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Talent inné, passion, coach célèbre... à la découverte de Melvin Raffin, pépite du triple saut tricolore

Melvin Raffin

Melvin Raffin - -

Avec un triple bond à 17,20m vendredi lors des championnats d’Europe en salle de Belgrade, Melvin Raffin (18 ans) est devenu le nouveau détenteur du record du monde junior indoor du triple saut. Co-entraîné par Teddy Tamgho, il s’annonce comme l’une des futures stars de l’athlétisme tricolore. Découverte.

Vous ne le connaissez pas encore ? C’est normal. Sa notoriété n’a pas encore percé le cercle des initiés de l’athlétisme tricolore. Mais très vite, le nom et la bouille de Melvin Raffin pourraient s’afficher en pleine page. Vendredi, sur le sautoir de Belgrade, le protégé de Teddy Tamgho et Laurence Bily, son duo d’entraîneurs, a effacé un record du monde junior en salle vieux de 32 ans.

En trois appuis, Melvin Raffin a bondi à 17,20m, dès son premier essai lors des qualifications des championnats d’Europe, auxquels il participe pour la première fois chez les seniors. Soit six centimètres de mieux que l'Allemand de l'Est, Volker Mai, qui détenait la marque de référence depuis 1985. Le jeune Melvin, 18 ans, signe également le record de France absolu (salle et plein air) de sa catégorie d’âge, jusque-là propriété de… Teddy Tamgho, auteur d’un 17,19m au même âge en plein air. Le voilà qualifié pour les championnats du monde de Londres (4 au 13 août). 

Repéré par Tamgho à 14 ans

Epaté par la perf’ de son élève, le grand Teddy (27 ans) a bondi de sa chaise sur le bord de la piste. Avant de dégonfler l’évènement. « Ça, c’est fait ! Tu prends tes pointes, on rentre à l’hôtel », a ainsi soufflé le champion du monde 2013. Tamgho, l’étoile aux ambitions trop souvent freinées par les blessures, n’est pas étranger à l’émergence du gamin de Savigny-le-Temple (Seine-et-Marne). « Quand j’ai gagné les championnats du Monde à Moscou (en 2013), on m’a demandé d’être ambassadeur d’une opération UNSS à Charléty, raconte Tamgho. Au départ, j’ai dit non puis finalement je suis venu. Et tout de suite j’ai vu Melvin. J’ai été impressionné. Dès que j’ai vu son premier appui, j’ai compris. T’as des gens qui sont nés comme ça et tant mieux pour eux. J’ai pris contact avec lui. Il avait 14 ans. Puis on l’a fait venir à Boulouris il y a deux ans (structure fédérale). »

Des cours d’EPS à l’équipe de France

Comme beaucoup de gamins, Melvin Raffin a débuté au collège, en cours d’EPS. Sa professeur remarque son potentiel hors-norme. La rencontre avec Tamgho, Boulouris… La voie vers l’équipe de France est tracée. Il en est aujourd’hui l’une des mascottes. « C’est normal, c’est le junior », s’amuse sa coach Laurence Bily. Avant de poursuivre : « Il est frais, il demande à être canalisé. Il est très à l'écoute. Il grandit, il n'est pas indiscipliné. Teddy sait ce que vit Melvin. Sur le sautoir, c'est un sprinteur. » Ancien de la maison « Bleu », Garfield Darien, son camarade de chambre à Belgrade, décrit un garçon « calme », avec qui il aime rigoler.

Fou de danse et de son sport

Si quelques années le séparent de ses coéquipiers en équipe de France, Melvin a du répondant dans certains domaines. La musique par exemple. Testé en « blind-test », le gamin ne sèche pas sur les Fugees ou 2Pac. Grand danseur de hip-hop selon ses partenaires, il suit d’ailleurs en parallèle la formation BP APT pour devenir éducateur en activités physiques et sportives, avec danse comme spécialité. Souriant, détendu, l’athlète est un vrai passionné de son sport. « Il connaît tous les athlètes, actuels et anciens, passe des heures à regarder des vieux concours, comme Tamgho au même âge », confie ainsi Laurence Bily.

Tamgho, mentor et futur rival ?

Impossible de dissocier les deux. Teddy Tamgho est l’une des plus fortes personnalités de l’athlétisme tricolore de cette dernière décennie. A 27 ans, malgré les blessures, il n’a pas renoncé à sa carrière de sportif de haut niveau. Pour l’instant, Tamgho couve. « Quand il voit les autres athlètes me prendre dans leur bras ici, qu’ils me respectent, ça lui enlève de la pression », glisse l’homme aux 18,04m. Mais il n’élude pas la possibilité de croiser Melvin Raffin en tant qu’adversaire. « Ça arrivera. Laurence s’occupera de lui, je lui ferai comprendre qu’il est encore jeune, qu’il a encore beaucoup à apprendre. Non je ne peux pas craindre un athlète que j’ai formé. Quand il bat mon record de France je le prends dans mes bras, souligne Tamgho. Encore heureux qu’il fasse mieux que moi au même âge. Je veux qu’il me dépasse. Si ce n’est pas le cas, ce sera un échec. Ça voudra dire que j’ai mal fait mon boulot. Quand je partirai, j’aimerais qu’il ramasse tout sur son passage. » Et si Melvin s’écarte du chemin qui lui est ouvert, la famille Raffin garde un atout en main, avec la petite sœur Lesly, 15 ans. Selon Tamgho : « Elle a encore plus de potentiel que Melvin ». Raffin, un nom dont on devrait décidémment entendre parler.

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S.R avec N.J