeze, Thomas Jordier ou Gilles Biron ne sont pas si loin des minima. Le constat est encore plus sévère chez les françaises, où aucune sprinteuse ne semble en mesure de titiller ces niveaux de performances requis. Sur 100m, la meilleure française se nomme Pamera Losange en 11’’28, c’est la 145ème performance mondiale en 2023… Aucune tricolore n’entre dans le top 100 sur 200 et 400m. Un désert.

Les lancers en souffrance sans la locomotive Bigot

Exceptée l’inusable Mélina Robert-Michon au lancer du disque, minima en poche pour les mondiaux mais pas pour Paris 2024, aucun des lanceurs français ne performe en 2023. A Albi, la Fédération Française peut espérer voir Alexandra Tavernier lancer le marteau au-delà des 73m60, les NPR mondiaux pour se rassurer avant Budapest. Pour le moment, la Savoyarde plafonne à 72m47 mais le moteur commence à monter en température.

Mais malheureusement, sans Quentin Bigot, vice-champion du monde du maretau 2019 qui fait l’impasse sur la saison 2023 après une opération du dos, les bonnes surprises sont illusoires ce weekend. Amanda Ngandu-Ntumba (disque et poids), Alizée Minard (javelot) ou Jordan Gueasheim (disque) dominent la scène française mais sont très loin des standards mondiaux. Le lanceur de javelot Felise Vahai Sosaia pourrait créer la sensation, dans une discipline faible historiquement en France. Avec ses 82m04 de l’été, il doit gagner encore 3m16 pour accrocher les minima.

Gressier assume son rôle de leader dans le demi-fond français

Ça c’était la jambe gauche à muscler. Mais la jambe droite est très solide sur ses appuis. Le demi-fond est en forme chez les Bleus. Sur 800m, la bagarre est toujours aussi intense avec Benjamin Robert, Gabriel Tual, Azzedine Habz et le jeune Yanis Meziane, tout frais champion d’Europe U23. Tous les quatre sous 1’44’’50. Une densité rare, seulement égalée par les Kenyans au niveau mondial.

Benjamin Robert, blessé sera malhereusement absent et Habz se concentre sur le 1500m. Chez les filles, Rénelle Lamote et Lena Kandissounon ont aussi accéléré. La bagarre, avec Agnès Raharolahy sera belle à Albi. Jimmy Gressier a travaillé sa pointe de vitesse sur 1500m et depuis il explose sur 5000m. Nouveau recordman de France en 12’56’’09 depuis sa course à Monaco, le nordiste est dans le top 15 mondial. Gressier est aussi poussé par Hugo Hay (13’02’’62 en 2023) et Yann Schrub, médaillé de bronze à Münich l’année dernière sur 10 000m. Là encore, le trio devrait animer le weekend albigeois.

Les haies point fort tricolore

C’est la discipline tricolore par excellence. Le 110m haies ne déçoit jamais. Dans la lignée de Guy Drut ou Ladji Doucouré, les français font toujours partie des meilleurs mondiaux et comme souvent, ce sera la course la plus attendue du weekend. Wilhem Belocian (13’’07), Just Kwaou-Mathey (13’’09) et Sasha Zhoya (13’’22) sont les trois favoris. Mais la lutte sera encore plus folle quand on sait que le plus illustre hurdler de la dernière décennie n’est pas encore dans son assiette. Pascal Martinot-Lagarde, 12 fois médaillé international, n’a pas fait mieux que 13’’45 cet été et fait face à un petit coup de moins bien. Mais PML n’est jamais si fort que dos au mur et pourrait embêter la jeune génération.

Sans oublier Aurel Manga, solide compétiteur depuis des années également. Le duel sur 100m haies promet enfin, entre Laeticia Bapté et Cyrena Samba-Mayela. La première n’a encore rien gagné mais a amélioré son record personnel avec un chrono de 12’’73 cet été, quand Samba-Mayela a réussi 12’’76, sans compter son expérience de double championne de France de la spécialité et surtout son titre de championne du monde en salle à l’hiver 2022. Enfin, le face-à-face Wilfried Happio/Ludvy Vaillant est aussi très séduisant, deux hommes sont le record personnel est sous les 48’’00 !

Aurélien Tiercin