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F1: comment expliquer le naufrage d’Alpine au GP d'Azerbaïdjan ?

Ce week end, en Azerbaïdjan, Alpine a complètement sombré. Entre manque de fiabilité, performance en baisse, erreurs de pilotage et stratégies hasardeuses, l’écurie française est passée à côté. Bien loin des discours positifs de la semaine.

La semaine dernière, Alpine avait hâte. Hâte de retrouver les circuits après une pause de trois semaines et le crash de Melbourne, où les deux pilotes étaient dans les points et Gasly dans le Top 5 avant de s’accrocher. L’écurie française annonçait des améliorations sur l’A523, un nouveau plancher et une voiture bien meilleure qu’en début de saison, dans la lignée de ce qui avait été vu en Australie.

Un manque de fiabilité pesant

Si Alpine a raté son week-end en Azerbaïdjan dans les grandes largeurs, la fiabilité y est pour beaucoup. Pierre Gasly a dû stopper sa monoplace après 15 minutes lors des Essais Libres 1 car elle prenait feu à cause d’une fuite hydraulique, "une chose qui n’arrive qu’une fois" pour le directeur sportif Alan Permane. Esteban Ocon a lui aussi été limité et immobilisé lors de ces essais pour des soucis au niveau de sa boîte de vitesses.

Le format inédit du week-end, avec la suppression de la deuxième séance d’essais, n’a pas aidé les deux Français. Gasly a également dû abandonner la séance de qualification pour la course sprint à cause d’un problème d’échappement. Pour conclure ce début de week-end galère, Alpine a dû "briser" le parc fermé pour apporter des modifications sur le train arrière de la monoplace d’Ocon. Conséquence, l’Ébroïcien s’est élancé de la voie des stands lors de la course sprint (samedi) et de la course principale (dimanche). Des changements sur la voiture "essentiels" pour performer selon Ocon… Mais cela ne s’est pas vu. "Avec un roulage si limité, notamment avec quelques problèmes de fiabilité sur les deux voitures, nous avions une montagne à gravir pour le reste du week-end, assurait le patron de l’équipe, Otmar Szafnauer. Nous devons limiter ces problèmes à l’avenir et mieux commencer tous les week-ends de Grand Prix pour nous assurer de nous donner la meilleure chance possible de marquer des points." La fiabilité était déjà un problème l’année dernière, ce qui avait le don d’énerver Fernando Alonso.

La performance de la monoplace décevante

Les promesses de Melbourne se sont vite éclipsées. En Australie, Alpine avait pu rivaliser avec Ferrari et Aston Martin. Ce week-end, sur le circuit urbain de Bakou, les monoplaces bleues ont déçu. La performance n’a permis à aucun des pilotes d’espérer une remontée et finir dans les points. Pierre Gasly a fini 14ème après avoir fait un bon départ tandis qu’Ocon n’a pu faire mieux qu’une 15è place. Le rythme était correct, mais pas assez élevé pour viser un top 10. "Nous avons démontré notre rythme de course en Australie et nous avons une meilleure chance de valider notre package de mise à niveau à Miami", relativisait Otmar Szafnauer. Un discours souvent entendu depuis le début de la saison, sans que cela ne se concrétise par des points pour le moment.

Une stratégie non payante

Avec Pierre Gasly, 17e au départ, et Esteban Ocon, qui s’élançait depuis les stands, Alpine devait tenter des stratégies audacieuses pour viser les points. Pour Gasly, il a été décidé de faire deux arrêts. Le premier a eu lieu juste avant l’intervention du Safety-car, qui aurait permis à Gasly de se stopper à moindre frais.

Esteban Ocon avait lui une autre ligne à suivre. Il a fait quasiment toute la course avec le même train de pneus, espérant longtemps l’intervention de la voiture de sécurité en fin de Grand Prix pour passer aux stands sans perdre trop de temps. "Nous avons donné tout ce que nous pouvions, en adoptant la stratégie de ‘l’Ave Maria’ dans l’espoir d’une voiture de sécurité tardive ou d’un incident, expliquait-il. Mais les choses ne se sont pas passées comme nous le souhaitions."

Gasly, nouvelle erreur

Alors qu’il avait seulement roulé quinze minutes lors des essais à cause de l’incendie sur sa voiture, l’ancien pilote Alpha Tauri n’a pas passé plus de temps en piste lors de la séance de qualification pour la course principale, vendredi. Il a heurté un mur avec le côté droit de sa voiture, endommageant son aileron et son train arrière. Les mécaniciens ont eu beaucoup de travail sur la voiture n°10 ce week-end.

Le Rouennais vit des débuts compliqués au sein de sa nouvelle écurie. D’abord mal à l’aise dans sa monoplace – ce qui est normal pour un nouveau pilote -, il avait tout de même marqué les premiers points de l’équipe. Mais l’accident en Australie l’a frustré et Gasly attendait avec impatience ce week-end pour tourner la page. Il n’en a pas eu l’occasion. L’écurie continue de lui faire confiance et lui laisse encore du temps. "Nous devons nous assurer que ce genre de performance ne se répète plus. Nous avons hâte de passer à autre chose", a-t-il lâché.

Valentin Jamin